Les pays de l’Asie-Pacifique (Apec), qui représentent 60% de la richesse mondiale, se réunissent au Vietnam pour leur forum annuel, qui aura pour point fort le discours de Donald Trump, dont les positions protectionnistes donnent des sueurs froides aux dirigeants de la région.
Le président américain est attendu vendredi dans la ville de Danang, dans le centre du Vietnam, l’une des étapes de son premier voyage en Asie, le plus long dans la région d’un chef d’État américain depuis un quart de siècle.
Trump, dont la doctrine est l' »Amérique d’abord », déclinera devant le Forum de l’Apec, sa vision pour « une région Indo-Pacifique libre et ouverte ».
Le président américain, ses homologues chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine, ainsi que le Premier ministre japonais Shinzo Abe figurent parmi les invités de marque de cette réunion au sommet qui se déroulera vendredi et samedi.
Mercredi et jeudi, c’est d’abord au tour des ministres des Affaires étrangères de se retrouver.
L’Apec, dont les 21 États rassemblent 40% de la population mondiale, compte des membres aussi divers que la Russie, le Pérou ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Le président américain veut « s’assurer que les gouvernements ne subventionnent pas injustement leurs industries, ne discriminent pas les entreprises étrangères ou ne restreignent pas les investissements étrangers », a expliqué le général H.R. McMaster, son conseiller à la sécurité nationale.
Les déficits commerciaux des États-Unis sont l’un des principaux chevaux de bataille de Trump, qui y voit une menace sur les emplois sur le sol américain.
C’est d’ailleurs ce qui avait motivé le retrait abrupt des États-Unis de l’accord de libre-échange Asie-Pacifique (TPP) qui a désarçonné nombre de pays signataires, Japon et Vietnam en tête.
Cet accord, conclu en 2015 par 12 pays représentant 40% de l’économie mondiale, était vu par ses défenseurs comme un indispensable contrepoids à l’influence grandissante de la Chine.
« Trump a déjà beaucoup concédé à Xi Jinping », décrypte Carl Thayer, de l’université australienne de New South Wales, interrogé par l’AFP.
La Chine, qui avait été exclue du TPP, devrait en profiter pour refaçonner le paysage des échanges économiques en Asie en poussant ses propres traités commerciaux.
« De nombreux alliés des Américains attendent des assurances de la part de Washington montrant que les États-Unis vont rester présents et investis dans la région. Ils veulent des clarifications », explique de son côté Alexander Capri de l’Université nationale de Singapour.
« Ce sera intéressant de voir comment Trump passe de Pékin – où la visite sera probablement surtout cérémonielle et positive – à Danang où il doit faire un discours qui pourrait être perçu comme antichinois », souligne David Dollar de la Brookings Institution.
De leur côté, les anciens partenaires des États-Unis au sein du TPP ont décidé d’avancer.
De nombreux « signes positifs » montrent qu’un accord pourrait être conclu, un TPP à 11 pays, sans les États-Unis, d’après une source diplomatique.
Le Japon pousse pour cet accord avec le mince espoir que cela mette Washington sous pression et qu’éventuellement Trump fasse machine arrière, affirme une autre source.
« Les États-Unis devraient repenser leur position mais je suppose que cela ne fera pas sous cette administration », estime auprès de l’AFP Deborah Elms, du Centre asiatique pour le commerce.
« Cela pourrait arriver une fois l’accord conclu et quand les entreprises américaines, notamment les plus petites et celles du secteur agricole, seront en difficulté », ajoute-t-elle.
Mais l’économie ne sera pas la seule dominante du passage de Donald Trump à Danang.
Souhaitant son « aide sur la Corée du Nord », le président américain a prévu, en marge du sommet, de rencontrer Vladimir Poutine alors qu’aux États-Unis l’enquête russe s’est spectaculairement accélérée.
Mercredi, depuis Séoul, le président américain a adressé un avertissement à la « dictature cruelle » de Pyongyang, en l’appelant à ne jamais « sous-estimer » la détermination des États-Unis et de ses alliés.
« Toutes les Nations responsables doivent unir leurs forces pour isoler le régime brutal de Corée du Nord », a-t-il lancé à la tribune de l’Assemblée nationale sud-coréenne.
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