Entre socialistes et Insoumis, rien ne va plus : les premiers reprochent aux seconds de faire preuve de jusqu’au-boutisme sur le choix du candidat pour Matignon, mettant en doute leur volonté de gouverner. LFI, de son côté, a suspendu les négociations, dénonçant des compromissions avec la macronie.
Leurs profondes divergences avaient plombé la campagne des européennes et fait exploser l’alliance Nupes. Mais, à la faveur du séisme de la dissolution, la gauche avait réussi à s’unir de nouveau sous la bannière du Nouveau Front populaire (NFP), s’accordant en quatre jours sur un programme pour gouverner.
Un mois plus tard, elle est de nouveau au bord de la rupture, incapable de se mettre d’accord sur un nom pour diriger un hypothétique gouvernement.
La gravité de la situation n’a pas échappé aux écologistes et communistes, après les différentes fins de non-recevoir du PS – qui a retoqué la candidature de la présidente de la région Réunion Huguette Bello – et de LFI – qui a fermé la porte à la spécialiste du climat Laurence Tubiana.
« Reprenons les discussions. Maintenant », a intimé la patronne des Écologistes Marine Tondelier, appelant ses partenaires à arrêter de se « déchirer ».
« Celui qui quitterait les négociations porterait une lourde responsabilité », a appuyé le dirigeant des communistes Fabien Roussel, alors que les Insoumis rejettent toute candidature issue de la société civile et ne veulent plus reprendre les négociations sur Matignon tant que la question de la présidence de l’Assemblée n’a pas été tranchée à gauche.
Des différends sur la façon de gouverner
Ces coups de boutoir dans l’union, déjà très précaire, montrent surtout la différence fondamentale qui oppose Insoumis et socialistes sur la manière de gouverner.
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon ne jure que par « le programme, rien que le programme, tout le programme » du NFP. Un projet de rupture dont l’application semble compliquée, la gauche disposant seulement d’environ 195 députés à l’Assemblée, très loin de la majorité absolue (289).
Les socialistes reconnaissent, eux, la nécessité de faire des concessions. « À l’Assemblée nationale, c’est bien ce qu’il va falloir faire pour avancer », a plaidé le patron des députés PS Boris Vallaud, le chef du parti Olivier Faure appelant à « trouver les compromis éventuels ».
De quoi leur valoir les critiques de LFI qui les accuse de vouloir « faire des renoncements sur le programme du NFP (…) pour permettre une jonction du Parti socialiste avec le secteur du macronisme ».
« Je ne crois pas que qui que ce soit au PS ait envie d’aller se mettre en situation de trahir les électeurs », balaie le numéro 2 du parti Pierre Jouvet auprès de l’AFP.
La capacité du RN à s’opposer aux Insoumis
L’absence de tout compromis fait en tout cas douter les partenaires de LFI de la réelle volonté du mouvement de gauche radicale de tenir les rênes de l’exécutif, d’autant que le RN et de nombreuses voix au sein du camp présidentiel ont martelé qu’ils feraient tomber un gouvernement comptant des Insoumis.
« On propose un point de réconciliation. Si d’autres considèrent que c’est un point de division, ça veut dire peut-être que l’envie de gouverner n’est pas complète », a soulevé Boris Vallaud.
Constat similaire pour Fabien Roussel. « Veulent-(ils) trouver un prétexte pour partir et rester dans l’opposition qui est beaucoup plus confortable ? ».
Un front populaire très fragile
Ces accusations ne sont pas récentes.
Avant le succès surprise de la gauche aux législatives, un cadre socialiste estimait déjà que « les Insoumis ne veulent pas que ça marche trop le Nouveau Front populaire ». « Ils ont fait cet accord contraints et forcés parce que c’était en train de se faire sans eux. Ils ont raccroché les wagons », ajoutait-il.
« C’est pire qu’en 2022 la manière dont a été construite l’alliance », reconnaissait un dirigeant insoumis, le NFP s’étant construit dans l’urgence face au risque d’une victoire de l’extrême droite, alors que les partis de gauche sortaient d’une campagne des européennes extrêmement tendue entre eux.
Un autre cadre LFI anticipait déjà que certains alliés de gauche seraient tentés de se rapprocher de la macronie.
« C’est quand même pas les plus courageux pour résister à la pression, je fais le pari qu’ils vont céder », avançait-il, estimant que cela faciliterait la tâche de La France insoumise « dans l’optique de la confrontation finale d’après ». Soit un duel face au RN en 2027.
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