Surveiller l’arbre en attendant le lapin (守株待兔)

L’expression chinoise 守株待兔 (shŏu zhū dài tù) signifie littéralement « surveiller l’arbre en attendant le lapin ».

L’expression est utilisée pour décrire une personne qui reste dans l’attente absurde d’une opportunité invraisemblable au lieu d’entreprendre le nécessaire pour la voir se concrétiser, ou pour décrire une personne qui reste assise tout en espérant profiter des efforts d’autrui.

L’expression provient d’une histoire présente dans le livre Han Feizi écrit par Han Fei (280-233 av. J.-C.) un des premiers philosophes légalistes en Chine.

Dans le royaume de Song, durant la Période des Printemps et Automnes (770-476 av. J.-C.), vivait un fermier qui avait un arbre dans son champ. Chaque fois qu’il était fatigué d’avoir travaillé, il se reposait sous l’arbre.

Un jour, alors qu’il travaillait dans son champ, un lapin affolé est soudain passé à côté de lui, il a percuté aveuglément l’arbre et a péri, la nuque brisée. Le fermier content a ramassé le lapin, envisageant de le ramener à la maison pour en faire un ragoût au souper.

Depuis lors, le fermier a abandonné sa charrue et n’a plus jamais retravaillé dans son champ. Il attendait près de l’arbre espérant qu’un autre lapin le percute et meurt. Cependant cette situation ne s’est pas répétée et le fermier a été tourné en ridicule. Ses champs sont restés en friche et il a fini par ne plus rien avoir.

L’expression chinoise « surveiller l’arbre en attendant le lapin » est semblable à l’expression anglaise « attendre que quelque chose tombe à ses genoux » ou française « attendre que quelque chose vous tombe tout cuit dans le bec ». Cela laisse entendre que la personne compte sur la chance ou espère gagner quelque chose sans faire d’effort.

Note :

1. Le livre Han Feizi (韓非子hán fêi zí ) comporte 55 chapitres détaillant la philosophie politique de Han Fei. Ce livre est précieux par l’abondance des anecdotes relatives à la Chine de cette époque.