Les magistrats instructeurs « ont décidé, par ordonnance de procéder à une nouvelle mesure d’expertise médicale confiée à des médecins-experts belges », ont annoncé les avocats des gendarmes.
Les juges d’instruction chargés de l’affaire Adama Traoré, mort en 2016 après son interpellation par des gendarmes et érigé en symbole des violences policières, ont « demandé une nouvelle expertise médicale » à des médecins-experts belges, ont déclaré vendredi 10 juillet les avocats des gendarmes.
« Suite à l’audition » par les juges d’instruction le 2 juillet « du témoin chez qui Adama Traoré s’était réfugié », les magistrats instructeurs « ont décidé, par ordonnance de procéder à une nouvelle mesure d’expertise médicale confiée à des médecins belges », ont annoncé dans un communiqué Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac Kollarik, avocats des gendarmes qui n’ont pas été mis en examen dans ce dossier.
L’hyperthermie maligne supposée
« Les gendarmes se félicitent de la teneur de la mission d’expertise qui pose notamment l’hypothèse de l’hyperthermie maligne au regard d’éléments troublants qui avaient déjà été mis en exergue par eux dans le cadre des précédentes expertises judiciaires », écrivent les avocats. L’hyperthermie maligne (HM) d’effort se produit au cours ou juste après un exercice physique intense et prolongé, et associe une altération de la conscience et une hyperthermie sévère (température supérieure à 39°C).
Cette thèse de l’hyperthermie comme l’une des causes de la mort d’Adama Traoré est défendue de longue date par ces avocats des gendarmes : pour l’étayer, la défense se réfère notamment à la température de cet homme deux heures après son décès, à 39,2°C un jour de canicule, et sur le témoignage du témoin chez qui il s’est réfugié.
Un témoin-clé
D’après ces avocats, ce témoin-clé a « conforté » le 2 juillet devant les juges d’instruction son premier témoignage, en indiquant que « Adama Traoré lui avait indiqué au sol « je vais mourir » ». Me Yassine Bouzrou, l’avocat des parties civiles, avait lui affirmé que ce témoin s’était « rétracté » le 2 juillet face aux juges d’instruction.
Les conseils des gendarmes saluent « l’évocation » de ces récents éléments sur « l’état de faiblesse d’Adama Traoré à son arrivée dans l’appartement du témoin » dans les questions adressées aux médecins belges. Ils se félicitent enfin du « choix de médecins internationaux, ce qui est de nature à réduire la pression médiatique entretenue par la communication tous azimuts des parties civiles et à permettre un déroulement serein des opérations d’expertise », écrivent-ils.
Des antécédents médicaux
Le 19 juillet 2016, Adama Traoré âgé de 24 ans était décédé dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) au terme d’une course-poursuite et après avoir échappé à une première interpellation un jour de canicule.
Sept experts missionnés par la justice ont jusqu’ici mis en avant des antécédents médicaux -notamment cardiaques et génétiques – pour expliquer ce décès, dédouanant ainsi les gendarmes. Les rapports de quatre médecins choisis par la famille ont au contraire balayé ces conclusions et mis en cause les forces de l’ordre à qui ils reprochent un « plaquage ventral » aux conséquences mortelles, les gendarmes contestant avoir utilisé cette technique.
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