Deux juges d’instruction ont été désignés pour enquêter sur les circonstances de la mort de Wanys, tué il y a deux semaines dans une collision avec une voiture de police à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), a annoncé mercredi le procureur de Bobigny. La version des policiers et les premiers éléments de l’enquête du parquet statuent que la collision relève de l’accident suite à un refus d’obtempérer mais la famille de la victime conteste cette version et accuse la police.
Jusqu’à présent, c’était dans le cadre d’une enquête préliminaire dirigée par le parquet que les investigations étaient effectuées. Selon la version des policiers et les premiers éléments de l’enquête communiqués par le parquet, la collision relève de l’accident mais la famille de la victime accuse les forces de l’ordre d’avoir « volontairement » percuté le scooter.
Cette enquête, confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), pour « des faits d’homicide et blessures involontaires, a fait l’objet mardi 26 mars, d’une ouverture d’information judiciaire confiée en co-saisine à deux juges d’instruction », écrit Eric Mathais dans son communiqué de presse.
Un refus d’obtempérer
« Vers 19h20, un deux-roues monté par deux individus casqués commet un refus d’obtempérer. Un équipage de police le poursuit », d’après le récit d’une source policière à l’AFP.
« Le scooter en fuite percute un second équipage avec ses avertisseurs sonores et lumineux activés, arrivant en face », a ajouté cette source, précisant que l’« équipage ayant fait une embardée suite à un refus de priorité commis par un tiers, il n’a pas pu éviter l’impact avec le scooter, malgré une manœuvre de contournement ».
Une information judiciaire ouverte
De son côté, l’avocat de la famille de Wanys et du passager du scooter avait déposé le 18 mars une plainte avec constitution de partie civile.
« L’information judiciaire portera sur des faits de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. L’avis partial du procureur n’aura aucune incidence sur la qualification juridique », a estimé auprès de l’AFP cet avocat, Me Yassine Bouzrou.
« Le caractère volontaire résulte du témoignage du passager, de la vidéo qui montre que le véhicule de police était à vive allure en sens inverse sans gyrophare ni avertisseur lumineux et de l’absence de freinage », soutient le conseil de la famille de Wanys.
Le 13 mars en début de soirée, un scooter monté par deux jeunes hommes est poursuivi par la police après un refus de contrôle. Dans une avenue d’Aubervilliers, le deux-roues est heurté par un véhicule d’une brigade anti-criminalité (BAC) appelé en renfort, qui arrive en sens inverse.
Une vidéo largement relayée sur internet montre la voiture de police faire un brusque écart lorsqu’un véhicule sort du bas-côté devant lui et se retrouve sur sa trajectoire. Elle se déporte alors sur la voie de circulation inverse où elle percute le scooter qui arrive à cet instant en face.
Dans le choc, le conducteur Wanys R., 18 ans, est tué et son passager blessé.
L’enquête pour refus d’obtempérer classée suite au décès de Wanys
Le soir des faits, une autre enquête, ouverte pour refus d’obtempérer et visant le conducteur du scooter et son passager, avait été ouverte. « Cette procédure fera prochainement l’objet d’un classement sans suite en raison du décès du conducteur du scooter », indique le procureur dans son communiqué.
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