Les gens viennent à Rome de tous les coins du monde, parce que son histoire comprend à la fois la soumission et le service du monde, que ce soit au niveau militaire, religieux ou culturel. Rome nous montre comment on peut vivre confortablement dans un village tout en habitant une capitale mondiale, combien une petite vie reflète une vie plus grande, et combien nous ressemblons à nos ancêtres.
Découvrir Rome, c’est aussi découvrir que nous sommes Romains, car une grande partie de notre patrimoine vient en fait de cette ville. Sans cette ville, l’Amérique et la France auraient été différentes. Tout aurait été différent sans Rome.
On appelle parfois Rome « urbs aeterna », ce qui se traduit du latin par « ville éternelle ». C’est une ville éternelle en vertu de tout ce qu’elle contient et de tout ce qu’elle évoque. C’est pourquoi un vrai Romain ne veut jamais quitter sa ville. Son zèle est une passion pour sa ville, remplie des hauts et des bas proverbiaux, de la joie et de la douleur.
Un bon endroit pour se faire une idée de cette réalité éternelle est le Bistro Coronari sur la Via dei Coronari, derrière la piazza Navona (place Navone). Les barmans locaux sont toujours prêts à discuter et proposent un cocktail de vin rouge inoubliable, le « spritz d’hiver ».
Ma femme et moi nous y sommes assis récemment et avons écouté Chamelia décrire les changements dont elle a été témoin à Rome au cours des dernières décennies. Les plus frappants ont été les restaurations en vue du Jubilé de l’an 2000, incluant le nettoyage et l’illumination des monuments les plus importants.
Depuis lors, le tourisme n’a fait qu’augmenter. La haute saison ne se limite plus à Pâques et aux mois d’été, mais commence en février et se termine en novembre. Cela a impliqué des changements dans l’organisation de la ville. Le trafic lourd a notamment été chassé des parties les plus denses du centre-ville. Pour voir ce phénomène de la meilleure façon, flânez un soir, à l’abri de la circulation, depuis le Colisée illuminé, le long de la Via Fori dei Imperiali (rue de l’Empire) jusqu’à la piazza Venezia (place de Venise), où le grand monument de Victor Emmanuel II célébrant l’unification de l’Italie domine la place. De là, descendez la célèbre Via del Corso jusqu’aux panneaux indiquant la fontaine de Trevi. Vous y assisterez alors à une célébration de création, de restauration et d’illumination. Dînez à l’une des tables du Ristorante Trevi, demandez Enzo, et il vous fera partager son amour de la ville.
Les places en plein air ont augmenté partout. Là où un café n’avait auparavant que cinq tables à l’extérieur, on y trouve maintenant cinq rangées de tables. Un bar qui était fermé pendant tout le mois de janvier est maintenant ouvert. Les nouveaux magasins de vêtements, les supérettes chinoises, les pubs britanniques et les chaînes de restauration rapide se sont tous multipliés, même à l’extérieur des quartiers les plus centraux. De nouvelles zones de la ville ont commencé à voir un afflux de tourisme, n’ayant cessé qu’un moment en raison des confinements actuels.
Dans les années 1990, la sieste de l’après-midi était encore strictement respectée.
« C’était comme une loi naturelle », raconte l’un de mes barmans.
Tous les commerces fermaient pour le déjeuner. Ils étaient fermés le lundi matin et plusieurs magasins d’alimentation n’ouvraient jamais après la sieste du jeudi, car le vendredi était un jour de jeûne catholique. Par conséquent, les restaurants servaient traditionnellement des gnocchi – des pâtes aux pommes de terre – à leurs clients le jeudi soir, afin de satisfaire leurs clients qui jeûneraient le lendemain. Le poisson figurait toujours au menu le vendredi. (Et la pizza ne se mangeait qu’à la pizzeria, et seulement le soir, car aucune pizzeria n’allumait son four à bois deux fois dans la même journée). C’était un rythme pérenne, chrétien. Puis, après l’an 2000, les Romains ont soudainement vu une affiche dans la vitrine d’une pizzeria, disant : « Aperto anche a pranzo ! » (Ouvert aussi le midi !) C’était un sujet de conversation important pour les Romains, qui comprenaient que les temps changent avec la mondialisation, au sens propre comme au sens figuré.
Mais il y a toujours plus de cafés et d’entreprises familiales que de supermarchés. Rome conserve ses coutumes. Les Romains se saluent encore par la formule latine « Salve » dans le bus, devant un espresso, au bureau de poste. La langue italienne est elle-même une tradition où les mots sont encore liés à la réalité commune.
« Aucun mot n’est un mot s’il ne signifie rien », disait saint Jérôme, et même dans la conversation courante, il y a une compréhension incarnée que l’humanité est composée à la fois du corps et de l’esprit.
Bien avant le concept de village global, Rome avait déjà enseigné à l’Occident qu’il existait un lien entre la ville et le monde, entre les préoccupations quotidiennes et les événements mondiaux, entre le droit, la religion, la politique et le divertissement, et même les pandémies. La ville nous apprend à voir l’universel dans le particulier, à vivre l’universel dans chaque individu. La ville a été construite de cette manière. Elle ne changera pas avec les changements extérieurs, que ce soit la guerre ou une épidémie. Chaque jour, des messes seront offertes pour les vivants et les morts, et les archéologues partageront les dernières nouvelles de l’Antiquité. Malgré les événements actuels, touristes et pèlerins continuent d’arriver en 2021.
À Rome, on fait comme les Romains, dit l’adage. Nous venons redécouvrir notre identité, en foulant les mêmes pavés, à la poursuite de réponses pour toutes ces questions auxquelles la ville éternelle a toujours été conçue pour répondre, une génération après l’autre.
Wilhelm Höjer
Le journaliste Wilhelm Höjer, d’origine suédoise, a étudié la philosophie et le journalisme à l’Angelicum de Rome. En 2020, il a commencé à enseigner à l’école chrétienne classique Lindisfarne Hall sur Amelia Island, où il vit avec sa femme Sally et leur fils Crispin.
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