Les dirigeants des Vingt-Sept débattront lundi soir à Bruxelles de l’attribution des « top jobs », les plus hauts postes de l’UE, dont la possible reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission, dans la foulée des élections européennes.
Cette réunion informelle est un premier rendez-vous pour les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’UE après ce scrutin des 6-9 juin marqué par une poussée de la droite nationaliste dans plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne. Un Conseil européen est prévu les 27 et 28 juin mais un consensus paraît déjà émerger sur les quatre principaux postes de l’UE.
« Une majorité politique est en train de se former »
« Je pense que les choses peuvent avancer efficacement. En tout cas, c’est mon souhait. J’irai lundi dans cet esprit là », a déclaré vendredi le Président Emmanuel Macron lors du sommet du G7 en Italie, où il s’est entretenu avec Olaf Scholz et Ursula von der Leyen.
Même son de cloche du côté du chancelier allemand : « Une majorité politique est en train de se former. J’ai le sentiment qu’il ne sert à rien de traîner, et que les choses peuvent être décidées rapidement », a déclaré Olaf Scholz samedi à la chaîne ARD.
La réunion de lundi doit débuter à 18h00 (16h00 GMT). La présidente de la Commission européenne participera au début des discussions des dirigeants mais s’éclipsera au moment du dîner, où sera abordée la question des « top jobs », dont le sien.
Ursula von der Leyen est bien placée pour se succéder à elle-même, en tant que candidate du Parti populaire européen (PPE, droite), la famille politique arrivée en tête des élections avec 190 sièges (+14) dans le nouveau Parlement, selon des résultats encore provisoires.
La désignation de l’Allemande de 65 ans, issue de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), n’est toutefois pas automatique : elle a besoin de recueillir une « majorité qualifiée » d’au moins 15 pays, représentant 65% de la population européenne.
Au sein du Conseil européen, le PPE compte une douzaine de dirigeants. Le soutien d’Emmanuel Macron, dans le camp des centristes et libéraux, ainsi que d’Olaf Scholz, issu de la famille des sociaux-démocrates, est crucial. Les deux hommes sont sortis affaiblis des élections européennes : leurs partis ont enregistré une déroute face à la droite nationaliste, qui a mené en France à la convocation de législatives anticipées.
À l’inverse, renforcée par ce scrutin, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, appartenant à la droite nationaliste, pourrait avoir intérêt à ne pas se prononcer trop tôt sur les « top jobs » et à attendre d’y voir plus clair sur la constitution des groupes au Parlement européen afin de négocier des postes pour sa famille politique, estiment des diplomates. Son groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) a obtenu 76 sièges, quatre de moins que Renew Europe (comprenant le parti Renaissance d’Emmanuel Macron), mais pourrait voir ses rangs étoffés par un certain nombre d’eurodéputés qui comptent actuellement parmi les quelque 90 non inscrits.
Le vote des eurodéputés décisif
Si elle est effectivement choisie par les dirigeants, Ursula von der Leyen devra ensuite être adoubée par une majorité absolue de 361 eurodéputés nouvellement élus. En 2019, elle avait été élue de justesse, avec 9 voix d’avance.
L’actuel président du Conseil européen – chargé d’organiser et de diriger les sommets des dirigeants des pays membres, le Belge Charles Michel, qui entretient des relations notoirement difficiles avec Ursula von der Leyen, quitte ses fonctions. Les sociaux-démocrates, qui constituent le deuxième groupe politique au Parlement européen, revendiquent ce poste et l’ancien Premier ministre portugais Antonio Costa est pressenti. Le socialiste de 62 ans fait l’objet d’une enquête pour trafic d’influence qui a provoqué sa démission du gouvernement portugais en novembre, mais nombre de diplomates jugent que cela n’est pas un obstacle insurmontable dans la mesure où les soupçons à son égard semblent se dissiper.
Également en jeu, le poste de Haut représentant pour les affaires étrangères était jusqu’à présent occupé par le socialiste espagnol Josep Borrell, qui se retire à 77 ans. La Première ministre estonienne Kaja Kallas semble favorite pour lui succéder. Cette libérale de 46 ans serait la seule Européenne de l’Est parmi les titulaires des « top jobs ». La dirigeante s’est fait connaître par un soutien sans faille à l’Ukraine dans la guerre déclenchée par la Russie, pays frontalier de l’Estonie.
À la tête du Parlement européen depuis janvier 2022, la Maltaise Roberta Metsola (PPE), 45 ans, devrait sauf surprise rempiler, pour un mandat de deux ans et demi.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.