Sur France Culture le 27 novembre dernier, Lucie Commeaux s’en est pris à la programmation de Radio Classique, qu’elle qualifie de « musique blanche, composée entre 1680 et 1890 » et « très à l’opposé de la culture mélomane ». Dans les colonnes du Figaro, la violoniste Zhang Zhang qui elle, se bat pour défendre la musique classique, a réagi aux propos de la chroniqueuse.
Membre de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, la violoniste Zhang Zhang a exprimé son point de vue en réagissant à la chronique de Lucie Commeaux, qui officie depuis 2010 à France Culture. Celle-ci a dénoncé la programmation de Radio Classique, qui diffuse la musique de grands compositeurs tels que « Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert/Schumann », autrement dit de la « musique blanche ».
« Arrogant et condescendant »
« En tant que musicienne classique non-blanche », Zhang Zhang a d’abord demandé quels étaient ses critères pour être « mélomane », rappelant que « partout dans le monde, des artistes et des mélomanes de toutes origines et de toutes cultures écoutent, apprennent, partagent, jouent et apprécient cette musique ».
« Nous ne nous sentons pas menacés par ces œuvres d’une grande beauté, car nous considérons qu’elles font partie de notre patrimoine humain universel », a-t-elle encore souligné, avant d’expliquer : « On peut choisir de les aimer ou non, mais essayer de diminuer la pertinence de ces chefs-d’œuvre n’est pas seulement injuste pour tous ceux qui les aiment, c’est aussi arrogant et condescendant ; comme si la majorité des humains dans le monde qui se tournent vers ces grandes créations pour trouver l’inspiration, le réconfort et la joie n’étaient pas qualifiés pour décider eux-mêmes de ce qu’ils aiment ou n’aiment pas. »
Cela revient à « priver les êtres humains de la liberté de choisir par eux-mêmes »
« Si vous n’aimez pas ce que vous entendez, changez de station ou mettez votre propre playlist », a conseillé la violoniste d’origine chinoise avant d’ajouter : « Ce n’est pas comme si Radio Classique était la seule source d’accès à la musique pour les Français. »
À la question de savoir si la grille de lecture dominants/dominés était pertinente en matière de musique classique, la musicienne a rétorqué : « Seulement dans l’esprit des petits gardes rouges privilégiés qui rêvent de recréer la révolution culturelle au nom du progrès social. »
Dans son billet, Lucie Commeaux s’est inspirée de l’article « Radio Classique ou la production d’une culture musicale « blanche » et « bon ton » », écrit par l’anthropologue Jean-Loup Amselle et paru sur le média en ligne AOC le 20 novembre dernier. La chroniqueuse a qualifié la musique classique de « bruit de fond », à la fois « conservateur et un peu mortifère ». Mais pour Zhang Zhang, « essayer de juger et évaluer l’art et la beauté qui sont universels en fonction de l’identité de ceux qui les ont créés ou de ceux qui les apprécient revient à priver les êtres humains de la liberté de choisir par eux-mêmes ».
« Arrêter de nous dire ce qui est ou n’est pas de la bonne musique, classique ou non »
Pointant ces nations ou sociétés « où l’on dicte aux individus ce qu’ils doivent écouter », et certaines où il est même « interdit d’écouter ou de jouer de la musique », cela étant « punissable de mort dans certains cas », la violoniste a expliqué que dans son enfance, en Chine, les haut-parleurs dans les rues disait aux citoyens ce qu’ils devaient faire, penser, et décidaient quelle musique ils devaient écouter, « parce que les autorités pensaient que les individus n’étaient pas capables de faire les bons choix ».
« Ceux qui trouvent Bach et Mozart choquants ou ennuyants devraient soit créer leur propre station de radio selon leur idéal, soit passer à quelque chose qu’ils comprennent mieux et arrêter de nous dire ce qui est ou n’est pas de la bonne musique, classique ou non », a-t-elle conclu.
Lucie Commeaux ne s’est pas cantonnée à critiquer la musique de cette radio concurrente de Radio France – Radio Classique étant une radio privé propriété du groupe LVMH diffusant principalement de la musique classique et du jazz, mais aussi du baroque – elle s’est également offusquée des voix de « bon ton » et possédant un langage « châtié », le tout agrémenté de publicités « de luxe » s’adressant à des bourgeois.
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