Plusieurs dizaines d’avions militaires et 10 navires de guerre ont été détectés près des côtes de Taïwan, ont indiqué jeudi les autorités de l’île qui ont fait état de manœuvres militaires chinoises dans cette zone.
Selon le ministère taïwanais de la Défense, ces appareils effectuent un « entraînement maritime et aérien conjoint » dans le Pacifique occidental. Le ministère a ajouté dans un communiqué que 68 avions et 10 navires de l’armée chinoise avaient été détectés entre mercredi matin et jeudi matin près de l’île.
Ces appareils se dirigeaient vers le Pacifique occidental pour rejoindre le porte-avions chinois Shandong dans le cadre d’un entraînement, selon le ministère taïwanais de la Défense. Le Shandong est l’un des deux porte-avions opérationnels de la flotte chinoise. Il avait été détecté lundi à environ 60 milles nautiques (111 kilomètres) au sud-est du point le plus méridional de l’île.
Intensification des tactiques de « zone grise » de la Chine
Le ministère japonais de la Défense a également annoncé mercredi que six navires – dont des frégates, des destroyers, un navire rapide de soutien au combat et le Shandong – naviguant dans des eaux situées à 650 kilomètres au sud de l’île de Miyakojima, qui se trouve à l’est de Taïwan, avaient été détectés par sa marine. Des avions de chasse et des hélicoptères ont aussi été repérés en train de décoller et d’atterrir à partir du Shandong, selon cette source.
Taipei a mis en garde cette semaine la Chine, estimant qu’elle avait intensifié ses tactiques dites de « zone grise » contre Taïwan pour faire pression sur l’île – une expression utilisée par les analystes militaires pour décrire les actions agressives d’un État qui frôlent la guerre ouverte.
« Une pression croissante sur Taïwan »
L’armée chinoise « a été chargée de développer des moyens pour prendre le contrôle de Taïwan », a affirmé une experte. « Ces manœuvres militaires visent à développer et à mettre en pratique ses capacités », selon Bonnie Glaser, spécialiste de la Chine au sein du German Marshall Fund à Washington. « Nous devons nous attendre à ce que cette tendance se poursuive, avec une pression croissante sur Taïwan ». Pékin n’a jusqu’à présent pas fait de commentaires sur ces manœuvres.
Samedi, un porte-parole militaire chinois avait déclaré que ses soldats restaient « constamment en état d’alerte élevée » après le passage de deux navires américain et canadien par le détroit de Taïwan. La marine américaine a déclaré qu’il s’agissait d’un destroyer lance-missiles de classe Arleigh Burke, l’USS Ralph Johnson, et de la frégate HMCS Ottawa, soulignant que ce transit « démontre l’engagement des États-Unis, de leurs alliés et de leurs partenaires en faveur d’une région ‘‘indo-pacifique’’ libre et ouverte ». Les États-Unis et ses alliés occidentaux ont accru leurs passages dans la région en vertu de la « liberté de navigation », en passant par le détroit de Taïwan et la mer de Chine méridionale, suscitant la colère de Pékin.
Pékin a de son côté intensifié ses menaces et les pressions politiques et économiques sur Taïwan depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen, qui considère l’île comme indépendante. En avril, Pékin avait mené des exercices militaires simulant un encerclement de l’île, après une rencontre entre la présidente taïwanaise et le président de la chambre des Représentants américaine Kevin McCarthy en Californie.
Taïwan avait alors détecté 71 avions de combat en 24 heures, égalant un déploiement record atteint en décembre 2022. En août 2022, l’armée chinoise avait lancé d’importantes manoeuvres militaires autour de Taïwan après la visite de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des Représentants au Congrès américain.
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