Pour avoir dénoncé dans un livre le laxisme de la justice face à la délinquance et les violences urbaines, le militaire a reçu un blâme, la sanction la plus lourde pour un officier français.
Auteur de l’ouvrage « Vérités d’un capitaine de gendarmerie » vendu déjà à plus de 5000 exemplaires, Hervé Moreau, âgé de 51 ans, ancien commandant en second de la compagnie de gendarmerie départementale de Beaune en Bourgogne et actuel officier de liaison d’un état-major de la base de défense de Creil (Oise) a pris le risque de sortir de son devoir de réserve pour révéler les faits réels des dérives judiciaires sur l’explosion de la délinquance et les violences urbaines que subit la France.
« La violence qui gangrène aujourd’hui notre société, comme en témoignent les récentes affaires d’affrontements entre bandes rivales dans les quartiers dits sensibles, mais aussi dans les zones rurales ou périurbaines, n’arrive pas à être prise en compte de manière judiciaire », déclare Hervé Moreau au Figaro.
Le capitaine Moreau écrit que « malgré le formidable travail mené sur le terrain par les gendarmes et les forces de l’ordre en général, combien de fois ai-je vu des auteurs d’agressions, interpellés en flagrant délit ou après une enquête minutieuse, ressortir sans aucune condamnation avec dans les yeux une expression de défi ? Pendant combien de temps nos compatriotes vont-ils encore tolérer cela ? » Il dénonce également « les fumistes de notre profession, ceux qui bâclent les enquêtes et qui par conséquent ne répondent pas aux justiciables ».
« Elle m’a surpris »
Pour sa liberté de parole, ce sera un blâme. La ministre des Armées Florence Parly lui infligera l’une des plus lourdes sanctions que peut subir un officier français.
Interviewé sur BFMTV, le capitaine Moreau explique qu’il a essayé de prendre la décision de la ministre de l’Armée avec « la plus grande philosophie », la plus « grande sagesse » possible. Conscient d’avoir « rompu ce droit de réserve » de l’institution, il lui « importait de faire connaître ces vérités, ces réalités tels que les subissent nos compatriotes, nos concitoyens, c’est ce qui m’apparaissait le plus important » , « j’ étais prêt à en assumer toutes les conséquences » et puis… « la sanction est tombée, ce blâme de la ministre des Armées. (…) ». « Elle m’a surpris », déplore-t-il.
Il se dit « difficile à surprendre », qu’il « s’attendait à des jours d’arrêt de rigueur. Je suis un officier qui, depuis que je suis sorti de Saint-Cyr, depuis près de 30 années, n’a jamais été puni de quelque manière que ce soit et là j’écope de la sanction la plus lourde », commente-t-il encore abasourdi.
Un sentiment d’ « injustice profond »
« Alors quand vous êtes un officier vertueux, droit, totalement dévoué à la protection des victimes, ceux pour lesquelles nous existons, ceux pour lesquelles nous nous battons, vous avez également un sentiment d’injustice assez profond », conclut-il.
Le combat d’Hervé Moreau n’est pas terminé car il est décidé « à prendre tous les risques pour donner la parole aux gendarmes qui vivent des situations de plus en plus intenables et aux victimes que l’incurie de notre système judiciaire muselle et bafoue ».
M. Moreau prévoit de s’engager en politique en se présentant en juin 2022 aux élections législatives à Beaune.
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