Qui se souvient de Jimmy Lai, l’homme d’affaires prospère de Hong Kong, fondateur l’enseigne de mode Giordano et, par la suite, du journal Apple Daily ?
Jimmy Lai est en prison depuis le 31 décembre 2020.
Le Parti communiste chinois (PCC) aimerait que nous oubliions tout de lui. Loin des yeux, loin du cœur.
Jimmy Lai est parti de rien. Après avoir fui la Chine en tant que passager clandestin sur un bateau à l’âge de 12 ans, il a commencé à travailler dans de terribles conditions dans une usine de confection.
Il a été promu directeur d’usine avant de lancer sa propre chaîne de vêtements. Celle‑ci est finalement devenue la marque de luxe Giordano qui connaît un succès mondial.
Après le massacre de la place Tiananmen, Jimmy Lai a fondé le magazine Next, rapidement devenu le magazine le plus populaire de Hong Kong.
Lue par la classe moyenne, la publication hebdomadaire a séduit les partisans de la liberté économique et politique.
Une publication apparentée, Sudden Weekly, attire également un grand nombre de lecteurs.
En 1995, Jimmy Lai a lancé Apple Daily, dont la position éditoriale était nettement pour la démocratie, ce qui lui a attiré la colère du régime communiste. Selon les normes de Hong Kong, le journal était un tabloïd osé.
C’est devenu le plus grand quotidien prodémocratie, en langue chinoise, à grand tirage, de Hong Kong. Il a toutefois été fermé par le PCC en juin 2021.
Emprisonné pour avoir voulu la liberté
Jimmy Lai a été incarcéré en décembre 2020 jusqu’à son procès pour diverses accusations. Il a été brièvement libéré sous caution, mais cette décision a été annulée et il est en prison depuis la fin du mois de décembre 2020.
En décembre dernier, il a été condamné à plus de cinq ans d’emprisonnement après avoir été reconnu coupable pour deux chefs d’accusation de fraude au bail foncier. Il avait déjà purgé deux autres peines pour les faits suivants : il avait allumé une bougie et fait une prière en souvenir du massacre de Tiananmen et avait participé à une manifestation pacifique.
Le PCC s’est donné beaucoup de mal pour garder Jimmy Lai en prison. Il attend actuellement son procès sur ses violations de la Loi sur la sécurité nationale. Celui‑ci a finalement été fixé au mois de septembre prochain.
Cette loi est une disposition draconienne, formulée en termes vagues, qui permet au régime de qualifier presque toute action de violation à la sécurité nationale.
Le régime était vraiment désespéré. Le gouvernement est allé jusqu’à essayer d’interdire le principal avocat de Jimmy Lai, Tim Owen, basé à Londres, de défendre son client, sous prétexte que c’était un agent étranger cherchant à saboter la Loi sur la sécurité nationale. Finalement, la Cour d’appel final de Hong Kong a rejeté cet argument.
La sécurité nationale est le cheval de bataille du régime pour agir en toute impunité. Dans le cas présent, il est question de faire de Jimmy Lai un exemple et l’emprisonner à vie.
Les gouvernements de Pékin et de Hong Kong ont accusé les États‑Unis d’ingérence étrangère. Dans un communiqué de presse, le gouvernement de Hong Kong a déclaré :
« Dans la poursuite de leurs intérêts politiques, les États‑Unis se sont ingérés de manière flagrante dans le procès équitable devant la cour, ont gravement sapé l’esprit de l’État de droit et ont enfreint les normes internationales et le droit international. L’utilisation de nombreuses erreurs par les États‑Unis n’est rien d’autre que l’exposition de leur intimidation hégémonique, entraînant une perte de leur crédibilité… »
Que le PCC évoque l’État de droit est absurde. Seul un État totalitaire comme la Chine peut oser vouloir faire croire à quiconque que l’État de droit s’applique dans ce procès.
L’histoire de Jimmy Lai est racontée dans le film documentaire The Hong Konger, produit par l’Acton Institute. On y apprend que Jimmy Lai est devenu catholique en 1997.
Détenteur d’un passeport britannique, Jimmy Lai, 75 ans, aurait pu quitter Hong Kong avant d’être arrêté, mais il a choisi de rester et de se battre pour la liberté.
Comme l’a dit son ami, William McGurn, membre du comité éditorial du Wall Street Journal : « Il est en prison aujourd’hui pour une raison simple. Ses publications disaient la vérité sur la Chine et Hong Kong. »
Si diverses personnes et organisations ont pris la défense de Jimmy Lai, une voix est restée silencieuse, celle du pape François.
L’ami de Jimmy Lai, le cardinal Joseph Zen, également persécuté par le régime communiste, a fait appel au pape, mais à ce jour, le Vatican semble plus intéressé par son accord secret avec le PCC, dont l’abus est pourtant flagrant.
Personne n’est à l’abri
Parallèlement, la journaliste australienne Cheng Lei reste également en détention.
L’ancienne présentatrice de la chaîne de télévision publique CGTN a été arrêtée en août 2020, puis accusée d’avoir « fourni des secrets d’État à l’étranger ».
Aucun détail sur les accusations n’a été communiqué aux autorités australiennes. Les audiences sont opaques et les fonctionnaires de l’ambassade gardent le silence du fait qu’il s’agit de « secrets d’États ». Cette notion fourre‑tout permet au régime d’agir à sa guise.
Aucun étranger n’est en sécurité en Chine. La police et le système judiciaire sont tous deux des bras du PCC.
Jimmy Lai et Cheng Lei ne peuvent être oubliés. Tous les défenseurs de la dignité humaine et de la liberté doivent condamner la façon dont ils ont été traités.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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