Un navire français participant à une mission de l’Otan en Méditerranée a récemment fait l’objet d’une manœuvre « extrêmement agressive » de la part de frégates turques, selon le ministère français des Armées qui compte dénoncer ce comportement « très grave » lors d’une réunion de l’Alliance ce mercredi.
Alors que la frégate française cherchait à identifier un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye, « les frégates turques interviennent et illuminent le Courbet à trois reprises avec leur radar de conduite de tir », ce qui constitue « un acte extrêmement agressif », a décrit le ministère des Armées juste avant une vidéoconférence des ministres de la Défense de l’alliance Atlantique.
« Cette affaire est à nos yeux très grave (…). On ne peut pas accepter qu’un allié se comporte comme cela, fasse cela contre un navire de l’Otan sous commandement Otan menant une mission Otan », a fait valoir Paris, en prévenant que la ministre des Armées Florence Parly allait « mettre les points sur les i » lors de cette réunion sur « l’attitude turque dans le conflit libyen ».
« Ces norias de bateaux entre la Turquie et Misrata, parfois accompagnés par des frégates turques, ne contribuent pas à la désescalade », a souligné le ministère, dénonçant par ailleurs le fait que les bâtiments turcs « utilisent des indicatifs Otan » pour s’identifier lors de ses missions d’escorte.
Le ton ne cesse de monter entre Paris et Ankara ces derniers jours. Lundi, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a condamné « le soutien militaire croissant » de la Turquie au GNA en « violation directe de l’embargo des Nations unies ». La veille, la présidence française avait déjà dénoncé l’interventionnisme « inacceptable » d’Ankara.
La Turquie a rejeté ces critiques sur son soutien armé au gouvernement de Tripoli en Libye, accusant à son tour Paris de faire « obstacle à la paix » en appuyant le camp adverse.
En Libye, Ankara soutient en effet militairement le Gouvernement d’union libyen (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par les Nations unies, face aux forces dissidentes du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est soutenu notamment par la Russie, l’Egypte et les Emirats arabes unis.
La France, bien qu’elle s’en défende publiquement, est également accusée de soutenir Haftar, qui a récemment subi de lourdes défaites sur le terrain. La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime Kadhafi en 2011. Depuis avril 2019, le conflit a fait des centaines de morts, dont de nombreux civils, et poussé plus de 200.000 personnes à fuir leur domicile.
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