Le ministère des Ressources en Eau (MRE) en Chine continentale a récemment publié un rapport d’enquête selon lequel plus de 80% des eaux souterraines superficielles du pays seraient polluées, et que certaines zones seraient contaminées par des métaux lourds et d’autres composés organiques toxiques.
Les experts ont décrit la situation de la pollution de l’eau en Chine comme étant hors de contrôle. Hong Kong est seulement séparée du continent par une rivière.
Chaque jour les habitants de Hong Kong boivent l’eau du fleuve Dong et mangent des fruits et légumes venant du continent. Les membres du Conseil législatif de Hong Kong (LegCo) ont exprimé leur inquiétude quant à cette pollution.
La Chine a entretenu une longue histoire avec l’eau et ses 5 000 ans de civilisation se sont développés à partir du Fleuve Jaune et du Fleuve Yangtsé. Cette période est révolue, les problèmes causés par la pollution de l’eau deviennent alarmants et menacent directement la santé de centaines de millions de gens.
Le MRE a publié en janvier 2016 son « Rapport Mensuel de la Dynamique de l’Eau souterraine » en se basant sur les 2103 puits souterrains gérés par le gouvernement. Les données indiquent que plus de 80% de l’eau souterraine est impropre à la consommation en raison des eaux usées rejetées par les industries et les fermes.
Ces puits souterrains sont disséminés dans des plaines densément peuplées, dont la plaine de Songliao, la plaine du Nord de la Chine, le Shanxi et les plaines et bassins du Nord-Ouest, ainsi que la plaine du Jianghan. Ces sites surveillés sont principalement constitués d’eau souterraine superficielle.
Le gouvernement chinois classe officiellement l’eau souterraine en cinq catégories. Seules les trois premières sont propres à la consommation et au contact humain. Les résultats montrent que la catégorie 4 compte pour 32,9%, tandis que la catégorie 5 compte pour 47,3% totalisant 80,2%.
L’eau de la catégorie 4 convient principalement à un usage industriel. La catégorie 5 est pire.
Outre la dureté de l’eau, on trouve de grandes quantités de manganèse, de fer, de fluor ainsi que de fortes concentrations de triazole, de métaux lourds et de composés organiques toxiques.
L’eau souterraine profonde est aussi impropre à la consommation
Les données publiées ont immédiatement semé la panique. Le MRE explique que les données récoltées valent pour l’eau souterraine superficielle, tandis que la majeure partie de l’eau potable des villes provient de l’eau souterraine profonde.
Les médias du continent ont rapporté plus tôt que dans certaines régions les fermiers utilisent toujours l’eau souterraine de surface.
Selon un rapport de l’Académie chinoise des Sciences géologiques, 73% de l’eau souterraine profonde en Chine du Nord est de catégorie 4 ou 5 et est impropre à la consommation. On ne sait pas à quel point l’eau souterraine profonde dans tout le pays est impropre à la consommation.
Avec le manque de ressources en eau en Chine, l’eau souterraine joue un rôle clé dans l’approvisionnement en eau potable pour la vaste population chinoise. 70% de la population chinoise boit de l’eau souterraine. Sur 660 villes en Chine, plus de 400 s’approvisionnent en eau potable provenant de leur sous-sol.
Wang Weiluo, un expert basé en Allemagne bien connu sur les ressources en eau et en écologie environnementale, explique que la pollution de l’eau souterraine de surface est principalement due à la pollution industrielle. Après que l’eau souterraine profonde a été excessivement extraite, l’eau en surface lourdement polluée a été réinjectée dans la couche d’eau souterraine profonde pour éviter les glissements de terrain, ce qui a eu pour résultat la contamination des eaux souterraines médianes et profondes.
Selon Wang Weiluo, la pollution de l’eau en Chine est un désastre créé de la main de l’homme : « Je pense qu’il n’y a qu’une seule source à la contamination : c’est le système social. »
Légumes venant du continent
Près de 90% des légumes de Hong Kong proviennent du continent. Wong Pik-Wan, membre de l’équipe LegCo pour la Commission pour l’hygiène des aliments, a exprimé son inquiétude sur le rapport de la MRE.
« Si la terre et l’eau pour l’irrigation sont contaminées, les taux de métaux lourds dans les légumes vont dépasser les normes sanitaires. Ceci va affecter la santé des gens à la fois sur le continent et à Hong Kong, spécialement les enfants », a dit Wong Pik-Wan.
Elle ajoute que les légumes actuellement acheminés à Hong Kong doivent être fournis par des fermes enregistrées sur le continent. À l’exception des légumes illégaux de contrebande, les départements appropriés de Hong Kong inspectent régulièrement l’eau et la terre de ces fermes, mais la question se pose sur la fréquence de ces inspections.
« Y a-t-il assez de personnel ? À quelle fréquence y vont-ils ? Y a-t-il un processus de sélection randomisé pour déterminer quelle ferme est à vérifier ? », interroge le membre de l’équipe LegCo. « Il semble que ces inspections ne suffisent souvent pas. Et aussi la ferme à visiter doit être approuvée par les hauts fonctionnaires ; c’est comme cela, l’autre côté décide et arrange quelle ferme inspecter. »
Pas de notification publique
Wong Pik-Wan croit que seule une visite à l’improviste peut aider à éclaircir la situation véritable. Elle a déjà demandé aux autorités de Hong Kong d’arranger que les membres de LegCo puissent aller sur le continent pour inspecter, mais après une attente de deux ans, cela risque de ne pas se réaliser.
« Je ne sais pas si l’AGCQIQ [Administration générale du contrôle de la qualité, de l’inspection et de la quarantaine] autoriserait les membres de LegCo à venir voir ou si le BAS [Bureau de l’Alimentation et de la Santé] n’est pas assez compétent et ne leur a pas transmis nos requêtes d’inspection. De toute façon, nous n’avons pas l’opportunité d’inspecter », dit Wong.
Elle a ajouté que si ces fermes enregistrées du continent ont des problèmes, ils sont tenus de les notifier aux autorités de Hong Kong. Actuellement, la Chine continentale a des problèmes de pollution de l’eau à une large échelle, mais le territoire de Hong Kong ne reçoit aucun compte-rendu de la situation. La population de Hong Kong peut seulement faire confiance aux échantillons et aux résultats des mesures.
Wong Pik-Wan explique que la pollution de l’eau a des répercussions sur la santé des gens à la fois sur le continent et à Hong Kong. Elle appelle les autorités du continent à prêter attention à la protection du sol et des ressources en eau.
« Si rien n’est fait, il ne restera même plus assez d’eau potable pour le pays », conclut-elle.
Le fleuve Dong
Actuellement, 80% de l’approvisionnement en eau de Hong Kong provient du fleuve continental Dong.
En 2013, un média de Hong Kong a mesuré des échantillons d’eau venant de la station de pompage Dongguan Taiyuan, du réservoir Plover Cove de Hong Kong et de la zone résidentielle Lam Tin de Hong Kong. Ils ont trouvé que la concentration en fer de l’eau du Dong dépassait la norme limite de 60% et que la turbidité des échantillons du Dong et du réservoir Plover Cover dépassait la norme pour l’eau potable établie par l’Organisation Mondiale pour la Santé.
En décembre dernier, Greenpeace Hong Kong a annoncé que dix échantillons avaient été mesurés sur les cinq réservoirs d’eau potable les plus utilisés de Hong Kong : Plover Cover, le réservoir de l’Ile Haute, le réservoir Shek Pik, le réservoir Tai Lam Chung et le réservoir Shin Mun.
Des composés perfluorocarburés (PCF) nocifs ont été trouvés dans les dix échantillons d’eau douce. Cependant, l’information des niveaux de PCF dans l’eau brute et dans l’eau potable ne sont pas accessibles au Département des Ressources en Eau de Hong Kong (DRE).
Selon Wong Pik-Wan, le fleuve Dong fait aussi face à un risque de pollution. Bien que les autorités du continent aient commencé à déplacer un certain nombres d’industries polluantes hors du delta de la rivière des Perles, certaines des sources d’eau ont déjà été contaminées, dit-elle. Les autorités du continent ont maintenant détecté que 80% de l’eau potable était contaminée. Une consommation sur le long terme de cette eau aura des effets cancérigènes ou un impact négatif sur la santé.
D’après elle, « si l’eau du continent est contaminée, c’est catastrophique pour Hong Kong ».
« Hors de contrôle »
Maintenant en Chine, deux tiers de l’eau souterraine ne convient pas au contact humain, les poissons ne peuvent pas vivre dans 75% des principaux cours d’eau, 280 millions d’habitants boivent de l’eau contaminée avec de l’arsenic et du fluor, 68 types d’antibiotiques sont retrouvés dans l’eau de surface.
Selon Wan Weiluo, le développement industriel rapide du PCC se paye aujourd’hui par le prix de la pollution environnementale.
« Pendant ce temps, le PCC construit des barrages sur chaque rivière et l’eau en surface a perdu sa capacité de se purifier par elle-même. » Wang dit : « La pollution de l’eau en Chine est déjà hors de contrôle. »
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Quelque chiffres
Deux tiers de l’eau souterraine chinoise ne convient pas au contact humain – En juin 2015, le ministère pour la Protection de l’Environnement (MPE) déclare en se référant au « Bulletin 2014 de la Question Environnementale en Chine » que près de deux tiers de l’eau souterraine et un tiers de l’eau en surface sont impropres à un contact humain direct.
Les poissons ne peuvent pas survivre dans 75% des principaux cours d’eau – Il y a quelques années, l’université de Santé publique Johns Bloomberg Hopkins a publié un rapport établissant que les poissons ne pouvaient pas survivre dans 75% des 50 000 kilomètres de rivières de Chine.
280 millions d’habitants consomment une eau potable impropre – En mars 2014, le MPE a publié des informations montrant que près de 250 millions de zones résidentielles sont près des routes principales ou des compagnies déchargeant la pollution et que 280 millions de personnes consomment une eau impropre. Début 2015, des mesures de sécurité financées par des fonds publics ont été réalisées sur des échantillons d’eau venant de 29 villes grandes ou moyennes. Près de la moitié ont échoué à un ou plusieurs des indicateurs.
100 millions de personnes boivent de l’eau contaminée à l’arsenic et au fluor – Le magazine Oriental Outlook Weekly, géré par l’agence de presse nationale Xinhua, a publié les statistiques suivantes : en raison d’années de consommation d’eau contaminée avec de l’arsenic, du fluor et de l’iode, 21 millions de Chinois présentent déjà de sévères symptômes et 87 millions de personnes sont à risque. Parmi eux, plus de 600 000 personnes à travers le pays sont exposées à la contamination à l’arsenic, qui cause des maladies de peau et des cancers variés. Plus de 30 millions de personnes ont déjà de sévères problèmes de thyroïde dus à une concentration excessive de fluor dans l’eau potable.
68 types d’antibiotiques sont retrouvés dans l’eau en surface – En 2014, l’université de Tsinghua a publié un rapport de recherche avertissant que l’eau en surface en Chine contient 68 types d’antibiotiques et 90 types de composés pharmaceutiques non-antibiotiques, bien plus que les niveaux nationaux en Europe et en Amérique. La détection fréquente d’antibiotiques dans la rivière des Perles, la rivière Huangpu et d’autres endroits atteint 100%. L’année dernière Zhong Nanshan, un membre de l’Académie chinoise pour l’Ingénierie a critiqué l’industrie de l’aquaculture continentale pour son usage d’antibiotiques. Dans certaines rivières du Guangzhou, les résidus d’antibiotiques sont dix fois plus élevés que la limite tolérable. Boire cette eau revient à ingérer des médicaments.
1 700 accidents chaque année – Les statistiques du ministère de la Supervision indiquent qu’au cours de ces dernières années, la Chine a connu plus de 1700 accidents dus à la pollution chaque année. Pour en citer quelques uns, en janvier 2012, la rivière Longjiang dans la ville de Hechi dans la province du Guangxi a souffert de pollution aux métaux lourds. Le 3 février de la même année, la ville de Zhenjiang dans la province de Jiansu a été contaminée par une fuite de phénol dans le fleuve Yangtsé. En février 2013, une usine de production d’eau a été contaminée à Wuhan, la capitale de la province du Hubei. En avril 2014, l’eau potable a été polluée dans la ville de Lanzhou dans la province de Gansu.
Version originale – More Than 80 Percent of China’s Groundwater Polluted
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