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Programmation des finances publiques: vers un premier 49.3 à l’Assemblée?

septembre 27, 2023 11:05, Last Updated: septembre 27, 2023 11:21
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La saison des 49.3 va-t-elle s’ouvrir mercredi à l’Assemblée nationale ? Le gouvernement pourrait engager sa responsabilité dès l’examen du projet de programmation des finances publiques face au rejet des oppositions, et malgré une possible abstention du RN.

Ce texte, à ne pas confondre avec les traditionnels budgets de l’État et de la Sécurité sociale, doit servir de feuille de route pour la trajectoire budgétaire française sur la période 2023-2027. Rejeté par l’Assemblée il y a un an, il prévoit notamment de ramener le déficit public de 4,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2022 à 2,7% en 2027, sous l’objectif européen de 3%, dans un contexte où la charge de la dette explose.

La dette publique diminuerait d’un peu moins de quatre points, à 108,1% du PIB, encore bien au-dessus de la limite européenne de 60%. Une trajectoire « peu ambitieuse » et basée sur des hypothèses de croissance « optimistes », a tancé le Haut conseil des finances publiques (HCFP) lundi. Reste que l’exécutif tient absolument au texte, arguant que son rejet menacerait le versement par Bruxelles à la France de 17,8 milliards d’euros sur la période 2023-2024.

LR et LFI contre le projet de loi

Un argument qui peine à convaincre la plupart des oppositions, décidées à voter contre le projet de loi, débattu à partir de 21h30 mercredi. « Cela reste une hypothèse, je ne la nie pas, mais ce n’est en aucun cas une certitude telle qu’elle est présentée », a insisté le président de la commission des Finances Éric Coquerel (LFI) avant l’adoption du texte en commission. Le patron des LR à l’Assemblée Olivier Marleix a lui aussi fermé la porte. « Il ne faut pas qu’ils comptent sur nous pour cogérer aujourd’hui la situation calamiteuse dans laquelle se trouve le pays ».

Le « RN fera un choix de conscience et de responsabilité » 

Le Rassemblement national, lui, a surpris en commission en choisissant de s’abstenir et n’a pas exclu de répéter ce geste dans l’hémicycle. « Nous ne croyons pas à la crédibilité de votre loi de programmation », a affirmé le RN Jean-Philippe Tanguy. Mais il a aussi annoncé que le « RN fera un choix de conscience et de responsabilité » sur la question des milliards potentiellement menacés, suscitant les critiques de la gauche. « C’est le tango de M. Tanguy qui vise la place de ministre d’ouverture dans le gouvernement de madame Borne », a critiqué le socialiste Philippe Brun. « La décision n’a absolument pas été actée », ont tempéré plusieurs députés RN contactés par l’AFP mardi.

Jean-Philippe Tanguy a précisé que son groupe pourrait « éventuellement s’abstenir », à condition d’être convaincu de la menace sur les crédits européens, et si le gouvernement fait un geste sur la hausse des taxes sur le gazole non routier. Mais l’idée d’une adoption grâce au RN ne séduit guère dans le camp présidentiel.

« Un outil utile pour éviter le blocage »

Par ailleurs le gouvernement, qui ne peut dégainer le 49.3 que sur un seul texte par session, hors budgets, pourrait profiter d’être dans une session extraordinaire pour l’utiliser. Objectif : conserver une cartouche pour la session ordinaire qui commencera début octobre. « Je n’en sais rien, nous verrons bien, c’est une décision gouvernementale », a assuré mercredi la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet sur France 2, défendant dans cette arme constitutionnelle « un outil utile pour éviter le blocage ». Il y a « une forte probabilité qu’on passe au 49.3 rapidement », reconnaissait mardi un ministre. Il faut « banaliser cet acte-là », relève-t-il, car Élisabeth Borne, en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée, sera amenée à dégainer une dizaine de 49.3 à l’automne sur les budgets de l’État et de la Sécurité sociale.

Pour le sénateur Hervé Marseille (UDI), l’exécutif pense que pour « terminer vite fait bien fait, il faut un 49.3 qui permet de s’absoudre du RN ». D’autant que le risque de l’adoption d’une motion de censure sur ce projet de loi semble relativement faible, le patron des LR Olivier Marleix ayant précisé que son groupe n’en déposerait pas.

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