Le programme de Pécresse pour la santé a de nombreuses failles qui ne prennent pas en compte la réalité de terrain.
La France est passée sous la barre des 100 000 médecins généralistes. Cinq millions de Français n’ont pas de médecin traitant référent. Et sans médecin référent déclaré à la sécurité sociale, une consultation est remboursée seulement à 30%.
Chaque année 4000 généralistes sont formés mais beaucoup ne s’installeront pas en tant que médecin généraliste et encore moins dans les déserts médicaux car avec un internat de trois années et bientôt quatre, ils préfèrent s’orienter vers une autre spécialité.
J’ai analysé dans Blouses Blanches colère noire les origines de cette dérive. Les réformes des études médicales ont été bâclées et le système de soins est suradministré. Tout est à reconstruire.
Les solutions proposées par les candidats peuvent se résumer par : « Ce n’est pas par ceux qui ont échoué que l’avenir s’écrira. »
La gauche est exclue de la compétition et tant mieux car elle avait mis la barre du numerus clausus trop bas (Mitterrand en 1982, Bruno Durieux en 1992).
Le numerus clausus global toutes spécialités confondues était à 3500, alors qu’il faudrait 12 000 internes formés chaque année. Seulement 9000 le sont actuellement.
Avec Mélenchon ce serait pire, car il propose le remboursement de tous les soins à 100% et des médecins fonctionnaires. C’est pratiquement ce qui se faisait en URSS. Les soins deviendraient médiocres avec des listes d’attente interminables.
Le Rassemblement national a un programme économique et social de gauche de la même veine que celui de Mélenchon, il s’agirait d’une médecine à deux vitesses avec, là aussi, des délais sans fin pour une consultation.
Il faut donc se pencher sur le programme des quatre candidats crédibles, ce qui sera l’objet de plusieurs articles.
Commençons par celui de Valérie Pécresse, la candidate de centre droit.
La médecine libérale
Ses propositions sur la médecine libérale sont à ce stade obscures ou irréalistes.
Les déserts médicaux
« Je voudrais que ces généralistes en quatrième année d’internat fassent une année de plus et qu’ils aillent la faire dans une zone où l’on manque de médecins dans des centres de santé. »
Lors du troisième débat télévisé, celle qui avait quitté LR en 2019 s’est déclarée séduite par une mesure de son concurrent Philippe Juvin pour combattre la désertification médicale — qu’elle qualifie de drame pour les millions de Français sans médecin traitant. Elle reprend son idée de 3500 généralistes docteurs juniors qui iraient exercer dans les maisons de proximité à la sortie de leur internat…
Cette proposition est ubuesque. Prolonger d’un an les études retarderait d’autant l’installation et aggraverait la pénurie. Onze années d’études de médecine générale c’est beaucoup trop. Quand nous étions numéro un, pour ma génération la durée était de 7 ans et nous avions de très bons médecins généralistes.
Il faut en conséquence une vraie réforme des études médicales. Elle devrait reposer sur un retour à l’élitisme avec des études tournées vers le soin et l’enseignement clinique par compagnonnage au lit du malade et moins de cours théoriques à l’université.
Les maisons de santé
Pour résorber les déserts médicaux, elle prévoit de créer « davantage de maisons de santé » dans les territoires fragiles, une stratégie qu’elle a portée en Île-de-France. À la tête de cette région francilienne, la candidate de 54 ans revendique la création de 89 maisons de santé et l’installation d’au moins un professionnel de santé dans « 140 communes » grâce aux différentes aides régionales.
Ces maisons sont-elles la solution ? Quelle serait la tarification ? Sachant que la moyenne européenne se situe entre 40 et 50 euros.
L’hôpital
Valérie Pécresse aurait pu capitaliser sur son expérience à la tête de la première région de France. Mais pour l’AP-HP en crise, comme Anne Hidalgo, elle semble n’avoir eu aucune influence.
Elle envisage le recrutement de 25 000 soignants à l’hôpital, souhaite voir diminuer la charge administrative et propose des logements aidés pour certains soignants.
Où et comment les trouver ? En revenant aux 39 heures hebdomadaires ?
L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy se dit prête à supprimer jusqu’à 200 000 postes de fonctionnaires. Débureaucratisation, décentralisation et fin des 35 heures. Ce sont de bonnes idées.
La gouvernance hospitalière
Elle promet de donner « beaucoup plus de liberté et de responsabilité aux médecins chefs de service sur les investissements et les recrutements » et appelle également à « alléger drastiquement » toutes les contraintes bureaucratiques à l’hôpital :
« À l’intérieur des hôpitaux, où il faut réduire le poids des services administratifs (plus de 34% des personnels hospitaliers) et rendre l’autonomie aux médecins pour qu’ils puissent embaucher du personnel, acheter des équipements nécessaires rapidement, ce qu’a permis de faire, pendant un temps, la crise de la covid dont l’urgence a réduit, comme par magie, les procédures. »
Le système de soins
Valérie Pécresse souhaite « définir une véritable stratégie nationale de santé publique dans une loi de programmation sanitaire à cinq ans votée par le Parlement. », et développer la télémédecine.
Elle ne dit pas quelles structures régionales et quelles agences de santé seraient supprimées.
Elle souhaite que les régions reprennent la main sur les agences régionales de santé « pour organiser une étroite coopération entre hôpitaux publics, privés et médecins libéraux ».
La prévention est l’un des parents pauvres des politiques de santé en France : moins de 2% des dépenses de santé y sont alloués contre 3,1% en moyenne en Union européenne, soit 67 euros par Français contre 89 euros dans les autres pays, selon une étude commune de l’OCDE et de la Commission européenne en 2017.
Ses autres propositions
Retrouver l’autonomie stratégique de la France en matière de santé. Rien n’obligeait la France à la suppression du concours de l’internat en 2002.
Relocaliser la production des médicaments stratégiques.
Développer la santé et l’innovation.
Conclusion
Tout le système doit être reconstruit : moins d’administration, moins de structures, davantage de soignants. Un tiers d’administratifs en moins ce sont 100 000 soignants supplémentaires.
La mère de toutes les batailles est la libération des études médicales trop théoriques de la tutelle de l’Éducation nationale. La médecine s’apprend au chevet du malade, avec un enseignement clinique, thérapeutique et diagnostique permettant d’avoir la meilleure médecine du monde par le biais de concours hospitalo-universitaires tous supprimés par souci d’égalitarisme.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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