Origine du mot couleur : Yan Se
Dans la langue moderne chinoise couleur se dit Yan Se mais dans l’ancienne Chine ce mot signifiait « expression faciale ». Yan désigne l’emplacement entre les deux sourcils et Se veut dire qi (énergie). Dans le commentaire du célèbre érudit Duan Yucai il est dit : « La honte, le regret, la joie et les inquiétudes sont appelés Yan Se parce que le cœur d’une personne atteint le qi qui atteint les sourcils ». C’est seulement sous la dynastie Tang que Yan Se a pris la signification de couleurs.
Les couleurs et la théorie des cinq éléments
Il y a environ cinq mille ans avant J.-C., pendant la période de Huang Di (l’Empereur Jaune), la population vénérait une seule couleur. Apres Huang Di, les empereurs ont choisi des couleurs comme symboles en fonction de la théorie des cinq éléments.
Les cinq éléments sont l’eau, le feu, le bois, le métal et la terre ce qui correspond respectivement aux couleurs noir, rouge, bleu-vert, blanc et jaune. Pour les anciens Chinois, les cinq éléments étaient la source de toute chose dans la nature.
Comme les cinq éléments sont la source de toute chose, les couleurs viennent aussi de ces cinq éléments. Basé sur la théorie selon laquelle « les couleurs sont là naturellement et les couleurs noire et blanche ont été les premières à apparaître », les gens ont graduellement établi une relation entre les couleurs et le principe des cinq éléments, qui guide le mouvement naturel des cieux et du Dao céleste. Les gens choisissent aussi leurs vêtements, leur nourriture, leur moyen de transport et leur logement en fonction des changements naturels des saisons, ce qui intègre aussi la théorie des cinq éléments.
Les couleurs standard
Dans le système traditionnel chinois les cinq couleurs, noir, rouge, bleu verdâtre, blanc et jaune sont considérées comme des couleurs standard. Dans le Livre des Yi King (le livre des Mutations), le noir était considéré comme la couleur des cieux. L’expression « Les cieux et la terre d’un noir mystérieux » était ancrée dans la croyance des anciens pour qui le ciel du nord était d’une couleur noire mystérieuse. Ils croyaient que Tian Di (l’empereur des cieux) se trouvait dans l’étoile du Nord. En conséquence le noir était considéré dans la Chine ancienne, comme la couleur royale parmi les couleurs. Dans le diagramme du Taiji de la Chine ancienne, les noir et blanc étaient utilisés pour représenter l’unité du Yin et du Yang.
Dans la théorie des « cinq éléments », le blanc correspond à l’or, ce qui montre que les Chinois de l’ancien temps estimaient que le blanc symbolisait la clarté. Ceci le met au rang de couleur représentant la nature de la pureté, de l’éclat et la plénitude. La couleur jaune est la couleur du centre, symbolisant la couleur de la terre. En Chine, il y a une expression : « Le jaune génère le Yin et le Yang » estimant que le jaune est le centre de toutes les couleurs. Le jaune est la couleur orthodoxe positionnée dans le centre et c’est la couleur de la neutralité. Placé au dessus du marron, il est considéré comme la couleur la plus belle.
La couleur bleu-vert symbolise le printemps quand tout est rempli de vigueur et de vitalité.
Pendant la période pré-Qin, la symbolique des couleurs de l’ancienne Chine a commencé à montrer une tendance à la diversification. Afin de soutenir le cérémonial de la dynastie Zhou, Confucius a défini la couleur jaune, bleu vert, le blanc, le rouge et le noir comme des couleurs standard et supérieures. Il a relié les cinq couleurs à la bienveillance, la vertu et la gentillesse et les a incorporées dans les cérémonies officielles.
La couleur rouge symbolise la chance et la joie pour les Chinois. Pendant la dynastie Zhou la couleur rouge était vénérée. Lao Zi, d’un autre côté, disait que les « cinq couleurs rendaient les gens aveugles » au point que l’école de Dao a choisi comme symbole le noir.
Les couleurs et les saisons
À cette époque, on attribuait à chaque saison une couleur et une direction. Le printemps était représenté par un soleil bleu-vert, le principal dieu gardien était un dragon bleu-vert et sa direction était l’Est. L’été était représenté par une lumière rougeâtre avec comme gardien une flèche rouge et sa direction était le Sud. L’automne était représenté par le blanc avec comme gardien un tigre et sa direction était l’Ouest. L’hiver était représenté par le noir avec comme gardien une tortue noire et sa direction était le Nord. La couleur jaune était la couleur symbolique des cinq empereurs légendaires de la Chine ancienne. En Chine, le jaune avait une signification symbolique particulière et était le centre des cinq couleurs, symbolisant la couleur de la terre.
En 211 avant J.-C., Qin Shi Huang a unifié la Chine. Il se conformait à la tradition de ses ancêtres. Il observait les objets, choisissait des symboles, distinguait le noir du blanc et respectait la vertu de l’eau. Il a décidé qu’octobre était le début de l’hiver avec comme couleur le noir. Quand Qin Shi Huang a accédé au trône, la couleur des habits et des drapeaux étaient le noir.
Les couleurs dans la peinture et la poésie
Dans les peintures chinoises, le charme est principalement exprimé par l’épaisseur de l’encre. Cette pratique est connue sous le nom de «l’encre à cinq couleurs» et « irradier brillamment sans l’utilisation de couleurs éclatantes ». Les superbes réalisations artistiques sont marquées par l’épaisseur ou la finesse de l’encre. La phrase « l’encre a en elle cinq couleurs » fait référence à cinq types d’ombres: calcinée, épaisse, cendre, mince et claire. Aux yeux d’un peintre, la couleur de l’eau est complètement différente d’une saison à l’autre. Elle est verte au printemps, vert-bleu en été, vert d’eau en automne et noire en hiver.
Différentes couleurs sont utilisées dans la peinture traditionnelle chinoise. Les styles de peinture de la cour royale sont souvent soulignés par des couleurs extraites de différents minéraux comme le Shi Qing (azurite), Shi Lu (vert minéral), Si Huang (jaune minéral), Zhu Sha (cinabre), Yan Zhi (cochenille),Qian Fen (poudre de plomb) et Ni Jin (peinture dorée). Leurs couleurs sont lumineuses et magnifiques. Les anciens Chinois étaient très doués pour extraire des couleurs d’un grand nombre de minéraux et de plantes. En raison de cela, les couleurs des peintures chinoises sont abondantes par leur éclat et leur richesse.
Les poésies et les peintures chinoises partagent la même origine. Leur relation est souvent décrite comme : « une peinture récite un poème et un poème dessine une peinture. » Les poèmes sont souvent remplis de couleurs vibrantes et beaucoup de poètes étaient des experts dans la description de couleurs. Le poète Cui Hu a crée une œuvre artistique merveilleuse avec des couleurs. Voici un extrait d’un de ses poèmes : « L’année dernière la beauté et les fleurs de pêche se reflétaient l’une l’autre dans le rouge ». Le poète Bai Juyi a écrit dans Vers sur la rivière Mu : « L’eau est pavée de stries du soleil couchant, la rivière chuchotante vire au rouge. » Les deux versets ont peint au figuré la beauté des couleurs et sont appréciés des lecteurs depuis des milliers d’années. Ces poésies sont innombrables dans la culture chinoise.
Les couleurs dans la vie quotidienne
À compter de la dynastie Qin, les couleurs ont commencé graduellement à avoir une fonction décorative. Après la dynastie Han, le jaune est devenu la couleur symbolique spéciale de la cour royale à cause de son éclat et son ombre rappelait celle de l’or. Les gens ordinaires n’avaient pas le droit de porter des vêtements jaunes.
À travers toutes les dynasties, les habits officiels de différents rangs étaient de couleurs différentes. En général, les gens considéraient les cinq couleurs secondaires comme étant les cinq couleurs inférieures. Pendant la dynastie Hang, le violet éclatant, souvent considéré comme une couleur extrêmement précieuse et rare, était utilisé pour les habits des fonctionnaires au dessus de la cinquième classe. Il était très apprécié par les membres de la cour royale. Les bordures violettes étaient considérées comme élégantes.
L’Etat de Qi était particulièrement bien connu pour ses habits brillamment colorés et sa soie. Plusieurs produits en soie qui ont été déterrés des tombeaux antiques ont gardé leurs couleurs originales, y compris le brun, le rouge, le noir, le violet, et le jaune. Beaucoup de caractères chinois modernes utilisés pour décrire les différentes nuances de couleurs contiennent le radical de la soie.
Selon l’ouvrage Shuo Wen Jie Zi (Explication des caractères et des expressions) 24 caractères sont utilisés pour décrire les couleurs de tissus en soie, dont le rouge, le vert, le violet, le rouge profond (cramoisi), le rouge lumineux, le rouge foncé (violet foncé), le bleu clair, le rouge orange, le blanc, etc. Toutes les nuances de couleur montrent combien la fabrication de la soie de l’ancienne Chine était extraordinaire.
Les constructions
Les couleurs étaient largement utilisées dans l’agencement d’une ville, des murailles et des peintures. Par exemple, après la dynastie Ming, seuls ceux qui étaient apparentés à l’empereur pouvaient habiter des maisons aux murs rouges avec un toit aux tuiles jaunes. Les maisons des gens ordinaires devaient être construites de briques bleues avec un toit aux tuiles bleues. Cependant les couleurs utilisées pour les poutres travaillées et les colonnes étaient très riches. Un grand nombre de bâtiments avaient des tuiles noires et des murs blancs.
La poterie
La poterie chinoise et les objets en laque emploient des couleurs plus intenses. L’invention de diverses patines colorées a donné à ces articles une brillance et une apparence lustrée. Du célèbre Tang-SanCai (poterie vernie aux trois couleurs de la dynastie Tang) à la poterie vernie aux cinq couleurs, des articles vert pâle aux articles vernis blanc, de la porcelaine blanche et bleue aux lustres en céramique colorés, les différentes couleurs jouent un rôle principal dans leur beauté. La poterie colorée chinoise antique et la poterie noire représentent la première percée technologique de la poterie de l’ancienne Chine. Les articles en laque et les textiles chinois ont également présenté des modèles exquis et des couleurs magnifiques. Pendant la période des États Guerriers, la décoration des objets laqués a atteint un niveau sans précédent.
La tradition chinoise
Dans la tradition folklorique chinoise, la culture de la couleur est encore plus riche. Le jaune est la couleur des empereurs. Les palais royaux, les autels royaux et les temples royaux emploient souvent la couleur jaune. Le jaune représente également le fait d’être exempt de soucis mondains. Par conséquent c’est également une couleur respectée dans le bouddhisme. Les vêtements des moines sont jaunes et les temples sont également jaunes.
Le rouge est l’une des couleurs aimées des Chinois. Dans la célébration de la nouvelle année, des vacances et lors des rassemblements, la couleur rouge est une obligation. Le pourpre est la couleur d’un présage de bon augure et d’une solennité adéquate. Parmi les Chinois, il existe l’expression « moineaux pourpres dans les poutres, portent la boue à deux, ils vont et ils viennent. ». Le blanc est la couleur du deuil. Les Chinois des temps anciens portaient des vêtements blancs et un chapeau seulement quand ils pleuraient leurs morts. Cette tradition est encore pratiquée aujourd’hui.
Dans la culture chinoise, on le voit donc, les relations entre la couleur et le métier à tisser, la couleur et l’art, la couleur et la poésie, la couleur et les coutumes étaient étroitement liées et inaltérables. Dans les temps modernes, particulièrement après les périodes sombres de la révolution culturelle, la couleur rouge a commencé à être associée au sang, à la violence, aux actions radicales et au danger.
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