Certains massacres commis dans des villages rohingyas dans l’ouest de la Birmanie ont été clairement planifiés par l’armée birmane, aidée par les populations bouddhistes, estime Human Rights Watch dans un nouveau rapport mardi consacré à la localité de Tula Toli.
S’appuyant sur des dizaines de témoignages de survivants, l’ONG montre comment les forces de sécurité ont piégé les Rohingyas sur les berges d’un fleuve pour ensuite tuer et violer hommes, femmes et enfants et incendier la petite ville.
Birmanie: centaines de personnes tuées et violées dans village rohingya de Tula Toli. Armée s’est livrée à massacre méthodique, dont « efficacité particulièrement cruelle n’a pu qu’être planifiée » https://t.co/Bf2ZRCrUFs pic.twitter.com/FyKTTvMBsk
— Bénédicte Jeannerod (@BenJeannerod) 19 décembre 2017
« Les atrocités de l’armée birmane à Tula Toli n’ont pas seulement été brutales, elles ont été systématiques », a déclaré Brad Adams, directeur de Human Rights Watch Asie.
« Les soldats ont tué et violé des centaines de Rohingyas avec une efficacité particulièrement cruelle, qui n’a pu qu’être planifiée à l’avance », a-t-il ajouté.
De nombreux villageois ont déclaré à Human Rights Watch que le chef de l’organisation locale, membre de l’ethnie Rakhine (bouddhiste), leur avait dit de se rassembler sur la plage, prétendant qu’ils y seraient en sécurité.
Birmanie 🇲🇲 Les #Rohingyas sont-ils en train de vivre un génocide? pic.twitter.com/ALYimtSJTF
— CNEWS (@CNEWS) 19 décembre 2017
Les forces de sécurité ont ensuite encerclé la zone, tirant sur la foule rassemblée et ceux qui tentaient de fuir.
« Ils attrapaient les hommes et les forçaient à s’agenouiller puis ils les tuaient. Ensuite ils empilaient leurs corps. D’abord ils les abattaient et s’ils étaient encore vivants, ils les achevaient à coups de machettes », a raconté Shawfika, 24 ans, dont le mari et le beau-père ont été tués sous ses yeux.
Hassina Begum, 20 ans, a tenté de dissimuler sa fille d’un an, Sohaifa, sous son foulard, mais un soldat l’a aperçue. « Il a pris ma fille et l’a jetée vivante dans les flammes », a-t-elle raconté.
« L’ONU et les gouvernements étrangers doivent veiller à ce que les responsables de ces graves abus rendent compte de leurs actes », a conclu Brad Adams.
La semaine dernière, Médecins sans frontières a estimé qu’au moins 6.700 Rohingyas avaient été tués entre fin août et fin septembre.
Les violences ont poussé environ 655.000 Rohingyas à fuir au Bangladesh voisin. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a évoqué des éléments de « génocide ».
Jusqu’ici, l’armée birmane a toujours nié toutes représailles contre les civils, assurant que seules 400 personnes avaient été tuées, parmi lesquelles « aucun innocent ».
Elle a indiqué cependant lundi dans la soirée qu’elle ouvrait une enquête après la découverte d’une fosse commune dans le village de Inn Dinn.
« Des poursuites seront engagées si des membres des forces de sécurité sont impliqués », a précisé le chef de l’armée sur Facebook.
Les violences dans l’État Rakhine ont débuté par des attaques de postes de police par la rébellion rohingya de l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (ARSA), qui dénonce les mauvais traitements subis par cette minorité.
I.M. avec AFP
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.