Paroles trop machistes, guidage exclusivement masculin, invitation à danser uniquement à l’initiative de l’homme : un collectif féministe veut profiter du Mondial de tango de Buenos Aires pour revisiter les stéréotypes de cette danse très codifiée.
Née à la fin du XIXe siècle, ce véritable corps-à-corps passionné fut d’abord jugé trop sulfureux pour être pratiqué en public, puis gagna sa popularité et ses lettres de noblesse après un détour par Paris.
A l’Usina del arte, le centre culturel de la capitale argentine qui accueille la manifestation, 744 couples originaires de 36 pays et âgés de 18 à 99 ans participent à la compétition. Des centaines d’autres couples amateurs assistent à des cours, des concerts et des bals durant deux semaines.
Tous se retrouvent autour de la même passion, le tango: « L’essence même du tango joue avec l’idée de la soumission de la femme, d’un homme macho et dominant. Mais si tel n’était pas le cas, serait-ce encore du tango? », se demande Mariana Argüello, une Argentine de 26 ans assidue des milongas, soirées ouvertes aux initiés comme aux curieux et aux touristes. Il s’agit pour elle « d’un jeu de rôles nécessaire qui se met en place le temps que dure la musique ».
Pendant ce temps dans un salon annexe, le Mouvement féministe du tango (MFT) remet en question le côté macho de cette danse classée par l’Unesco au patrimoine culturel de l’humanité en 2009. Sur une petite piste, des apprentis danseurs assistent à un cours d' »échange de rôles », une variante du tango de plus en plus populaire où c’est la femme qui guide et non l’homme.
« Une véritable apologie du féminicide »
Dans ces soirée « amicales », on ne danse plus sur certains tangos traditionnels dont les paroles sont trop machistes, voire violentes envers les femmes.
« Clairement, les premières paroles de tango étaient machistes, misogynes où constituaient une véritable apologie du féminicide », affirme Mme Rizzardini en citant une chanson au titre trompeur: « Amablemente » (« Aimablement »). Elle raconte l’histoire d’une femme surprise dans les bras d’un autre homme et qui reçoit, à la toute fin, « 34 coups de couteau ».
Autre évolution liée à cette nouvelle tendance, c’est la femme qui invite l’homme sur la piste, ce qui est totalement proscrit par les codes traditionnels du tango.
« C’est ce qui s’est assoupli le plus rapidement. Avant, c’était mal vu et désormais, ça fait partie du nouveau paysage du tango », fait valoir Soraya Rizzardini Gonzalez. « En tant que féministes, nous faisons une critique de toute la logique de domination du tango, nous voulons que la danse soit un dialogue entre pairs ».
En revanche au Mondial de tango, c’est le modèle traditionnel qui a dominé… encore.
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