Le Parti communiste chinois (PCC) demande aux citoyens de dénoncer les internautes qui ne respectent pas la ligne de conduite de Pékin lorsqu’ils commentent l’histoire de la Chine, selon une annonce récente du cyber-régulateur chinois.
Dans un communiqué publié le 9 avril, l’Administration du cyberespace de Chine (CAC) a déclaré que sa ligne d’assistance téléphonique 12377, qui existe depuis longtemps et permet de signaler des activités en ligne telles que la fraude et les rumeurs, était désormais ouverte pour permettre aux citoyens de signaler les internautes qui « déforment » l’histoire du PCC, attaquent les dirigeants du Parti, leurs pensées et leurs politiques, et diffament les « héros nationaux ».
Le CAC a déclaré que l’objectif était de sévir contre les personnes qui répandent le « nihilisme historique » avant le 100e anniversaire du PCC en juillet de cette année. Elle a accusé ces « nihilistes » d’être des individus aux « arrière-pensées », qui « déforment, dénigrent et nient malicieusement l’histoire du Parti, du pays et de l’armée ».
Tout au long de son histoire, le régime chinois a mené une guerre contre le concept de « nihilisme historique », qui fait référence au scepticisme du public à l’égard des récits du PCC sur les événements passés. Par exemple, la remise en question de l’héritage des anciens dirigeants chinois Deng Xiaoping et Mao Zedong est considérée comme une catégorie dangereuse de nihilisme historique qui pourrait menacer le droit du Parti à gouverner.
La guerre contre le nihilisme historique se poursuit sous l’actuel dirigeant Xi Jinping. En avril 2018, le régime communiste a adopté une loi faisant de la diffamation des héros du PCC et des martyrs révolutionnaires un crime. Moins d’un mois plus tard, le bureau du procureur de la province du Jiangsu, dans l’est de la Chine, a invoqué cette loi dans le cadre d’un procès contre un homme auquel on reprochait ses critiques en ligne à l’égard d’un pompier décédé lors d’une opération de sauvetage quelques jours plus tôt.
En avril de l’année dernière, Xi a demandé à la jeunesse chinoise de « résister consciemment aux pensées erronées », notamment l’individualisme extrême et le nihilisme historique.
Plus récemment, le 7 avril, les médias d’État chinois ont rapporté qu’un internaute de 19 ans avait été arrêté dans le Jiangsu après avoir tenu des propos « insultants » sur les médias sociaux chinois à l’encontre des victimes des crimes de guerre commis par le Japon lors de l’occupation de la ville chinoise de Nanjing pendant la deuxième guerre sino-japonaise (1937-1945).
Dans une interview accordée à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 12 avril, Feng Chongyi, professeur associé en études chinoises à l’université de technologie de Sydney, a déclaré que le moment choisi par l’Administration du cyberespace de Chine pour lancer la ligne d’assistance contre le « nihilisme historique » était significatif.
Feng Chongyi a expliqué que le régime communiste doit être dans une « situation alarmante », confronté à des problèmes qui remettent en cause la légitimité de son règne.
Il a ajouté que Xi lui-même devait être pleinement conscient de certains des chapitres sombres de l’histoire du PCC en matière de luttes politiques intestines, notamment la façon dont son père Xi Zhongxun a été purgé politiquement après avoir été accusé de diriger une « clique anti-Parti ».
En conséquence, Feng Chongyi a déclaré que Xi savait qu’il serait « difficile de contrôler la population » si ces chapitres sombres étaient rendus publics.
La ligne directe de l’Administration du cyberespace de Chine n’est pas la seule nouvelle initiative récente du régime communiste pour contrôler la compréhension de l’histoire du PCC par la population.
Le 24 mars, le média d’État chinois Xinhua a annoncé que Pékin avait lancé un site Internet officiel permettant aux gens d’apprendre l’histoire du PCC.
Moins d’un mois plus tard, l’Administration du cyberespace de Chine (CAC) a annoncé sur son site Internet la tenue d’une réunion le 13 avril, consacrée à la promotion en ligne de l’histoire du PCC. Les responsables régionaux de la CAC, les responsables des médias publics, dont Xinhua, et les responsables des sites Internet d’information régionaux ont participé à cette réunion.
Les participants à la réunion ont discuté de l’importance de créer un contenu en ligne qui générerait « une atmosphère forte dans le cyberespace pour célébrer le 100e anniversaire [du PCC] ». En outre, le contenu doit utiliser le « langage Internet » afin que les jeunes internautes chinois « écoutent le Parti [et] suivent le Parti ».
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