Dans cette série, découvrez comment le muscle squelettique, le plus grand organe du corps, influence la santé et la longévité. De la régulation des hormones et de la glycémie à l’amélioration de la santé du cerveau, les muscles sont bien plus qu’une simple source de force.
Les chiffres indiquent que l’Occident a un problème d’obésité. Aux États-Unis, selon un article paru dans le JAMA en 2023, « la prévalence de l’obésité a augmenté au cours de la dernière décennie », 22 États faisant état de taux d’obésité chez les adultes égaux ou supérieurs à 35 %.
En France, selon l’Inserm, la prévalence de l’excès de poids (incluant donc le surpoids et l’obésité) était de 47,3 %, dont 17 % des sujets en situation d’obésité. Le taux d’obésité ne cesse d’augmenter à un rythme rapide. L’obésité est ainsi passée de 8,5 % des adultes en 1997 à 17 % en 2020.
Le Dr Gabrielle Lyon, médecin spécialisé dans la médecine centrée sur les muscles, offre un point de vue différent : « Nous n’avons pas de problème d’obésité. »
« Nous n’avons pas d’épidémie d’obésité – ce que nous avons réellement, c’est une crise musculaire de la quarantaine », a-t-elle déclaré lors d’une récente conférence TED.
Cette évolution met en évidence un facteur crucial mais souvent négligé dans la gestion du poids : la masse musculaire.
La question de l’Ozempic
La question de la masse musculaire par rapport à la graisse devient particulièrement critique à l’heure où le monde se tourne vers une nouvelle classe de médicaments pour aider à la perte de poids.
Des médicaments tels qu’Ozempic, connus pour leurs effets coupe-faim, promettent une perte de poids significative et gagnent en popularité. Selon un sondage sur la santé réalisé en mai par le KFF, 12 % des Américains ont déjà utilisé ce médicament. Une étude publiée en 2023 dans The Lancet confirme son efficacité, montrant que les adultes perdent en moyenne 15 % de leur poids corporel avec les agonistes du GLP-1.
En France, selon l’ANSM (agence nationale de sécurité des médicaments) la période du 1er octobre 2021 au 30 septembre 2022 montre qu’environ 215.000 patients se sont vus prescrire de l’Ozempic, médicament de la classe des analogues du GLP-1, parmi lesquels 2185 étaient non diabétiques.
Le Dr Peter Attia, médecin spécialisé dans la longévité, a écrit sur son site web : « Toute perte de poids n’est pas forcément bonne pour la santé ».
Un essai clinique réalisé en 2021 et publié dans le New England Journal of Medicine met en évidence un inconvénient préoccupant : avec les agonistes du GLP-1 comme Ozempic, environ 40 % du poids perdu est de la masse maigre, y compris des muscles.
« Les agonistes du GLP-1 ont été célébrés pour leur capacité à réduire la masse corporelle, mais la masse maigre représente une proportion alarmante de cette perte de poids », a écrit le Dr Attia.
Le Dr Attia a également déclaré que si les agonistes du GLP-1 comme Ozempic peuvent présenter des avantages pour la santé des personnes obèses, ils comportent des risques, en particulier pour les personnes qui n’ont qu’un poids minime à perdre. Il a ajouté que même les patients obèses ne peuvent pas toujours se permettre une perte importante de masse maigre, en particulier ceux qui souffrent d’obésité sarcopénique – une condition marquée par un excès de graisse et une faible quantité de muscles squelettiques, fréquente chez les adultes plus âgés.
« Des réductions supplémentaires de la masse maigre chez ceux qui en ont trop peu au départ pourraient constituer une plus grande menace pour la santé et la longévité que la présence d’un excès de graisse », a averti le Dr Attia.
La perte de masse maigre n’est pas l’apanage des médicaments amaigrissants. Lorsque les individus perdent du poids, ils perdent généralement une combinaison de graisse et de masse non grasse, y compris les muscles. Le Dr Abud Bakri, médecin interne, a écrit sur la plateforme de médias sociaux X : « TOUTE restriction calorique entraîne une perte de tissu maigre, que ce soit par le GLP-1, la chirurgie ou un régime agressif. »
La quantité de muscle perdue pendant un déficit calorique dépend de facteurs tels que l’apport en protéines, l’entraînement en résistance, le statut hormonal, la qualité du sommeil et de nombreuses autres variables, a déclaré le Dr Bakri à Epoch Times dans un courriel.
« La perte musculaire est le talon d’Achille de la plupart des efforts conventionnels de perte de poids, y compris les agonistes GLP-1, qui garantissent pratiquement la reprise du poids sous forme de graisse », a déclaré à Epoch Times le Dr William Davis, cardiologue et auteur du livre Super Gut.
« L’obésité, à la base, est une maladie du muscle », a déclaré le Dr Lyon lors de sa conférence Ted. « Nous n’avons pas de bataille du ventre. Ce que nous avons, c’est une bataille du biceps ».
Trois façons dont les muscles aident à gérer le poids
Les muscles jouent un rôle clé dans la gestion de notre poids car ils améliorent notre métabolisme, en utilisant les calories plus efficacement, régulent le glucose, de sorte que nous sommes moins susceptibles de stocker les calories sous forme de graisse, et équilibrent les hormones, pour nous maintenir dans une meilleure santé métabolique globale.
Les muscles améliorent le métabolisme
Nous connaissons tous quelqu’un qui semble pouvoir manger n’importe quoi sans prendre de poids, ce qui est souvent attribué à un « excellent métabolisme ». Mais qu’est-ce que cela signifie vraiment ?
Le métabolisme englobe tous les processus biochimiques qui convertissent les aliments en énergie pour des fonctions essentielles comme la croissance, la réparation et l’entretien des cellules. L’énergie totale utilisée pour ces fonctions est appelée taux métabolique.
La masse musculaire maigre influe sur le taux métabolique de base (BMR, basal metabolic rate) de l’organisme, c’est-à-dire les calories brûlées au repos. Le tissu musculaire est métaboliquement actif et nécessite plus d’énergie pour se maintenir que le tissu adipeux. Par conséquent, plus de muscles signifie plus de calories brûlées au repos.
Cependant, les effets du BMR pourraient ne pas être aussi importants qu’on le pense. Une étude publiée en 2019 dans Frontiers in Nutrition a révélé que chaque kilogramme de muscle supplémentaire n’augmente le BMR que de 13 calories par jour. Les chercheurs ont conclu que ce changement est « non significatif et non pertinent », remettant en question la croyance selon laquelle l’hypertrophie musculaire – une augmentation de la taille et de la force des muscles – augmente considérablement les besoins énergétiques quotidiens.
Dans son livre Forever Strong, le Dr Gabrielle Lyon développe cette idée. « On a peut-être entendu dire que les muscles jouent le rôle le plus important dans l’utilisation des calories et l’augmentation du métabolisme lorsque nous sommes au repos. Mais il ne faut pas se laisser abuser », écrit-elle.
Si les muscles contribuent effectivement à la combustion des calories, le Dr Lyon précise que « chaque kilo de muscle ne brûle qu’environ dix calories au repos ».
« Le pouvoir métabolique est le suivant : un tissu musculaire bien entraîné est plus efficace pour utiliser les calories », a-t-elle déclaré.
Un muscle bien entraîné est un tissu musculaire qui a été conditionné et renforcé par un exercice régulier. Il améliore le métabolisme en utilisant l’énergie pour le renouvellement des protéines, ce qui aide l’organisme à maintenir l’homéostasie.
Cette idée permet de passer du modèle simpliste « calories ingérées contre calories perdues » à une compréhension plus nuancée de la manière dont la santé musculaire influence la dépense énergétique globale et l’équilibre métabolique. Bien que les muscles eux-mêmes n’augmentent pas considérablement le nombre de calories brûlées au repos, des muscles bien entraînés améliorent la capacité de l’organisme à utiliser les calories de manière plus efficace, ce qui favorise un métabolisme plus sain et un meilleur équilibre énergétique.
Les muscles régulent le glucose
Les muscles jouent un rôle essentiel dans la régulation du taux de glucose. Pendant l’exercice, les muscles utilisent le glucose comme source d’énergie, ce qui fait baisser le taux de sucre dans le sang. L’excès de glucose peut se transformer en graisse, ce qui entraîne une prise de poids. Les muscles contribuent donc à prévenir la prise de poids en régulant efficacement le glucose, ce qui favorise la perte de poids. Cet aspect est particulièrement important pour les personnes souffrant de résistance à l’insuline ou de diabète, car il permet d’améliorer le contrôle du glucose sans dépendre uniquement de l’insuline.
L’un des principaux avantages de l’entraînement en résistance est la production de myokines, des hormones libérées lors des contractions musculaires. Une étude publiée en 2022 dans l’International Journal of Molecular Sciences explique que les myokines agissent comme des signaux chimiques, favorisant l’absorption du glucose dans les cellules musculaires et améliorant la sensibilité à l’insuline. Cela permet de maintenir une glycémie stable, de réduire le risque de diabète de type 2 et de favoriser la santé métabolique en général.
« Faire travailler et solliciter activement les tissus musculaires aidera non seulement à réguler les hormones, mais aussi à mieux réguler la glycémie et à améliorer la composition du corps », écrit le Dr Lyon dans son livre.
Les muscles équilibrent les hormones
Les muscles ne servent pas qu’à bouger : ils jouent également un rôle important dans l’équilibre des hormones.
« Au cours des deux dernières décennies, il est apparu que le muscle squelettique fonctionne comme un organe endocrinien », peut-on lire dans un article paru en 2020 dans Endocrine Reviews.
Les muscles produisent et sécrètent des centaines de substances semblables à des hormones qui influencent divers processus physiologiques, y compris la régulation hormonale. Ces myokines aident à réguler la libération d’hormones telles que l’insuline, contribuant ainsi à la stabilité métabolique.
Les muscles produisent également des hormones telles que l’irisine, qui convertit la graisse blanche en graisse brune, augmentant ainsi la dépense énergétique.
« L’irisine est sécrétée par les muscles en réponse à l’exercice et peut jouer un rôle de médiateur dans certains effets bénéfiques de l’exercice chez l’homme, tels que la perte de poids », peut-on lire dans le Handbook of Hormones.
L’interleukine 6 (IL-6) est une autre substance semblable à une hormone libérée par les muscles pendant l’exercice. Des recherches menées dans le domaine des sciences biologiques ont montré que l’IL-6 stimule la combustion des graisses et améliore la sensibilité à l’insuline, ce qui facilite la perte de poids et le maintien de la santé métabolique.
Le muscle comme médicament
« Nous devons changer le paradigme de la médecine et considérer le muscle comme un médicament », a déclaré le Dr Lyon lors de son exposé.
Dans son livre, elle recommande l’entraînement à la résistance et un régime protéiné pour lutter contre la perte de masse musculaire. L’entraînement en résistance favorise la croissance et le maintien des muscles, tandis que les protéines fournissent les éléments nécessaires à la réparation et à la croissance des muscles.
Selon l’experte en nutrition certifiée JJ Virgin, le maintien et le développement des muscles sont bénéfiques pour les personnes qui utilisent des médicaments amaigrissants tels que les agonistes du GLP-1. Dans un podcast, elle a déclaré que la combinaison de ces médicaments avec un entraînement de résistance et un régime riche en protéines peut atténuer la perte musculaire, conduisant à une perte de poids plus durable et plus saine.
Le plaidoyer du Dr Lyon en faveur de la médecine musculaire invite à repenser les stratégies traditionnelles de gestion du poids. La préservation et le développement des muscles favorisent une meilleure santé et améliorent les interventions de perte de poids. Alors que les gens se tournent vers les médicaments, la chirurgie et d’autres méthodes pour perdre du poids, il est essentiel de s’attaquer à la perte musculaire pour maintenir une bonne santé générale et obtenir un succès à long terme.
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