Une élève de terminale L au lycée Marc Chagall de Reims (Marne), Sorenza Lafargue, 18 ans, s’est vu refuser l’accès à ses 10 vœux favoris sur Parcoursup, avec une moyenne générale de 16,5. Déçue et en colère, elle décide de tweeter son désarroi. Elle obtient plus de 2 millions de vues.
« Lorsque j’ai vu la page des résultats s’afficher, et que j’ai aperçu tous les non, j’étais dégoûtée », raconte la brillante élève de terminale littéraire qui avait choisi l’option théâtre, ainsi que le rapporte France 3 Grand Est. « J’avais choisi des facultés de droit parisiennes prestigieuses à la Sorbonne, au Panthéon, le Collège de droit, ainsi que de nombreux IEP (Institut d’Études politiques) – Sciences Po. Je pensais au moins être sur des listes d’attente », déplore-t-elle. « Au troisième trimestre, je devrais avoir 18 de moyenne, ce qui devrait encore faire augmenter ma moyenne de baccalauréat », précise-t-elle par ailleurs, constatant qu’elle peut sans problème décrocher la mention Très Bien.
La lycéenne est pourtant une élève sérieuse et sa scolarité a toujours été exemplaire. De plus, le lycée public Marc Chagall est réputé pour son taux de réussite au baccalauréat élevé et pour son enseignement de qualité.
Mais « l’algorithme Parcoursup », comme l’appelle la jeune femme, a peut-être quelques failles, et Sorenza en a fait les frais. « À cause du coronavirus, ils ont dû annuler les concours. La solution trouvée pour les remplacer m’a totalement discriminée. Ils prennent pour chaque matière de 1ère et de terminale les meilleures notes et les moins bonnes notes de la classe. Ils font une moyenne et me situent ensuite en fonction de cette moyenne de classe. Mais comme je suis dans une très bonne classe, ma moyenne ne se distingue pas assez », explique Sorenza après avoir analysé la situation dans tous les sens.
Découvrant le pot aux roses de Parcoursup, la lycéenne poste immédiatement un tweet et le succès est rapide. « Je pensais juste que cela allait faire réagir mes amis, mais je me suis aperçue rapidement qu’il y avait un déferlement de like et de retweet. J’ai même dû éteindre mon téléphone, car il n’arrêtait pas de vibrer », raconte Sorenza sourire aux lèvres. Elle explique en effet que son tweet a fait 71 000 likes, plus de 12 000 retweets et au total jusqu’ici plus de 2 millions de personnes l’ont vu.
Elle ajoute : « Cela m’a mis du baume au coeur », même si les commentaires n’ont pas tous été bienveillants. C’est là qu’elle a réalisé que les inégalités de Parcoursup. « Mais je me suis aussi aperçue en discutant avec certaines personnes qu’avec une moins bonne moyenne que moi, elles étaient prises dans les grandes facultés de droit parisiennes », souligne-t-elle.
Elle en conclut : « Aucun élève n’est sur un même pied d’égalité. »
Toutefois, sa famille et ses amis la soutiennent fermement et l’encouragent. « Mes proches m’ont dit qu’ils étaient hyper fiers de moi, que j’avais raison de me faire entendre. C’est peut-être comme cela que les choses vont avancer, qui sait ? » espère-t-elle, confiante.
Sorenza, qui souhaite devenir magistrate, se fait une raison tout en ne s’avouant pas vaincue. « Je vais rentrer à la faculté de droit de Reims en septembre si rien ne se décante après le 17 juillet. J’en ai eu de bons échos quand même. Et puis l’important, c’est de continuer à travailler dur, à ne rien lâcher peu importe l’endroit », dit-elle, déterminée.
Et elle tentera le tout pour le tout. « Avec ma mention Très Bien, normalement, je peux aussi me présenter directement sur dossier – à condition de payer des frais de dossiers – dans les différents SciencesPo ou IEP. Malgré le Covid, la procédure bien que ultra sélective, est peut-être encore valable. Et puis je vais démarcher une à une les universités dans lesquelles je ne suis pas reçue. J’aimerais comprendre le pourquoi de mes refus. J’irai au culot, montrer ainsi ma motivation, essayer de les persuader. Je n’ai rien à perdre », termine-t-elle, bien décidée à montrer sa ténacité.
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