ÉTATS-UNIS

Où est le bœuf ? Les éleveurs prennent position sur l’étiquette «viande» synthétique

août 26, 2023 10:22, Last Updated: août 26, 2023 10:22
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Les éleveurs américains se préparent à se battre pour protéger la définition du mot « viande » contre les producteurs de substituts synthétiques à base de cellules.

« C’est une ligne rouge. Il n’est pas normal que ces produits fabriqués en usine puissent être commercialisés et vendus sur le dos des éleveurs, » a déclaré Justin Tupper, président de l’association des éleveurs des États-Unis, à Epoch Times.

« Nous parlons de produits de culture cellulaire à base de produits chimiques qui peuvent, d’une certaine manière, imiter la viande, mais ce n’est pas de la viande, et le consommateur américain doit le comprendre, » a ajouté M. Tupper.

Le marché de la « viande » synthétique est déjà arrivé aux États-Unis.

L’année dernière, l’USDA (Département de l’Agriculture des États-Unis) a donné à deux producteurs le feu vert pour commencer à produire et à vendre aux États-Unis des produits ressemblant à des poulets cultivés en laboratoire.

Bien qu’une décision concernant l’étiquetage du produit n’ait pas encore été annoncée, le secteur de l’élevage bovin prévoit d’être agressivement proactif à la fois lors des discussions avec l’USDA et, si nécessaire, en cas de litige, après avoir tiré une leçon précieuse des producteurs laitiers.

« L’industrie laitière a vraiment laissé tomber, » a souligné M. Tupper. « Ils n’ont jamais cru que quelqu’un pourrait penser que le lait d’amande serait du vrai lait, alors ils l’ont balayé du revers de la main. Aujourd’hui, il existe des centaines de produits qui portent le nom de lait mais qui n’en contiennent pas, et cela a vraiment nui à l’ensemble de l’industrie laitière. »

« Tout comme on ne peut pas traire une amande, on ne peut pas obtenir de la viande d’un laboratoire, mais seulement d’un animal, et nous n’allons pas leur permettre d’utiliser notre appellation pour promouvoir leur produit. »

Les produits synthétiques ressemblant à de la viande sont créés à partir de cellules prélevées sur des animaux et placées dans un endroit chaud et stérile, généralement une cuve métallique, où elles sont ensuite combinées à une solution de produits chimiques qui entraîne le doublement des cellules une fois par jour.

Un morceau de poulet cultivé par Good Meat est exposé dans les locaux d’Eat Just à Alameda, en Californie, le 27 juillet 2023. En juin dernier, le ministère américain de l’agriculture (USDA) a autorisé deux entreprises californiennes, Upside Foods et Good Meat, à vendre du poulet cultivé à partir de cellules en laboratoire. La viande cultivée à partir de cellules ou produite en laboratoire est obtenue en donnant des nutriments à des cellules animales dans des cuves en acier inoxydable. (Justin Sullivan/Getty Images)

La demande de viande synthétique a été stimulée en grande partie par des entreprises et des agences gouvernementales travaillant en tandem avec le mouvement écologiste.

Bill Gates, qui a investi dans Upside Foods, l’un des deux producteurs de viande synthétique approuvés par l’USDA, estime que les alternatives à la viande sont nécessaires pour sauver le monde des catastrophes climatiques à venir causées par les gaz à effet de serre.

Dans un entretien accordé en 2021 à la revue Technology Review, M. Gates a estimé que tous les pays riches devaient renoncer complètement aux vaches vivantes et respirantes.

« Tous les pays riches devraient passer au bœuf 100% synthétique. On peut s’habituer à la différence de goût, et l’on prétend que le goût sera encore meilleur avec le temps, » a affirmé M. Gates à l’interviewer. « En fin de compte, cette prime verte est suffisamment modeste pour que l’on puisse changer les gens ou utiliser la réglementation pour modifier totalement la demande. Pour la viande dans les pays à revenus moyens et supérieurs, je pense que c’est possible. »

Le passage de la viande animale à un substitut cultivé en laboratoire éliminerait le besoin d’élever et d’abattre des animaux – rien qu’aux États-Unis, environ 9 milliards de poulets et 32 millions de bovins sont tués chaque année.

Cependant, la production de viande bovine ne représente qu’une petite fraction des gaz qui, selon de nombreux écologistes, ont un impact négatif sur la planète.

Seulement 2% des émissions totales de gaz à effet de serre aux États-Unis proviennent de l’élevage bovin, alors que la production d’énergie et le transport produisent ensemble 54% des émissions, selon l’Agence américaine pour la protection de l’environnement.

Des éleveurs surveillent leur troupeau à Quemado, au Texas, le 13 juin 2023. (Brandon Bell/Getty Images)

Interdiction en Italie

Les éleveurs américains ne sont pas les seuls à tirer la sonnette d’alarme. Deux millions d’Italiens ont signé une pétition pour demander l’interdiction des produits à base de viande synthétique. Le Sénat italien a adopté un projet de loi en début de semaine, devenant ainsi le premier pays à rendre illégale la production ou la commercialisation de ces aliments, en mettant en avant les préoccupations sanitaires du pays comme raison principale.

Ettore Prandini, président de Coldiretti, la plus grande association représentant l’agriculture italienne, a présenté le vote comme une victoire législative du peuple italien sur les pouvoirs des entreprises, en déclarant aux médias que « les produits en laboratoire dans le cadre des processus d’autorisation ne sont pas assimilables à des aliments, mais plutôt à des produits de nature pharmaceutique ».

Un rapport des Nations unies d’avril 2023 sur la sécurité des « produits alimentaires à base de cellules » cite 53 risques potentiels pour la santé, dont « le risque d’expression de nouvelles toxines, de métabolites toxiques ou d’allergènes ou un changement dans l’expression de toxines, de métabolites toxiques ou d’allergènes en raison de l’instabilité génomique ».

Le rapport conclut en appelant à des recherches et des financements supplémentaires afin de tirer des conclusions définitives.

Besoin de transparence

M. Tupper n’appelle pas à l’interdiction des aliments synthétiques, mais seulement à la transparence. Il estime que, malgré la forte pression exercée par les chefs d’entreprise et les agences gouvernementales en faveur des substituts à la viande, la vache américaine est là pour rester.

« La simple vérité est que le goût du vrai bœuf ne peut être reproduit et, plus important encore, lorsque les gens découvriront la tempête chimique qui se trouve dans ce produit qu’ils essaient de faire passer pour de la viande, les consommateurs en viendront à la conclusion que la viande de bœuf devrait provenir d’une vache, et non d’un laboratoire. »

« Nous espérons que l’USDA étiquettera ce produit pour ce qu’il est, à savoir un dérivé cellulaire de produits chimiques, » a ajouté M. Tupper.

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