Dire que j’ai été « fasciné » et « captivé » par « l’animateur licencié de Fox News », comme il se qualifie lui-même avec humour, Tucker Carlson, lors de son interview du président russe Vladimir Poutine, relèverait de l’euphémisme.
Une interview comme je n’en ai jamais vu, qui semble plus sortie d’un roman, d’une pièce de Bertolt Brecht ou d’une rencontre tirée des pages de Léon Tolstoï ou de Fiodor Dostoïevski.
Pendant plus de deux heures, nous avons eu un aperçu en temps réel du raisonnement et de la personnalité d’un dictateur, certes souvent impitoyable, mais encore populaire, dans une large mesure, dans son propre pays.
Jusqu’à présent, combien d’opportunités avons-nous eu de voir son vrai visage?
Jamais, je pense.
Ceux qui critiquent Carlson et lui reproche de nous avoir offert une telle opportunité font preuve soit d’un manque total de respect pour l’intelligence du public, ce qui est assez courant chez nos politiciens et nos experts, ou bien ont une animosité personnelle à son égard – de la jalousie, par exemple.
Regarder et écouter Poutine suscite un certains nombre de réactions complexes. On hésite et on se demande si l’on a affaire à un sociopathe ou un séducteur, mais ce genre de ressenti contradictoire est typique de ce qu’un esprit adulte doit être capable de gérer.
Comme nous sommes amis, j’ai envoyé un SMS de félicitations à Tucker Carlson après avoir vu l’interview. Je pense que je peux raisonnablement vous communiquer ce qu’il m’a répondu car je pense que c’est quelque chose qu’il n’aurait aucun problème à dire en public. De plus, à notre époque, quiconque pense que ses SMS sont privés se fait des illusions.
Il a répondu: « Merci. C’était fascinant. Je réfléchis encore à ce que cela signifie ».
Je suis certain que beaucoup de téléspectateurs ont eu la même réaction.
Poutine, selon ses propres souhaits, a commencé par une présentation d’une demi-heure sur l’histoire de l’Europe de l’est, qu’il a appelée pour des raisons évidentes « les terres russes ». C’était à la fois ennuyeux, fastidieux, mais aussi fascinant.
Cette confusion des genres se lisait sur le visage de son interlocuteur.
Si Poutine ne semblait pas le moins du monde sénile – contrairement à qui vous savez – il donnait parfois l’impression de toucher la folie de près.
Ses explications pour justifier les attaques russes contre l’Ukraine auprès de l’opinion publique américaine et d’une grande partie du monde occidental étaient, elles-aussi, contradictoires. Parfois logiques, souvent sur la défensive, et parfois fausses.
En fait, la seule chose qu’il veut, c’est reprendre les « terres russes ». Il a insisté sur le fait qu’il n’irait pas plus loin que certaines régions, non spécifiées, de l’Ukraine, probablement la région du Donbass, et il a affirmé que l’idée de s’attaquer au reste de l’ancienne Union soviétique – la Lituanie, la Lettonie etc – était ridicule.
Franchement, je crois qu’il est sincère sur ce dernier point, car, comme le peuple russe, il en a assez de cette guerre.
Mais ce qui est intéressant dans cette interview, c’est que Poutine estime que la véritable bataille entre les nations ne se joue pas entre leurs dirigeants, temporaires et passagers, mais entre leurs agences de renseignement.
Ancien agent du KGB, il a avancé l’idée que la CIA avait joué un rôle dans le renversement des dirigeants ukrainiens et que, par conséquent, celle-ci était involontaire responsable de la guerre qui a suivi.
Doit-on le croire?
Disons-le d’emblée : non.
Il serait intéressant d’entendre ce que le candidat à la présidence américaine, Robert F. Kennedy Jr., a à dire à ce sujet, car ses critiques à l’égard de la CIA, notamment dans l’affaire de l’assassinat de son oncle, John Fitzgerald Kennedy, sont bien connues.
Quelqu’un devrait lui demander s’il a vu l’interview.
De façon intéressante, Poutine a également affirmé que Bill Clinton avait, à son époque, envisagé l’idée d’une adhésion de la Russie à l’OTAN, mais qu’il avait changé d’avis « sur les conseils de son équipe ».
Vrai ou faux ? Allons-nous entendre Clinton s’exprimer sur le sujet? Le croirions-nous ?
Comme l’a dit notre animateur, « je réfléchis encore à ce que cela signifie ».
À la fin de l’interview, Tucker Carlson a lancé un appel à Poutine, l’exhortant à libérer le journaliste du Wall Street Journal, Evan Gershkovich, incarcéré depuis un an, que les Russes accusent d’espionnage.
Poutine a hésité, puis il a semblé opter en faveur d’une libération. Si cela se produit, Tucker Carlson aura au moins marqué un point.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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