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Nicolas Dupont-Aignan : « Le projet de loi sur la fin de vie est dangereux parce qu’il fait basculer la société dans un système qui sera toujours plus favorable à la mort qu’à la vie »

juin 4, 2024 19:50, Last Updated: juin 4, 2024 19:50
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Entretien – Dans un entretien accordé à Epoch Times, le député de l’Essonne, président de Debout la France ! et ancien candidat à l’élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, revient sur le projet de loi sur la fin de vie et les élections européennes.

Epoch Times – Nicolas Dupont-Aignan, comment voyez-vous les dispositions du texte prévoyant la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté ?

Nicolas Dupont-Aignan – Je pense que nous sommes en train de dériver. Ce n’est pas une aide à mourir parce que l’aide à mourir consisterait plutôt à améliorer les soins palliatifs qui, je le rappelle, sont insuffisants en France. Avec ce texte, on passe à l’euthanasie pure et au suicide assisté, avec de surcroît des barrières mises en place par le gouvernement dans le texte initial qui ont été supprimées par la commission spéciale.

Il va de soi que ce projet ne répond pas à l’esprit d’équilibre imaginé au départ par le gouvernement. Il présente un danger de dégâts collatéraux et un risque de dérives terribles que nous avons déjà pu observer dans certains pays. Je comprends le besoin de faire évoluer la loi Claeys-Leonetti, je ne suis pas quelqu’un de butté, mais je pense qu’on va beaucoup trop loin comme je l’ai expliqué lors de mon intervention à l’Assemblée, je voterai contre un texte qui resterait dans cette épure.

Vendredi, les députés ont voté en faveur d’une autre disposition prévue par le texte. La création de « maisons d’accompagnement ». Il s’agit, selon un site du gouvernement, « de structures intermédiaires entre le domicile et l’hôpital qui accueilleront et accompagneront les personnes en fin de vie et leur entourage ». Pour vous, cela va-t-il dans le bon sens ?

Cette mesure irait dans le bon sens si on ne mêlait pas dans ces maisons, les soins palliatifs avec l’euthanasie et le suicide assisté.

Or, l’ambiguïté fondamentale de ce texte, c’est de mentir sur les mots et sur les concepts. L’aide à mourir est une forme de soins palliatifs, alors que faire mourir, c’est autre chose. N’oubliez pas qu’aujourd’hui, au Canada, beaucoup de gens ont peur des médecins et des soins palliatifs parce qu’ils craignent que leur famille ou leur médecin leur donne la mort.

Et c’est là la confusion terrible. Je pense qu’un soignant ne peut pas mettre un terme à la vie d’une personne et que ce projet de loi est dangereux parce qu’il fait basculer la société dans un système qui sera toujours plus favorable à la mort qu’à la vie étant donné que cela sera moins cher.

Imaginez bien qu’il y aura, d’un côté, dans un hôpital, une pièce dédiée aux soins palliatifs, coûteux, compliqués et hasardeux, et de l’autre, une pièce dédiée à l’euthanasie et au suicide assisté, rapide et peu coûteux. Ce qu’il va se passer par la force des choses est la même chose que dans l’État de l’Oregon aux États-Unis, où les plus modestes ont très souvent recours à la deuxième option, ce qui est dramatique.

Un sondage publié par l’IFOP en juin 2023 indiquait que 90% des Français sont favorables au recours à l’euthanasie et ils sont 85% à être favorables au recours au suicide assisté. Comment faire évoluer les choses tout en essayant d’éviter certaines dérives ?

Les sondages n’ont aucune valeur puisqu’ils partent d’une question biaisée liée à l’absence de soins palliatifs en France. Il est donc évident que s’il n’y a pas de soins palliatifs pour la moitié des Français qui meurent dans la souffrance, les familles, légitimement, et même ceux qui meurent dans la souffrance, préfèrent opter pour l’euthanasie et le suicide assisté.

Mais tous les médecins qui travaillent en soins palliatifs vous disent la même chose ; dès qu’il y a des soins palliatifs qui fonctionnent, ni les familles ni les malades sont en quête de mort, à l’exception de quelques-uns. Le débat est donc complètement biaisé puisque nous n’avons pas mis en place des soins palliatifs pour abréger et supprimer les souffrances. Il faut abréger les souffrances, pas la vie.

En plus, si on suivait les sondages, il n’y aurait pas eu d’abolition de la peine de mort. Sur des sujets aussi graves, j’estime qu’un homme politique ne peut pas se prononcer sur des sondages posés à travers de questions biaisées.

Le 9 juin, les Français vont se rendre aux urnes pour élire les futurs députés européens. Vous avez annoncé en mars ne « pas conduire de liste ». Pourquoi ? Il y a trop de candidats souverainistes ?

Je vais être franc. Bien que Debout La France ! recueillait entre 2 et 4 % des voix dans les sondages, nous avons abandonné le projet de conduire une liste aux élections européennes parce que je souhaitais rester au Parlement national et je ne voulais pas présenter une liste en faisant semblant de vouloir aller au Parlement européen.

Aussi, les personnalités que j’avais pressenties pour mener la campagne pour Debout la France, n’obtenaient pas des banques les financements nécessaires. Et toutes les tentatives que j’avais mises en œuvre pour essayer de construire l’Union des souverainistes n’ont pas abouti puisque François Asselineau et Jean Lassalle ont choisi de faire cavalier seul.

Avec Florian Philippot, nous nous sommes donc retrouvés dans un système à plusieurs listes et j’ai décidé de déclarer forfait puisque je n’ai pas compris pourquoi les souverainistes n’ont pas été capables de s’entendre. Cela me désole, mais c’est un constat. Donc je n’allais pas m’épuiser dans un combat de division. Par ailleurs, je constate qu’il y a 38 listes, c’est un désastre.

Pour les prochaines échéances électorales, vous allez continuer à prôner l’union de tous les patriotes et des souverainistes ?

Oui, et puis lors des élections présidentielles, il n’y a pas d’appareils politiques. C’est le meilleur qui remporte la mise. Les électeurs veulent l’union, mais pas les appareils. L’élection européenne, c’est une élection d’appareil. Je n’ai pas réussi à faire cette union. Et je n’allais pas ajouter une énième liste patriote et souverainiste.

Cependant, beaucoup de nos militants œuvrent auprès de Florian Philippot puisqu’il m’a soutenu lors de la dernière élection présidentielle. D’autres voteront pour différents candidats, mais à la fin, il faudra additionner les listes patriotes parce que c’est une élection proportionnelle et pas au scrutin majoritaire.

Selon vous, une large victoire du Rassemblement national à ces élections européennes aurait un impact sur les politiques européennes mises en œuvre à Bruxelles ?

Tout dépend ce que feront les députés RN à Strasbourg. Quoiqu’il en soit, je préfère qu’il y ait plus de députés européens RN, Reconquête ! et Patriotes que des socialistes ou des macronistes.

Cela étant, la vraie question de l’Europe, ne dépend pas du Parlement européen. Il faut être réaliste. Elle dépend de la capacité à avoir un président de la République en France qui dit stop à la dérive fédérale.

Vous pouvez élire 81 députés européens français hostiles à la dérive fédérale, ils seront toujours dans un Parlement européen qui en compte 705. La souveraineté se défend par l’élection présidentielle, et cela sera ma priorité.

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