Douze ans après le sauvetage de General Motors et Chrysler pour éviter la mort de l’automobile américaine, les Etats-Unis s’interrogent sur la meilleure façon d’aider Boeing, un autre joyau industriel fragilisé par les déboires du 737 MAX et la pandémie de virus du PCC qui l’exposent à une offre publique d’achat (OPA).
Le constructeur aéronautique, qui fabrique l’avion présidentiel Air Force One, demande au moins 60 milliards de dollars d’aides publiques pour lui-même et sa chaîne de fournisseurs.
« Boeing est au bord du précipice », estime le milliardaire américain Bill Ackman, une des voix les plus influentes de la finance américaine. « Boeing ne pourra survivre sans un renflouement du gouvernement fédéral », a-t-il lancé mercredi sur la chaîne CNBC.
L’avionneur est à un moment charnière de son histoire, confronté à deux crises.
Il est englué dans les déboires du 737 MAX, cloué au sol depuis plus d’un an après deux accidents rapprochés ayant fait 346 morts. La facture a déjà dépassé les 18 milliards de dollars et devrait encore grimper.
La pandémie de virus de PCC a ouvert un autre front: les compagnies aériennes, qui ont dû interrompre les vols transatlantiques, ont suspendu toute livraison d’avions.
Boeing, qui n’a toujours pas suspendu la production dans ses usines, n’enregistre plus vraiment de revenus.
L’action en chute libre
L’action est en chute libre, de sorte que la capitalisation boursière a fondu à 54 milliards de dollars vendredi.
« Nous devons protéger Boeing (…) Nous devons absolument aider Boeing », a déclaré mardi le président Donald Trump.
Si, sur le principe, la Maison Blanche et le Congrès s’accordent sur la nécessité d’aider Boeing avec l’argent des contribuables, les discussions achoppent sur la forme que prendrait un tel sauvetage, car élus et experts estiment que ce sont les choix du groupe qui l’ont plongé dans le désastre.
Les divergences expliquent l’absence de l’aéronautique du paquet d’aides d’environ 1.000 milliards de dollars pour sauver l’économie américaine annoncé jeudi par les républicains du Sénat.
Plusieurs options sont sur la table
Plusieurs options sont sur la table, a indiqué Boeing, jeudi, dans un document au gendarme de la Bourse, la SEC.
Sollicité par l’AFP, l’avionneur, qui produit des avions civils et militaires, des satellites et des missiles, n’a pas élaboré.
Participation au capital
Une des hypothèses les plus discutées est une prise de participation au capital de Boeing du gouvernement fédéral.
« Les contribuables devraient avoir une part dans une entreprise en échange de leur assistance, de sorte que le grand public bénéficie de son investissement une fois que l’entreprise redeviendra stable », défend le parlementaire démocrate Earl Blumenauer.
Dépôt de bilan via le chapitre 11
Ce qui passe, selon Michel Merluzeau, expert chez Air insight Research, par un dépôt de bilan via le chapitre 11, la loi sur les faillites permettant à une société de se restructurer à l’abri de ses créanciers et de faire émerger une « nouvelle » entreprise.
Ce scénario ressemble au schéma de sauvetage de GM et Chrysler lors de la crise financière.
Outre les 17,4 milliards décaissés le 19 décembre 2008 par l’administration Bush, via l’impopulaire plan de sauvetage de la finance, connu sous l’acronyme barbare de TARP (« Troubled Assets Relief Program »), son successeur Barack Obama avait ensuite mis en place un mécanisme spécifique pour aider l’automobile américaine.
Au total, le gouvernement fédéral a injecté 81 milliards de dollars en prêts et achats de titres pour sauver Chrysler et GM.
Ce dernier, qui a fait faillite en juin 2009, avait reçu au total 50 milliards et le gouvernement fédéral était devenu le principal actionnaire du « nouveau GM » avec 61% du capital.
Cette nationalisation qui ne dit pas son nom a coûté 11,2 milliards de dollars aux contribuables, mais a permis de sauver 1,5 million d’emplois américains, selon le Center for Automotive Research.
L’Etat fédéral a par la suite vendu Chrysler à Fiat et s’est désengagé de GM en décembre 2013.
« Boeing est le deuxième fournisseur du pays en matière de défense. Quel va être l’impact d’une prise de participation sur les appels d’offre du Pentagone », s’inquiète Scott Hamilton, expert chez Leeham.
« Une prise de participation n’est pas sensée », renchérit Richard Aboulafia, chez Teal Group, ajoutant que « contrairement à Chrysler et GM, il n’y a pas de problèmes structurels » chez Boeing.
« Des prêts ou des prêts garantis sont probablement la meilleure solution », préconise-t-il.
Scission de l’entreprise en deux entités distinctes
Le gouvernement fédéral peut aussi conditionner son aide à la scission de l’entreprise en deux entités distinctes, avec d’un côté l’aviation civile et de l’autre les activités militaires, font valoir les experts.
OPA d’un concurrent
Une solution tierce est aussi plausible, spéculent les marchés: une OPA d’un concurrent, comme Northrop Grumman et Lockheed Martin.
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