L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de 2024, a été inculpé par un juge qui a ordonné son placement en détention lundi notamment pour « appels à l’insurrection et complot » contre l’État, a annoncé à l’AFP un de ses avocats. Une annonce qui a provoqué quelques protestations devant l’ambassade du Sénégal à Paris.
M. Sonko, 49 ans, investi candidat par son parti, voit ainsi s’ouvrir une troisième procédure judiciaire à son encontre, qui risque de compromettre encore davantage sa participation à l’élection présidentielle de février 2024.
L’opposant avait été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l’état, soulignent ses avocats et des juristes. Il avait été condamné le 8 mai à six mois de prison avec sursis à l’issue d’un procès en appel pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour l’élection. Mais il n’a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.
« Huit infractions »
Ousmane Sonko « a été inculpé et placé sous mandat de dépôt » par un juge d’instruction du tribunal de Dakar qui l’a auditionné, a indiqué lundi à l’AFP Me Ousseynou Ngom. « Huit infractions » lui sont reprochées, a indiqué à la presse Cheikh Koureissy Bâ, un autre de ses avocats. L’infraction « diffusion de fausses nouvelles » s’est ajoutée aux sept déjà reprochées par le parquet au plus farouche opposant du président Macky Sall, lors de son placement en garde à vue vendredi.
Le procureur Abdou Karim Diop du tribunal de grande instance de Dakar l’avait accusé vendredi d’« appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’État, actes et manœuvre à compromettre la sécurité publique et vol » de téléphone portable d’une gendarme. « C’est une farce », a affirmé à la presse Ciré Clédor Ly, un autre avocat de M. Sonko. L’opposant poursuivait lundi sa grève de la faim qu’il a entamée vendredi, a déclaré à la presse Me Cheikh Koureissy Bâ.
M. Sonko avait été arrêté vendredi après avoir affirmé sur les réseaux sociaux que les forces de sécurité présentes devant son domicile l’avaient filmé. Il a précisé avoir « personnellement arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et d’effacer les images qu’elle a prises », ce que cette dernière a refusé de faire. Des gendarmes étaient ensuite intervenus et l’avaient arrêté. Il a régulièrement accusé le président Macky Sall de comploter pour l’écarter de la présidentielle de 2024. Le chef de l’État sénégalais, élu en 2012 pour sept ans puis réélu en 2019 pour cinq ans, s’en est défendu. Il a annoncé le 3 juillet qu’il ne se présenterait pas à ce scrutin.
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