La côte Ouest des États-Unis enregistre la plus grande densité d’algues toxiques, s’étendant de la Californie à l’Alaska. « Il semblerait que cela soit une des efflorescences les plus toxiques et les plus étendues de ces dix dernières années », a expliqué le professeur des sciences océanographiques de l’université de Californie, Raphael Kudela.
Cette invasion contamine les coquillages, les crustacés et les poissons. Elle peut être très dangereuse pour l’homme qui consommerait les produits de la mer.
La floraison est apparue pour la première fois en mai, dans une zone de l’océan Pacifique Nord qui a enregistré des températures continuellement au-dessus de la moyenne. « Ce sont des algues microscopiques qui produisent une neurotoxine mortelle pour l’homme et pour les animaux marins, appelée acide domoïque », déclarent les chercheurs de l’université de Santa Cruz en Californie.
L’effet El Niño commence à se ressentir : des fleurs incrustées de certaines espèces toxiques ont de lourdes conséquences pour la vie de la mer et des économies régionales et locales.
En mai, les chercheurs avaient détecté ces grandes fleurs d’algues produisant des toxines dans la baie de Monterey, ceci avait soulevé une vive inquiétude : « Quel sera l’impact sur les mammifères et les oiseaux marins de la baie ? » La baie est un lieu unique, une grande réserve marine qui a été créée sur cette partie du littoral qui s’étend sur 13 700 km2. Pour la plus grande joie des promeneurs et des amateurs d’animaux marins – loutres, phoques, oiseaux et autres mammifères marins –, la vision est magnifique.
Symptômes en cas de consommation d’acide domoïque
« L’acide domoïque est synthétisée par plusieurs espèces du genre Pseudo-nitzschia, après la consommation des coquillages contaminés, des symptômes de type gastro-intestinal surviennent dans un délai de 2 à 24 heures, puis ce sont des symptômes neurologiques qui sont observés (maux de tête persistants, désorientation). Dans les cas les plus graves, il apparaît une perte de mémoire, des dommages cérébraux et parfois des convulsions et un coma pouvant conduire à la mort », expliquent les scientifiques du centre d’Ifremer.
Marées rouges aux États-Unis
Aux États-Unis, les « marées rouges » sont bien connues. Elles se produisent chaque année surtout dans le Sud-Ouest de la Floride et durent parfois plusieurs semaines. Actuellement, elles sont arrivées sur les côtes Ouest du Pacifique, ceci depuis une dizaine d’années, mais cette année est particulièrement grave. La marée rouge est aujourd’hui plus toxique, plus étendue et plus persistante que les années précédentes. Les températures de l’océan Pacifique près des côtes sont anormalement chaudes, ce qui semble en être la cause.
L’étendue des algues semble être hors de contrôle. « La durée du phénomène est plus longue, la toxicité est plus élevée et la floraison plus dense que ce que nous avons connu jusque-là », précise Vera Trainer, océanographe du centre de l’Administration Nationale Océanique et Atmosphérique (NOAA). Les océanographes s’inquiètent aussi des effets d’El Nino qui, selon le bulletin de prévision du 9 juillet 2015 de l’Administration Nationale de l’Atmosphère et de l’Océan, commencent à se faire sentir.
Le centre NOAA doit encore déterminer si le changement climatique mondial actuel aura un rôle sur l’invasion massive des algues toxiques de l’océan à long terme. Selon les scientifiques, « qu’il soit lié ou non au changement climatique, ce phénomène indique les scénarios à venir du réchauffement de la planète ».
Une perte économique majeure
La prolifération d’algues rouges a entraîné la fermeture de plusieurs pêcheries sur la côte Ouest ces dernières semaines. Les poissons qui se nourrissent d’algues toxiques finissent par toucher toute la chaîne alimentaire. Même les oiseaux et les lions de mer qui se nourrissent de poissons toxiques peuvent mourir. Les estimations de la NOAA prévoient une perte économique de plus de 9 millions de dollars.
Les autorités sanitaires de l’État de Washington ont fermé de nombreuses fermes piscicoles le long de la côte. Toutes les plages de la côte ont été fermées à la pêche aux coques et aux crustacées. « Les tests ont montré que le crabe dans ces eaux contient des niveaux d’acide domoïque qui dépassent les normes de santé publique », a déclaré Dan Ayres, directeur sanitaire du littoral pour le département de Washington. Il annonce également que « 250 kilomètres de côte de l’État sont désormais fermées à la pêche au crabe ».
Les algues nuisibles et l’acide domoïque
Certaines espèces d’algues microscopiques du plancton (phytoplancton) contiennent des toxines qui, à travers la chaîne alimentaire, peuvent avoir des conséquences sanitaires sérieuses pour l’homme. Une de ces espèces est la diatomée Pseudo-nitzschia qui produit une toxine amnésiante parfois mortelle, l’acide domoïque. L’enjeu pour les consommateurs et le besoin de prévoir ses proliférations locales expliquent la nécessité de comprendre quels sont les facteurs qui influencent la production de toxines, selon l’Institut Européen de la Mer.
Les proliférations périodiques produisant la toxine diatomée Pseudo-nitzschia ont été documentées depuis plus de 25 ans dans la baie de Monterey et ailleurs le long de la côte Ouest des États-Unis. Lorsque ces grandes fleurs d’algues produisent la toxine, les mollusques et les petits poissons tels que les anchois et les sardines qui se nourrissent d’algues, deviennent dangereux pour la consommation ce qui oblige à fermer certaines pêcheries. Les mammifères et les oiseaux qui se nourrissent de poissons contaminés marins deviennent eux aussi potentiellement dangereux pour la chaîne alimentaire.
La Côte Ouest de la France a connu ces épisodes d’algues toxiques
L’ouest de la France a connu en 2004 et 2005 un épisode de pollution d’algues toxiques en Manche, dans la rade de Brest et au sud de la Bretagne. Tous les coquillages étaient potentiellement concernés, moules, coques, palourdes, couteaux, huîtres et même les coquilles Saint-Jacques, d’après les scientifiques d’Ifremer.
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