ÉTATS-UNIS

Nouveaux candidats aux CDC, à la FDA et au NIH : quelle est leur position sur les principales questions de santé ?

Alors que la confiance des Américains dans leurs agences de santé est au plus bas, les dirigeants nouvellement nommés ont une lourde tâche à accomplir
janvier 8, 2025 18:54, Last Updated: janvier 8, 2025 18:54
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Depuis la pandémie, la confiance de la population envers les agences de santé publique a drastiquement chuté.

Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) en ont le plus souffert. En 2021, selon des sondages réalisés par des chercheurs de Harvard, plus de la moitié de la population américaine accordait une grande confiance aux CDC. Toutefois, selon des sondages réalisés en 2022 et 2023, et financés par les National Institutes of Health (NIH) et les CDC, cette confiance a chuté en-dessous de 40 %. Dans une moindre mesure, la Food and Drug Administration (FDA) et les NIH ont subi le même sort.

Or, les responsables d’agences de santé nouvellement nommés par Donald Trump ont des points de vue différents de leurs prédécesseurs, pouvant créer des tensions au sein des organisations.

Quelles sont les positions des nouveaux candidats à la tête de ces agences sur les principales questions de santé, et comment ces agences vont-elles fonctionner sous leur direction ?

Dr Jay Bhattacharya, directeur du National Institutes of Health (NIH)

Les National Institutes of Health (NIH) sont le principal bailleur de fonds en recherche biomédicale et comportementale aux États-Unis et dans le monde.

Si sa candidature est confirmée, le Dr Jay Bhattacharya, professeur de médecine à l’université de Stanford et nouveau candidat à la tête des NIH, aura un droit de regard sur l’affectation de fonds de recherche s’élevant potentiellement à 50 milliards de dollars par année.

Dans un courriel à Epoch Times, Katy Talento, conseillère en santé de la Maison-Blanche de l’ancienne administration Trump, a déclaré s’attendre à une réforme du processus de financement par M. Bhattacharya, orientant l’octroi de subventions de recherche en priorité à l’étude des causes des maladies chroniques, si prévalentes aux États-Unis, plutôt qu’à la recherche sur des médicaments destinés à en atténuer les symptômes.

Dans ses vidéos de campagne électorale, Robert F. Kennedy Jr. a déclaré que s’il était aux commandes, il orienterait le financement de la recherche par les NIH sur les facteurs à l’origine des maladies chroniques aux États-Unis, ainsi que sur l’innocuité des additifs alimentaires et de substances chimiques présentes dans l’environnement. Il a également appelé à ce que des recherches approfondies, randomisées et contrôlées soient menées sur les bénéfices et les risques liés aux vaccins.

Cela modifierait probablement l’orientation du financement de la recherche par les NIH.

Pour l’année fiscale 2024, les NIH ont reçu plus de 46 milliards de dollars de financement. La majorité des fonds ont été octroyés au National Cancer Institute, pour la recherche sur le cancer, puis à divers instituts voués à la recherche sur les maladies infectieuses, les maladies cardiaques, la neurologie et la santé mentale.

« Les NIH ne se sont pas concentrés sur des questions comme l’obésité, ils ont très peu travaillé sur le diabète, […] le tabagisme, qui sont des problèmes majeurs aux États-Unis », a déclaré le Dr Cody Meissner, professeur de pédiatrie et de médecine à la Dartmouth Geisel School of Medicine, lors d’une interview accordée à Epoch Times.

Dr Meissner, qui connaît personnellement Dr Bhattacharya, a déclaré qu’il était peu probable que ce dernier soit influencé par la sphère politique.

« Il se préoccupe sincèrement de ce qui est dans le meilleur intérêt de la santé de la population de ce pays. Il n’a d’allégeance à aucun parti politique », a-t-il déclaré.

Au cours de la pandémie de Covid-19, le Dr Bhattacharya s’est fait particulièrement connaître en remettant en question les mesures de confinement et en soulignant leurs effets néfastes à long terme sur la santé mentale et l’économie.

Les auteurs de la déclaration de Great Barrington à l’American Institute for Economic Research, (de g. à dr.) Martin Kulldorff, Sunetra Gupta et Jay Bhattacharya, en octobre 2020. (Taleed Brown/CC BY 4.0)

En collaboration avec deux chercheurs, il a rédigé la déclaration de Great Barrington laquelle prône des mesures de santé publique ciblées, principalement destinées aux personnes les plus vulnérables, et permettant aux personnes jeunes et en bonne santé de mener une vie normale.

Critiqué pour ses opinions contraires aux grandes orientations des agences de santé publique à l’époque, il s’est vu suspendre ses comptes de médias sociaux.

Néanmoins, ce dernier a continué à s’exprimer par le biais de divers canaux médiatiques ainsi qu’en s’engageant dans des débats ouverts avec ses détracteurs.

Étant donné la persévérance avec laquelle Jay Bhattacharya défend ses convictions malgré l’opposition, Peter Pitts, ancien commissaire associé de la FDA, estime, dans une déclaration à Epoch Times, que ce dernier serait un « agent de changement ».

Selon le Dr Meissner, « [Dr Bhattacharya] est la bonne personne au bon moment pour diriger les NIH », car il serait garant d’un dialogue scientifique au sein de l’organisation, sans influence politique.

« Jay Bhattacharya apprécie entendre des points de vue divergents […], et même ses détracteurs admettront qu’il est ouvert à discuter avec toute personne ayant une opinion différente [de la sienne], comme il a pu le démontrer au cours de la pandémie. C’est [l’approche requise] pour redonner aux NIH leur ancienne position de leader », a-t-il déclaré à Epoch Times.

Bien que le Dr Bhattacharya ait remis en question les obligations vaccinales contre le Covid-19 et les passeports vaccinaux, ce dernier ne s’est pas opposé à la vaccination contre le Covid-19. Il a déclaré que les vaccins ont permis de prévenir et de contrôler la propagation du Covid-19.

Marty Makary, commissaire à la Food and Drug Administration (FDA)

Le docteur Marty Makary, professeur de chirurgie à la faculté de médecine Johns Hopkins et auteur de plusieurs ouvrages, est réputé accorder plus d’importance à l’examen de preuves qu’à la recherche de consensus.

Depuis longtemps, il critique le fait que les médecins se fient au consensus et à la pensée de groupe, plutôt qu’à l’examen scientifique rigoureux, un des thèmes principaux de son prochain livre intitulé « Blindspots ».

« Certaines pratiques médicales sont fondées sur des données fiables, tandis que d’autres deviennent du folklore », a déclaré le Dr Makary lors d’une précédente interview accordée à Epoch Times.

Selon lui, les médecins sont réticents à s’adapter à la réalité que suggèrent les données émergentes, pouvant se traduire par des traitements inefficaces, voire nocifs.

Dans le même esprit, il a, à de nombreuses reprises, critiqué des mesures de santé publique visant à lutter contre la pandémie de Covid-19.

Dans sa déclaration de nomination, le président élu Donald Trump s’est dit confiant que Dr Makary « rétablira [le rôle] de la FDA en tant que norme d’excellence en matière de recherche scientifique, et réduira les formalités bureaucratiques ».

Selon Jerome Adams, ancien chirurgien général de la précédente administration Trump, dans une interview accordée à STAT, M. Makary est «jusqu’à présent, le moins surprenant ou le moins controversé de tous les choix de M. Trump en matière de santé ». Il est considéré comme une personne de raison, pouvant être convaincu par des preuves, selon certains spécialistes de la biotechnologie et de la pharmacologie interrogés dans l’article.

Le siège des Centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC) à Atlanta, le 21 mai 2024. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

Le Dr Makary est actuellement membre du conseil d’administration de la société de télésanté Sesame, qui prescrit des médicaments aux patients et les met directement en contact avec des médecins.

Tout au long de la pandémie, les articles d’opinion du M. Makary ont montré que son point de vue évoluait, à mesure qu’évoluait la recherche.

En septembre 2020, au début de la pandémie de Covid-19, il a comparé le nombre de décès d’Américains attribués au Covid-19 – qui était de 200.000 morts – au nombre de décès déclarés en Chine, qui était beaucoup plus bas, déclarant alors que les États-Unis auraient dû mettre en place des confinements préventifs ainsi que le port obligatoire du masque afin de contrôler la propagation. Toutefois, il s’est ensuite montré critique à l’égard de ces mesures en raison de leurs impacts économiques et sociaux dévastateurs à long terme.

Il a critiqué la manière dont les CDC ont tenu les registres des décès dus au Covid-19, estimant que les chiffres ont été gonflés, car ne distinguant pas les personnes décédées du Covid-19 de celles décédées avec le Covid-19.

M. Makary a accueilli favorablement la vaccination contre le Covid-19, mais a critiqué le fait que les décideurs politiques se concentrent uniquement sur la couverture vaccinale tout azimut, sans tenir compte de l’immunité naturelle, ni du fait que les enfants présentent un risque nettement inférieur de mourir du Covid-19 s’ils ne souffrent pas d’une maladie chronique préexistante.

« L’idée que nous devons vacciner tout Américain vivant et marchant – voire même tout nouveau-né – afin de contrôler la pandémie repose sur l’hypothèse erronée que le risque de mourir du Covid-19 est réparti de manière égale au sein de la population. Ce n’est pas le cas », a-t-il déclaré dans une interview accordée à U.S. News.

En ce qui concerne les problèmes liés à l’alimentation et aux produits chimiques dans les aliments, il a repris les propos tenus par M. Kennedy, lors d’une table ronde organisée par le sénateur Ron Johnson.

« Nous avons empoisonné notre approvisionnement alimentaire en fabriquant des produits chimiques qui créent une forte dépendance et que nous introduisons dans nos aliments. Nous les aspergeons de pesticides qui tuent les parasites », a déclaré M. Makary, ajoutant que ces produits chimiques endommagent les bactéries intestinales et la muqueuse intestinale, entraînant une inflammation chronique qui est à l’origine de l’épidémie actuelle de maladies chroniques.

M. Makary s’est également exprimé au sujet des coûts associés aux soins de santé aux États-Unis. Ses livres à succès « The Price We Pay » et « Unaccountable » critiquent le modèle économique actuel, lui reprochant un manque de transparence et d’être à l’origine de la multiplication de dettes médicales.

Dans «The Price We Pay », il donne l’exemple d’« Henri », dont le père, originaire de la France, a dû payer 150.000 dollars pour un pontage aux États-Unis à la suite d’une crise cardiaque. Un chirurgien français a proposé 15.000 dollars pour la même opération.

Lorsque le père d’Henri a menacé de se faire opérer en France, l’hôpital a négocié les coûts de l’opération avec la famille, l’abaissant à 50.000 dollars, puis à 25.000 dollars. M. Makary a fait remarquer que cette tarification pourrait être encore plus compliquée à négocier pour les personnes assurées, les assureurs négociant les coûts pour les consommateurs.

Dr Marty Makary donne une interview à l’émission « American Thought Leaders » sur EpochTV le 17 septembre 2024. (Crédit photo : Epoch Times)

Dr. Dave Weldon, directeur des Centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC)

Le Dr Dave Weldon, candidat à la direction des CDC, se concentrera sur la véritable mission de l’agence, c’est-à-dire la prévention des maladies, et en assurera la transparence – ce à quoi les CDC ont failli, a déclaré M. Trump dans sa sélection de candidats.

M. Weldon est bien connu pour son scepticisme à l’égard de l’innocuité des vaccins et pour ses critiques à l’égard des CDC.

Lorsqu’il était au Congrès, de 1996 à 2008, il a tenté à trois reprises d’introduire un projet de loi visant à interdire les vaccins à base de mercure. Le projet de loi a été bloqué à chaque fois par les sous-commissions de la santé.

Concernant les essais sur la sécurité des vaccins et les conflits d’intérêts, potentiels ou avérés, au sein des agences de santé, il partage un point de vue similaire à celui de M. Kennedy.

Lors d’une audition tenue en 2002 sur les vaccins et l’autisme, il a en premier lieu  fait l’éloge de la vaccination, déclarant la considérer comme une avancée scientifique significative. Il a toutefois critiqué le manque de transparence d’agences telles que les CDC, qui ne permettent pas aux chercheurs d’accéder aux données relatives à la sécurité de vaccins, et a suggéré « d’ouvrir [l’accès à] ces données et de laisser des scientifiques objectifs les examiner ».

Il a ajouté qu’en l’absence d’un dialogue ouvert sur la sécurité des vaccins, il « ne sera jamais convaincu qu’il n’existe pas de données suggérant que certains enfants peuvent avoir des effets secondaires graves », y compris des effets secondaires potentiels liés à l’autisme.

Avec sa nouvelle nomination, ses commentaires passés et son scepticisme à l’égard du vaccin obligatoire contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (vaccin ROR) sont désormais examinés de près. Il a également tenté de présenter des projets de loi visant à indemniser les victimes de vaccins.

« Je pense que le point de vue du Dr Weldon est que, chaque fois qu’un vaccin est administré, […] le prestataire de soins de santé est en devoir de se demander si le vaccin offre plus de protection que d’inconvénients », a déclaré le Dr Meissner à Epoch Times. Ce dernier est un fervent partisan du vaccin ROR, mais ajoute que les bénéfices et les risques de chaque vaccin peuvent varier d’un individu à l’autre.

En 2006 et 2007, le Dr Weldon a présenté un projet de loi sur la sécurité des vaccins et l’assurance de la confiance du public (Vaccine Safety and Public Confidence Assurance Act). Ce projet de loi exige que le ministère de la Santé et des Services sociaux mène des recherches sur l’innocuité des vaccins, surveille les vaccins homologués, encourage la notification de leurs effets indésirables, et que les recherches soient menées sans conflit d’intérêts.

La Food and Drug Administration américaine à White Oak, dans le Maryland, le 5 juin 2023. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

Lors de la publication du projet de loi, M. Weldon a fait valoir que les CDC sont à la fois responsables d’assurer la sécurité des vaccins et d’en faire leur promotion, ce qui constitue un conflit d’intérêts et suscite des critiques grandissante de l’opinion publique.

Le projet de loi prévoit de retirer aux CDC la responsabilité de réglementer la sécurité des vaccins pour la déléguer à une agence indépendante, ainsi que de lui retirer la plupart des recherches conduites sur ce volet. Il prévoit également la création d’un bureau indépendant chargé d’enquêter sur les potentiels dangers liés aux vaccins, comme l’utilisation du mercure pour leur conservation.

Selon le Dr Meissner, rétablir la confiance du public dans les CDC sera un des objectifs du Dr Weldon, mais que cela pourrait nécessiter un changement profond de la culture organisationnelle de l’agence.

Une culture de la pensée collective se serait développée aux CDC, où « il est difficile de dire quoi que ce soit de négatif sur un vaccin », a-t-il déclaré.

M. Weldon a laissé plusieurs héritages sur les questions liées à l’avortement.

Le premier d’entre eux est l’amendement Weldon, qui permet aux hôpitaux et aux médecins de refuser des avortements en raison de leurs croyances religieuses sans faire l’objet de discrimination de la part de l’État et des gouvernements locaux, par exemple en matière de financement.

Il a également parrainé la loi de 2006 sur l’interdiction de l’élevage de fœtus (Fetus Farming Prohibition Act), qui interdit aux instituts de recherche d’accepter des tissus de fœtus avortés si celui-ci a été délibérément avorté à des fins de recherche. Cette loi a été promulguée par le président George Bush en 2006.

Les CDC ne réglementent pas les avortements. Il est donc peu probable que les opinions pro-vie du Dr Weldon affectent l’agence sur ce point. Toutefois, les CDC publient des lignes directrices sur la contraception.

M. Pitts a donné un conseil aux nouveaux candidats.

« S’ils sont totalement nouveaux dans cet environnement bureaucratique, ils doivent vraiment trouver des personnes au sein de la bureaucratie existante en qui ils ont confiance et avec qui ils peuvent travailler. »

« La première tâche d’un nouveau chef dans une grande agence gouvernementale est donc d’envoyer le message qu’il est là pour accomplir des choses avec lesquelles tout le monde est d’accord et qu’il veut travailler avec le personnel pour faire avancer les choses. »

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