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Soldes d’hiver en plein grand froid: les petits commerçants désabusés

janvier 10, 2024 10:00, Last Updated: janvier 10, 2024 10:16
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Les soldes d’hiver lancés mercredi, trop rapprochés du Black Friday, noyés parmi les « promotions permanentes » et alors que le froid qui s’abat sur la France aurait pu pousser les consommateurs à acheter des vêtements non bradés, ne font plus rêver les petits commerçants.

Les collections d’hiver auraient pu bénéficier de « tout le mois de janvier au moins et d’une bonne partie du mois de février pour se vendre normalement, au juste prix », se désole Pierre Talamon, président de la Fédération nationale de l’habillement (FNH) auprès de l’AFP.

Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI), estime que ces soldes sont « dénaturés » et que « les commerçants n’en attendent plus grand-chose ».

Proposition de reculer la date des soldes

Tous deux demandent au gouvernement de reculer la date des soldes. Ceux d’hiver, lancés dans la plupart des départements français mercredi et qui doivent s’achever le 6 février, interviennent trop rapidement après le Black Friday et les ventes privées d’après Noël, juge M. Sanchez.

Ces vagues de promotions successives bénéficient surtout « aux grandes enseignes » et devraient être mieux encadrées, selon le responsable de ce syndicat qui fédère 25.000 petites entreprises.

Cette « dérégulation complète » crée une « forme d’anarchie » qui pénalise le commerce de proximité, rejoint Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France qui s’agace de ces « promotions permanentes ». « Nous, les indépendants, on ne peut plus fonctionner comme ça car nous n’avons pas la marge bénéficiaire pour faire des promotions tout le temps », estime-t-il. Les soldes n’attirent plus le consommateur, « lassé » des rabais incessants, qui n’a plus de prix de référence auquel se fier, constate M. Talamon.

Un budget moins élevé pour 60% des Français

Selon un sondage Ifop pour la plateforme Spartoo, près de 60% des Français envisageraient de renoncer aux soldes d’hiver cette année ou d’y consacrer un budget moins élevé. Reculer la date des soldes d’hiver et d’été, les supprimer purement et simplement, instaurer une ou deux semaines de rabais à la fin de chacune des quatre saisons, encadrer plus drastiquement les autres évènements promotionnels…

Ces propositions diverses et variées agitent le Conseil national du commerce (CNC), instance créée à l’initiative de la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire, et qui s’est réuni deux fois au sujet des soldes en 2023, selon son cabinet.

Un arrêté pris en application de la loi Pacte fixe les dates des soldes au deuxième mercredi du mois de janvier pour ceux d’hiver et au quatrième mercredi du mois de juin pour ceux d’été, ce qui a fait l’objet d’un « consensus », rappelle le cabinet d’Olivia Grégoire à l’AFP. « On n’est pas contre le fait que le dossier soit rouvert mais il faut un minimum de propositions partagées. Et là, on ne peut pas dire que ce soit le cas », souffle-t-on du côté du cabinet de la ministre.

« Divergences importantes entre petits commerçants », mais aussi entre « des enseignes qui souhaiteraient plutôt un modèle comme à l’étranger, avec des soldes qui démarrent immédiatement, et des indépendants et multi-marques qui veulent des soldes le plus tard possible », le compromis semble loin, explique le cabinet d’Olivia Grégoire.

Des « enjeux » plus importants

D’autant que certains estiment que le système « est presque le moins pire proposé » et prônent « le statu quo et le maintien du calendrier habituel » comme l’Alliance du Commerce, qui regroupe grands magasins et importantes enseignes de l’habillement et de la chaussure.

Moment certes « très important pour la consommation et les commerçants », les soldes ne doivent pas devenir « l’alpha et l’oméga du commerce, il y a des enjeux qui sont beaucoup plus importants et structurants » comme l’expérience magasin et la transition écologique, estime encore le cabinet de la ministre Olivia Grégoire.

Le secteur de la mode (commerce et industrie) représente en France 150 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, 580.000 emplois et rapporte 36 milliards de TVA à l’État, selon la FNH.

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