Un universitaire taïwanais partage son expérience et explique la surveillance continue du Parti communiste chinois (PCC) vécue en tant qu’universitaire en Chine. Il raconte ensuite les raisons qui l’ont poussé à fuir la Chine dans une anthologie non publiée, intitulée « Vingt ans de sommeil – Se réveiller du rêve chinois ».
Wu Mingneng a étudié et travaillé en Chine pendant 20 ans, Dans une interview récente accordée à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times, il admet avoir appris une leçon difficile : ne jamais faire confiance au PCC.
À force d’avoir été constamment surveillé par le régime, M. Wu souffre désormais d’un trouble bipolaire. Après son retour à Taïwan, il a été hospitalisé pendant quatre ans et peinait à rester à flot entre petits boulots et soutien financier familial.
M. Wu souhaite avertir les autres Taïwanais de ne pas se laisser séduire par le PCC, avec des titres officiels et de l’argent, car on se retrouve immanquablement piégé par le système communiste et condamné à une terrible fin.
Étudier la culture chinoise en Chine
M. Wu a toujours eu un grand intérêt pour la culture chinoise.
Né à Taiwan, il a validé une licence et une maîtrise en chinois. Il souhaitait continuer à étudier la culture chinoise. C’est en 1994 qu’il a obtenu un doctorat en philologie classique à l’Université de Pékin.
Après avoir décroché son diplôme, il a enseigné à l’université du Sichuan, où il est devenu professeur associé au département d’histoire et directeur adjoint du centre de recherche sur la littérature de la Chine du Sud‑Ouest.
Refuser les offres du PCC, c’est offenser le régime
Pendant son séjour en Chine, M. Wu a refusé par trois fois l’offre de devenir membre de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), ce qui a déplu au gouvernement.
Il était prudent, mais il a tout de même en plusieurs occasions tenu des propos considérés comme scandaleux par le régime.
Par exemple, le secrétaire du Parti de l’académie l’a mis en garde à plusieurs reprises : « Lorsque vous proposez des conférences sur les mémoires de Tchang Kaï‑chek , vous ne pouvez pas dire des choses telles que ‘la Chine continentale est tombé et Tchang l’a cédée au Parti communiste.’ » Le PCC vante dans les manuels scolaires chinois comment il a vaincu Tchang Kaï‑chek et libéré la Chine.
Tchang Kaï‑chek a présidé le gouvernement nationaliste chinois de 1928 à 1949. Il a dirigé la guerre antijaponaise pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il a conduit le gouvernement nationaliste à Taiwan en 1949. Il est mort le 5 avril 1975 à Taipei. Les mémoires de Tchang (de 1917 à 1972) sont actuellement conservés par la Hoover Institution, un think tank américain spécialisé dans les politiques publiques.
M. Wu a cumulé les incidents de ce type. Suite à ses remarques lors d’un séminaire à Nanjing en avril 2013, il a subi la répression directe du PCC.
Une surveillance insupportable
Le séminaire de Nanjing avait pour thème le « libéralisme » tel que prôné par Hu Shih, un éminent spécialiste de la Chine moderne et ambassadeur de Chine aux États‑Unis de 1938 à 1942.
M. Wu estimait que le sujet était étroitement lié à l’économie nationale et aux moyens de subsistance des populations. Il a donc critiqué l’actualité chinoise et les fonctionnaires chinois en mentionnant soigneusement le prix des denrées alimentaires plutôt que le système de gouvernance communiste du régime.
« Les autorités ne se soucient pas de l’économie nationale et des moyens de subsistance des gens. Dans le Sichuan, le prix des côtes de porc a triplé en deux mois, tout comme les légumes et les fruits, mais les salaires n’ont pas augmenté. L’inflation a rendu la vie des gens difficile. Nous devons soulever la question en tant qu’universitaires consciencieux. Hu Shih sort de sa tour d’ivoire pour comprendre ce qui est important pour les gens lorsqu’on parle de libéralisme », a déclaré M. Wu à l’époque.
Un silence assourdissant planait sur un auditoire de marbre suite à ces remarques.
Dans l’avion qui le ramenait à Chengdu, des hommes avec un air sévère se sont assis à côté de lui, de part et d’autre.
Puis, ils ont pris l’initiative d’engager la conversation durant le vol. M. Wu a compris que ces hommes le connaissaient très bien, savaient tout de son passé. Ils lui ont dit : « Faites attention à ce que vous dites, ou vous en subirez les conséquences. »
Après son retour au Sichuan, il était surveillé en permanence, à son domicile et dans ses salles de classe.
De retour au campus de Chengdu, M. Wu s’est soudain aperçu que de nombreux individus se tenaient autour de lui et le suivaient partout où il allait. D’autres l’observaient de l’autre côté de la rue, en face de sa résidence. Plus tard, une caméra a été installée dans sa salle de classe pour suivre le déroulement de ses cours.
M. Wu n’avait pas d’autre solution que de rapporter la situation au secrétaire du PCC du département d’histoire. Le secrétaire a expliqué que ces individus faisaient partie du système de sécurité nationale et se situaient à un niveau plus élevé que les membres du système éducatif. Il a fait savoir qu’il ne pouvait rien faire.
Un an plus tard, M. Wu s’est effondré sous cette énorme pression psychologique.
Et le voilà en train d’enlever sa chemise devant tout le monde et s’enduire le corps d’encre, fatigué d’être surveillé durant son cours de calligraphie. Il voulait menacer ses gardes, leur dire d’aller voir ailleurs s’il… puis il s’est ravisé. Pour que l’incident prenne fin, l’université lui a promis de régler la situation.
Et à cet effet, l’université l’a renvoyé.
Craignant d’être arrêté, M. Wu s’est enfui à Taiwan, laissant sa femme et sa fille en bas âge dans le Sichuan.
« Ne jamais faire confiance au PCC »
Le traumatisme psychologique a laissé des cicatrices, même après son retour dans l’environnement libre de Taïwan. Malheureusement, son état mental ne s’est pas amélioré. Il a été hospitalisé après quatre ans de traitement.
Il a fini par comprendre que, même s’il est resté en Chine pendant vingt ans en essayant de jouer le jeu, le PCC ne l’a jamais toléré.
Vingt ans en Chine ont été comme un mauvais rêve pour M. Wu. Maintenant, il s’est réveillé, dit‑il.
Lee Se‑hoon a contribué à cet article.
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