La grève contre la réforme des retraites entre ce jeudi dans sa 29e journée, égalant le plus long blocage des transports depuis 1986-87, sans que se profile un « compromis rapide ».
Mardi soir depuis l’Élysée, le président a plaidé « l’apaisement » plutôt que « l’affrontement » mais sans infléchir sa détermination à « mener à bien la réforme des retraites ». « Avec les organisations syndicales et patronales qui le veulent, j’attends du gouvernement d’Édouard Philippe qu’il trouve la voie d’un compromis rapide » sur ce projet, a-t-il dit dans une allocution sobre de 18 minutes, où le secrétaire général de la CGT n’a décelé « rien de nouveau ».
Philippe Martinez a dénoncé mercredi un discours « entendu mille fois » et « un président enfermé dans sa bulle qui considère que tout va bien dans le pays », sur le plateau de BFMTV. « Bien sûr », le numéro 1 de la CGT se dit prêt à se rendre au prochain rendez-vous de concertation à Matignon le 7 janvier, mais il « demande toujours d’arrêter le projet, donc le retrait ».
Même scepticisme chez FO : Yves Veyrier constate que le Président « n’a pas réussi » à convaincre en « 2 ans et de demi » et appelle à « manifester encore plus nombreux dès le 9 janvier ». La CFDT, qui joue un rôle clé puisque la première organisation syndicale est aussi la seule favorable sur le fond au système de retraites universel par points, n’a pas réagi aux propos présidentiels.
« Des vœux pour rien »
Son secrétaire général Laurent Berger a fait de l’âge pivot, en dessous duquel on ne pourra pas partir à la retraite avec une pension à taux plein, une « ligne rouge ». Emmanuel Macron n’a pas évoqué ce sujet mardi.
Pour Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, première organisation chez les enseignants, interrogé sur France Inter, ce sont « des vœux pour rien », où le Président « remouline toujours les mêmes éléments de langage ». Il « ne voit pas d’éléments qui pourraient constituer des portes de sortie ». Très présents dans les différents cortèges en décembre, les enseignants constituent également un élément clé de la sortie de crise.
« Trouver un compromis »
Côté syndicat réformiste, Laurent Escure (Unsa) a toutefois « compris qu’il y avait quand même un signe d’ouverture sur ce que doit faire le Premier ministre avec nous pour essayer de trouver un compromis », à l’antenne de France inter. Les discussions entre les partenaires sociaux et le Premier ministre devraient être très largement consacrées à la question de la pénibilité.
Sans prononcer le terme – dont on sait depuis le 3 octobre qu’il ne l’« adore pas, parce que ça donne le sentiment que le travail c’est pénible » -, le président a rappelé mardi que la réforme « prendra en compte les tâches difficiles, pour permettre à ceux qui les exercent de partir plus tôt, sans que cela soit lié à un statut ou à une entreprise ».
Une sortie de crise ?
Le gouvernement cherche des portes de sortie avec la CFTC et l’Unsa, et même avec la CFDT, autour d’une véritable reconnaissance de la pénibilité. Créé par la réforme des retraites de 2013, le compte pénibilité incluait à l’origine dix critères, dont le port de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et les agents chimiques dangereux mais ces quatre items ont été retirés fin 2017. « La dernière fois que j’ai vu le Premier ministre, il a dit non » à la réintégration des quatre critères, a assuré mercredi Philippe Martinez.
En attendant la réouverture des négociations, les Français devront composer avec des transports toujours perturbés. Jeudi, la grève aura dépassé en durée le plus long conflit à la SNCF depuis 1986-87, avec 29 jours d’affilée.
La SNCF prévoit jeudi un TGV sur 2 en moyenne, 9 Eurostar sur 10, 8 Thalys sur 10 et 2 Lyria sur 5. Un train Intercité sur quatre circulera en journée, et 5 TER sur 10. Trois trains sur dix circuleront en moyenne en Ile-de-France. La situation s’améliorera pour le week-end des retours de vacances, où la SNCF compte faire rouler 2 TGV sur 3.
Nette amélioration aussi jeudi dans la capitale, où la RATP annonce une seule ligne de métro totalement fermée et quinze complètement ou partiellement ouvertes, pour certaines uniquement pour la pointe du soir (16h30-19h30) comme la 6 et la 12.
Raffinerie : blocage à partir du 7 janvier
Toutefois, une dégradation n’est pas à exclure la semaine prochaine, avec la reprise lundi 6 janvier des assemblées générales de cheminots, que le secrétaire général de la fédération CGT des cheminots Laurent Brun entend « remobiliser ». « Quand on a perdu un mois de salaire, on ne reprend pas le travail juste [après] de bons vœux d’un président décalé de la réalité », a-t-il déclaré sur Europe 1.
Et le 7 janvier, la Fédération CGT de la Chimie appelle à renforcer le mouvement de blocage des installations pétrolières – raffineries, terminaux pétroliers, dépôts – pendant 96 heures, jusqu’au 10 janvier. Thierry Defresne, délégué syndical central chez Total, évoque même un éventuel arrêt de production, mais seulement en fonction de l’ampleur de la mobilisation interprofessionnelle du 9 janvier.
Le projet de loi de réforme des retraites doit être présenté en Conseil des ministres le 22 janvier.
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