Le terme « soft power » (équivalent de « puissance douce ») a été introduit en 1990 par Joseph Nye, professeur à l’Université de Harvard, dans son livre « Bound to Lead: The Changing Nature of American Power ». Joseph Nye estime que la « puissance dure (hard power) » ne suffit pas à un État pour pouvoir influencer le monde entier et que l’influence de tel ou tel pays s’établit par le biais de la « puissance douce ». Le régime chinois s’est rendu compte que c’était précisément ce qui lui manquait. Par conséquent, il a mis au point une stratégie de propagande à grande échelle à l’étranger, avec l’objectif de créer sa propre «puissance douce ».
Selon The Economist, depuis plusieurs années, le Parti communiste chinois (PCC) investit massivement dans la création de ses propres médias en langues étrangères à travers le monde entier. Depuis les années 2009-2011, l’agence officielle chinoise « Xinhua » a crée dans des différents coins du monde 40 bureaux supplémentaires (au total il y en a 162), tandis que le nombre de ses correspondants étrangers a doublé. L’an dernier, un groupe de médias officiels chinois a dépensé 30 millions de yuan (plus de 4 millions d’euros) pour lancer un site web en anglais appelé « Sixth Tone ».
En 2016, pendant deux semaines, l’agence « Xinhua » diffusait sur un écran publicitaire installé à Times Square de New York une vidéo sur la situation dans la mer de Chine méridionale. En 2015, l’enquête de Reuters a révélé que la chaîne de radiodiffusion nationale du PCC contrôlait 33 stations de radio dans 14 pays. Et ceci par le biais des sociétés fictives dans le but de cacher leur lien avec le PCC. Toutes ces stations diffusent des informations exclusivement pro-Pékin.
En expliquant le terme « puissance douce », Joseph Nye soulignait qu’une telle puissance ne peut pas être crée par un gouvernement. Selon lui, la « puissance douce » des États-Unis provient de la société civile « en commençant par les universités et les fondations et allant jusqu’à Hollywood et la culture pop ». Mais le Parti communiste ne fait pas confiance à la société civile, sa « puissance douce » est presque toujours déterminée par les dirigeants du pays. Le PCC essaye d’associer la « puissance douce » avec la « puissance dure » de sa politique autoritaire. Cependant, une telle approche pour vanter l’image internationale de la Chine lui a, au contraire, souvent fait du tord.
Prenons, par exemple, les Instituts Confucius. En 2007, un haut dirigeant du PCC les a considéré comme une partie importante de la propagande étrangère. Cependant, ces institutions sont souvent sujets à des débats. En 2013, une employée de l’Institut Confucius à l’Université McMaster au Canada a été interdite de pratiquer le Falun Gong. Après que ce cas soit rendu public, l’université a fermé les portes de son Institut Confucius. En 2014, lors de la conférence de European Association for Chinese Studies, la directrice générale du siège de l’Institut Confucius a ordonné d’arracher des documents de la conférence la partie qui concernait une fondation éducative taïwanaise. Ce genre d’actions ne peut que renforcer les inquiétudes de l’Occident au sujet de la politique du PCC et fait du tort à la propagation de sa « puissance douce ».
Lorsque les dirigeants chinois se rendent à l’étranger, le Parti fait appel à des foules de Chinois locaux pour saluer les dirigeants et réprimer d’autres manifestants. On connait des cas de pression chinoise exhortée sur des représentants d’autres pays, afin qu’ils ne soulèvent pas la question des violations des droits de l’homme en Chine. En février dernier, l’ambassade de Chine à Londres à « conseillé » l’Université de Durham de ne pas accueillir Miss Canada Anastasia Lin à cause de ses remarques critiques envers le PCC.
En ce qui concerne les messages « bienveillants » envoyés à d’autres pays, des nombreux pays d’Asie tout simplement n’y croient pas. Les actions du PCC dans la mer de Chine méridionale et la mer de Chine orientale ont provoqué un tollé général, tandis que la Chine est en pleine expansion de sa puissance militaire navale et aérienne.
Malgré l’impressionnante croissance économique de la Chine, le prix payé par sa société et les dégats liés à l’environnement soulèvent également beaucoup de critiques. La pollution atmosphérique en est un exemple. Cette pollution résulte de l’indifférence des autorités chinoises : les fonctionnaires se préoccupent avant tout du développement économique. Malgré les sorties remarquées sur l’innovation technologique chinoise, par exemple dans les panneaux solaires, ce n’est qu’une goutte dans l’océan. Depuis Mao Tsedong, la destruction de l’environnement laisse le pays au bord d’une grave crise écologique.
Même les responsables du Parti se posent parfois des questions au sujet de l’efficacité de leur propagande. Zhou Hun, un haut responsable du Parti, a confié aux médias en 2015 qu’à cause du manque de participation active de la population, la propagande culturelle à l’étranger « a perdu non seulement son importance, mais aussi sa force intérieure ».
The Economist souligne que le rôle principal dans la « puissance douce » est joué par le peuple. Tant que le Parti communiste chinois n’accordera aucun droit démocratique et niera l’importance du peuple chinois, son influence ne reposera sur aucune culture ni modèle propre sinon celui d’une propagande soignée pour les occidentaux.
Version russee : Компартия Китая вкладывает большие деньги в пропаганду за рубежом
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