La Corée du Nord affirme mercredi que son dirigeant Kim Jong Un a examiné des photographies des principales bases militaires américaines à Guam grâce à son premier satellite espion, qui, selon Séoul, semble être entré en orbite.
En réaction à ce lancement revendiqué par Pyongyang en violation des résolutions de l’ONU, la Corée du Sud a partiellement suspendu un accord militaire avec sa voisine du Nord. Kim Jong Un « a regardé les photos aérospatiales de la base aérienne d’Anderson, d’Apra Harbour et d’autres bases militaires majeures des forces américaines, prises du ciel au-dessus de Guam dans le Pacifique, reçues à 9h21 (12h21 GMT) le 22 novembre », a annoncé KCNA, l’agence d’État nord-coréenne.
Une fusée qui a décollé mardi soir a suivi la trajectoire prévue « et est parvenue à mettre le satellite Malligyong-1 sur son orbite », avait annoncé auparavant l’agence. La République populaire démocratique de Corée (RPDC), nom officiel de la Corée du Nord, prévoit de lancer d’autres satellites « dans un court laps de temps » afin de renforcer ses capacités de surveillance de la Corée du Sud, a-t-elle ajouté. « Le lancement d’un satellite de reconnaissance est un droit légitime de la RPDC pour renforcer ses capacités d’autodéfense », a souligné KCNA alors que le pays s’estime menacé par la Corée du Sud et les États-Unis.
Deux échecs précédents
Le satellite espion que la Corée du Nord affirme avoir lancé semble être entré en orbite, a annoncé mercredi l’armée sud-coréenne. Selon l’état-major interarmées de la Corée du Sud, l’engin « a été évalué comme étant entré en orbite à partir d’une analyse complète des informations sur la trajectoire de vol et de diverses circonstances ». Mais, de même source, il « faudra du temps pour déterminer si le satellite fonctionne réellement ».
La Corée du Nord avait déjà tenté à deux reprises en mai et août derniers, sans succès, de mettre en orbite un satellite. Séoul a réagi en annonçant la suspension partielle d’un accord militaire signé avec Pyongyang le 19 septembre 2018 pour réduire les tensions le long de la frontière intercoréenne hautement sécurisée, en créant notamment des « zones tampon » maritimes. Cette suspension n’a pas pu être notifiée directement à Pyongyang car « les lignes de communication avec la Corée du Nord sont coupées », a indiqué à l’AFP un porte-parole du gouvernement sud-coréen.
Condamnations internationales
Le lancement du satellite a également été condamné par les États-Unis, le Japon et les Nations unies. « N’importe quel lancement par la Corée du Nord qui se sert de la technologie de missiles balistiques est contraire aux résolutions du Conseil de sécurité », a rappelé le porte-parole adjoint du chef de l’ONU Antonio Guterres, Farhan Haq, dans un communiqué.
« Même s’ils appellent cela un satellite, le lancement d’un objet qui utilise la technologie des missiles balistiques est clairement une violation des résolutions des Nations unies », a mis en avant le Premier ministre japonais, Fumio Kishida. Ce tir est « une violation flagrante de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, augmente les tensions et risque de déstabiliser la région et au-delà », a réagi la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Le Président russe Vladimir Poutine avait suggéré en septembre, après une rencontre avec Kim Jong Un, que son pays pourrait aider Pyongyang à construire des satellites. Séoul et Washington ont par la suite affirmé que Pyongyang expédiait des armes à la Russie, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avertissant que les liens militaires entre la Corée du Nord et la Russie étaient « de plus en plus nombreux et dangereux ».
Selon les experts, la mise en orbite réussie d’un satellite espion améliorerait les capacités de collecte de renseignements de la Corée du Nord, en particulier au-dessus de la Corée du Sud, et fournirait des données cruciales en cas de conflit militaire. La Corée du Sud prévoit pour sa part de lancer son premier satellite espion, via une fusée SpaceX, dans le courant du mois de novembre.
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