NIGERIA – Des centaines de femmes sont enlevées chaque semaine et retenues comme esclaves sexuelles par des terroristes dans le nord du Nigeria, selon un responsable politique.
Le gouvernement ne s’en préoccupe pas, a signalé Umar Barde, membre de la Chambre des représentants du Nigeria, lors d’un entretien téléphonique avec Epoch Times.
« Ils [les terroristes] violent des femmes jeunes et plus âgées, même les adolescentes », a déclaré M. Barde, qui représente les comtés de Kajuru et de Chikun de l’État de Kaduna.
Des hordes de brigands qui s’identifient principalement comme des membres de la tribu Fulani mènent une guerre sans fin contre les communautés agricoles du nord-ouest et du centre-nord du Nigeria depuis 2011.
Les Fulanis, un important groupe ethnique d’Afrique de l’Ouest qui compte plus de 20 millions de membres au Nigeria, auraient commis des milliers de « massacres génocidaires » dans le pays ces dernières années, selon Greg Stanton, président fondateur de Genocide Watch.
« Ils visent les membres de groupes religieux », a écrit M. Stanton dans un récent rapport. Il rejette les affirmations des responsables américains, dont l’ambassadrice du Nigeria Mary Berth Leonard, selon lesquelles ces massacres relèvent de « conflits » traditionnels entre éleveurs et agriculteurs.
Lors d’une récente attaque menée dans un État du Niger fréquemment en proie à la terreur, le 29 juin, les terroristes ont tué plus de 30 soldats et policiers sur un terrain minier de la ville d’Ajata-Aboki, selon les médias locaux.
Les assaillants ont également tué six civils et enlevé trois étrangers qui travaillaient sur le site, selon les médias.
Ce raid nocturne faisait suite à des semaines de violences soutenues par des gangs spécialisés dans les kidnappings avec demande de rançon, à 300 km de là, dans l’État voisin de Kaduna.
Mariage forcé
Un des derniers cas en date est celui de terroristes à moto qui ont attaqué une petite ville agricole du comté de Kachia, appelée Kasan-Kogi.
Ils ont kidnappé 27 habitants – 21 femmes et 6 hommes – selon Ezekiel Garba, pasteur de la chapelle de l’église de Bonne-Nouvelle à Kasan-Kogi.
Les terroristes ont tué deux habitants et ont menacé de marier les femmes kidnappées aux membres de leur gang dans les jours qui suivraient, tout en exigeant 100 millions de nairas nigérians (env. 240.000 dollars), a déclaré M. Garba.
« Ils ont affirmé qu’ils allaient utiliser nos femmes pour faire des enfants qui, à leur tour, nous combattront », a poursuivit M. Garba, dont la femme fait partie des personnes enlevées.
L’attaque s’est produite à l’aube, a précisé M. Garba, et a duré deux heures sans aucune intervention de l’armée. Pourtant la base militaire la plus proche, la caserne d’artillerie Kalapanzi Kakuri, est à moins de 24 km, a signalé M. Barde.
Selon M. Garba, la bande constituée de 300 terroristes à moto a fait irruption dans la petite ville agricole à 6 h 30 du matin, au moment où la garde civile, composée de 30 hommes, quittait les lieux après sa ronde de nuit habituelle.
« Ils se sont dispersés dans le village – certains encerclaient l’église évangélique Winning All au centre de la ville où 15 femmes participaient à une réunion matinale », a-t-il déclaré.
« Ils ont abattu le pasteur de l’église, le révérend Ezra Shamaki, ainsi qu’une autre personne dans les locaux de l’église et ont enlevé 14 des femmes qui n’ont pas pu s’échapper », a déclaré M. Garba. « Parmi les femmes kidnappées se trouvait l’épouse du pasteur Ezra », a-t-il ajouté.
« Un autre groupe nous a poursuivis et emmenés, moi, ma femme et ma fille, à différents endroits. Ils m’ont ensuite libéré, ainsi que ma fille qui… a récemment accouché, et m’ont demandé de partir chercher une rançon. »
« Ils ont ensuite enlevé six autres personnes – cinq femmes et un homme – dans un village proche du nôtre, appelé Gora. »
« Nous leur avons dit que nous ne pouvions pas payer le montant qu’ils exigeaient. Ils nous ont interdit d’aller dans les fermes. Nous n’avons aucune source de revenus. »
Son collègue de la Chapelle de la Bonne-Nouvelle à Kasan-Kogi, le pasteur Andrew Garba, dont la femme a aussi été enlevée, a déclaré à Epoch Times : « C’est la deuxième fois que des membres de ma famille sont kidnappés cette année. J’ai tout perdu. »
Deux jours avant l’attaque, un raid similaire sur un ensemble de villages connu sous le nom de Rubu dans le comté voisin de Kajuru, le 19 juin, s’est soldé sur l’enlèvement de 36 habitants.
Parmi eux figuraient 31 femmes, selon Jonathan Asake, président de l’Union populaire du sud de Kaduna (SOKAPU).
Trois personnes ont été tuées lors de l’attaque contre des fidèles chrétiens un dimanche matin, a déclaré M. Asake.
Epoch Times avait relaté une attaque similaire survenue le 5 juin dans les villes de Dogon Noma et Maikori, du même comté.
Lors de cet incident, des terroristes ont tué 33 personnes et en ont enlevé 27 autres en tirant depuis un hélicoptère. Les personnes kidnappées étaient principalement des femmes, a déclaré M. Asake lors d’un appel téléphonique.
« Ils enlèvent des femmes pour en faire des esclaves sexuelles », a déclaré M. Asake. « Beaucoup de ces femmes sont revenues traumatisées. Beaucoup d’entre elles sont mortes après avoir été libérées. »
Partagées avec des terroristes
À environ 514 km de là, dans l’État de Kebbi, la journaliste d’Epoch Times Beloved John a interviewé des villageois. Ceux-ci ont affirmé que des dizaines de femmes enlevées dans l’est de l’État ravagé par la terreur, sont revenues enceintes.
« Les gens ne parlent pas d’elles« , a déclaré Mme John lors d’un appel téléphonique. « Ils ont peur d’être stigmatisés », a-t-elle ajouté.
Dans l’État voisin de Sokoto, où les terroristes prennent des villes et tiennent tête à leur propre gouvernement, les maris sont contraints de partager leurs femmes avec les bandits et de garder le silence, selon des journalistes qui se sont confiés à Epoch Times.
« Ils viennent le plus souvent dans les villes et… exigent que les hommes leur donnent leurs femmes sous peine d’être tués », a déclaré un journaliste, Mansur Buhari, qui est également maître de conférences à l’université de l’État de Sokoto.
« Parfois, ils chassent tous les hommes d’une ville et violent toutes les femmes qui s’y trouvent », a déclaré M. Buhari.
Un ancien président de comté de Sabon Birni, Idris Gobir, a déclaré à Epoch Times : « Les viols de femmes perpétrés par les terroristes font désormais partie de la vie quotidienne de Sabon Birni et d’Isa [régions]. »
Idris Gobir est aujourd’hui candidat pour représenter Sabon Birni à la Chambre des représentants du Nigeria.
« Un jour, dans un village, ils ont aligné plus de 100 femmes et les ont violées devant leurs maris », a-t-il déclaré.
En novembre 2021, M. Gobir a également affirmé que des terroristes avaient violé collectivement plus de 20 femmes dans une mosquée de la ville d’Allakiru, près de Sabon Birni.
L’incident a été confirmé par un dignitaire islamique de Sokoto, le cheikh Bello Yabo.
« Ces terroristes ont kidnappé des femmes dans un village particulier et les ont violées dans une mosquée », a déclaré le cheikh sur Internet. Il a ensuite reproché au président Muhammadu Buhari de ne pas avoir protégé les citoyens de Sokoto.
Les fonctionnaires ignorent les demandes d’informations
La police et les responsables de l’Agence nationale pour l’interdiction de la traite des personnes — une agence qui suit et poursuit les infractions liées à la traite – n’ont pas fourni les informations demandées par Epoch Times.
Une fonctionnaire de l’agence, identifiée sous le nom de Rose Paul, a répondu à un des courriels d’Epoch Times en écrivant : « Je dois vous informer que les statistiques relatives aux tendances en matière de trafic peuvent être consultées sur le site Web de l’agence. »
Epoch Times a constaté que sur les 1112 cas de traite signalés sur le site Web en 2021 – les derniers chiffres publiés par l’agence – aucun n’a été signalé comme étant un cas d’esclavage sexuel impliquant des terroristes.
Le département d’État américain, dans son rapport sur la traite des êtres humains au Nigeria en 2021, lie cette situation à la corruption et au manque de coordination entre les agences concernées.
Renforcer les groupes terroristes
L’esclavage sexuel est une stratégie planifiée par les terroristes qui cherchent à repeupler leurs populations, a écrit Elizabeth Baklaich, éducatrice en droits de l’homme et militante des droits des chrétiens à Washington.
« C’est un modèle de terrorisme que nous avons déjà vu auparavant », a écrit Mme Baklaich à Epoch Times.
« Nous comprenons le comment et le pourquoi, alors qu’est-ce qui nous rend incapables de faire en sorte que l’histoire ne se répète pas, de protéger les innocents et d’aider ceux qui sont confrontés à des persécutions brutales, à des viols et à des massacres ? » a poursuivi Mme Baklaich, en condamnant le silence des Nations unies et d’autres gouvernements.
Le gouvernement nigérian est incapable d’agir, ou ne veut pas le faire, a écrit Andrew Boyd, militant britannique et porte-parole de Release International.
« Cette situation entraîne de graves conséquences sur l’ensemble de l’Afrique », a écrit M. Boyd dans un courriel adressé à Epoch Times.
« La culture de l’impunité se répand, et les répercussions sur le Nigeria et ses citoyens, déjà terribles, vont s’aggraver », a-t-il ajouté.
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