Début octobre, en Irak, le groupe terroriste Daesh a lancé sa première attaque avec une bombe attachée à un drone civil, tuant deux combattants kurdes et blessant deux membres des forces spéciales françaises. Peu après, les talibans ont diffusé une vidéo de propagande, filmée avec un drone, montrant une voiture piégée détruisant un poste de police afghan dans la province de Helmand.
Ces incidents, entre autres, témoignent d’une nouvelle dimension de la guerre moderne. Sur le champ de bataille contemporain, des produits en vente libre fournissent aux terroristes des moyens technologiques sophistiqués.
Ces produits « peuvent donc être transformés en armes et utilisés contre des forces nationales », explique Robert J. Bunker, professeur auxiliaire de recherche au Strategic Studies Institute du U.S. Army War College.
Dans les guerres d’Irak et d’Afghanistan, les forces rebelles, ne faisant pas le poids, se sont souvent tournées vers les IED (engins explosifs improvisés) comme leurs armes de choix.
Selon USA Today, en 2013, ces engins avaient causé entre la moitié et les deux tiers de tous les décès et blessures des troupes américaines en combat.
« Peu à peu, nous voyons que les IED ne représentent plus que des menaces statiques », affirme M. Bunker. « Ils deviennent plutôt des armes autonomes qui vont rechercher elles-mêmes des troupes et tenter de tuer. […] Cela devient un tournant important sur le champ de bataille. »
Pour les soldats sur le terrain, cela veut aussi dire que l’adoption de nouvelles mesures pour contrer des drones aériens devient une nécessité de base.
Actuellement, les soldats doivent souvent tenter de descendre les drones en utilisant des armes à feu ordinaires. « C’est ce que les forces kurdes font depuis un certain temps maintenant », fait remarquer M. Bunker.
Mais alors que les conflits se déplacent vers les centres urbains et que Daesh attache des bombes aux drones, M. Bunker affirme que « limiter les dommages collatéraux envers les civils devient une priorité » et que descendre les drones n’est peut-être plus une option viable.
Parmi les quelques possibilités, on entraîne des faucons à attraper les drones en plein vol. Il existe aussi des canons qui tirent un filet dans les airs et des fusils spécialisés qui peuvent prendre contrôle des appareils pour les forcer à atterrir.
La solution à court terme pourrait ressembler à ce qui est fait en Finlande, où la technologie antidrone est mise en place à des endroits critiques pour empêcher les appareils de voler dans les couloirs empruntés par les avions de ligne, pour éviter que les prisonniers reçoivent des livraisons de drogue et de téléphones portables, et pour détecter ceux qui pourraient utiliser des drones pour espionner les édifices gouvernementaux.
La technologie utilisée en Finlande appartient à l’entreprise Sensofusion. Selon Kaveh Mahdavi, directeur des opérations de Sensofusion, les gouvernements du monde entier visitent actuellement les sites de la société finlandaise afin de voir ses produits en action.
Les appareils Airfence de Sensofusion sont capables de suivre, de désactiver et de prendre contrôle des systèmes aéronautiques sans pilote (Unmanned Aerial Systems – UAS). La technologie utilise trois installations d’antennes qui balayent toutes les ondes non chiffrées dans un large périmètre, ce qui comprend plusieurs types d’appareils utilisant les fréquences radio, dont les UAS.
« Nous sommes en mesure de balayer toutes ces choses », indique M. Mahdavi, soulignant que c’est seulement après avoir détecté un drone qui représente une menace potentielle qu’ils peuvent en prendre le contrôle et le forcer à atterrir.
Bien entendu, cette technologie vient avec ses bons et mauvais côtés. La sécurité est un bienfait, contrairement aux atteintes à la vie privée. Cette technologie qui balaye les ondes peut capter les signaux des téléphones mobiles et des connexions Wifi ainsi que suivre l’emplacement des appareils.
Tandis que M. Mahdavi souligne que son entreprise ne pirate pas d’appareils, se conformant aux lois locales, elle peut détecter les téléphones portables utilisés par les opérateurs de drones, ce qui peut aider à les identifier si la police doit effectuer une arrestation. Selon lui, ce genre de technologie pourrait bientôt se retrouver partout et pas seulement en raison de la menace grandissante venant des drones, mais parce que les gouvernements installent de plus en plus de technologie « intelligente » dans les villes.
Renseignements sur le champ de bataille
Tandis que Daesh a récemment utilisé un drone pour tuer deux combattants kurdes en Irak, les appareils sont utilisés davantage par les groupes – dont Daesh, les forces rebelles et autres milices – pour collecter des renseignements sur le terrain. En faisant voler les appareils au-dessus du champ de bataille, les utilisateurs peuvent obtenir des informations qui étaient auparavant seulement disponibles aux armées sophistiquées.
Contrebande
Les prisonniers aux États-Unis et ailleurs reçoivent des marchandises de contrebande, dont des portables et de la drogue, livrés par des contacts de l’extérieur grâce à des drones. En avril dernier, une caméra de sécurité à Londres a détecté un drone volant à la fenêtre d’un prisonnier pour lui livrer des stupéfiants, selon le Washington Post. L’année dernière, une bagarre a éclaté dans une prison de l’Ohio après qu’un drone a livré de l’héroïne dans la cour du pénitencier.
Armes
Les drones civils peuvent aussi être dotés de bombes ou de fusils. Les groupes terroristes n’ont pas pour le moment connu un grand succès dans ce genre d’attaque. Daesh a effectué plusieurs tentatives de bombes téléguidées, mais n’a réussi que dernièrement lorsque l’engin a explosé après avoir été descendu et récupéré par les forces kurdes et françaises.
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