Un accident nucléaire majeur pourrait avoir lieu dans la centrale ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les forces russes depuis le mois de mars et bombardée par les forces ukrainiennes. Les experts nucléaires alertent du risque d’un scénario « à la Fukushima » avec fusion des cœurs des réacteurs pour cause d’arrêt des systèmes de refroidissement. Les conséquences « dépendront des vents dominants » préviennent‑ils, c’est‑à‑dire – en particulier en cas d’explosion – de la direction que prendront les particules radioactives. Signe de la gravité de la situation, Vladimir Poutine a eu un contact direct avec Emmanuel Macron le 19 août, alors que les deux dirigeants n’avaient plus communiqué depuis des mois. Le dirigeant russe, qui demandait une visite sur place des inspecteurs de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), a accepté que celle‑ci soit menée sous contrôle ukrainien.
Vladimir Poutine a pendant cet entretien « souligné que le bombardement systématique par les militaires ukrainiens de la centrale nucléaire de Zaporijia crée un danger de catastrophe de grande envergure qui pourrait conduire à la contamination radioactive de vastes territoires ». Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a répondu que si catastrophe nucléaire avait lieu, elle serait à imputer à l’occupation de la centrale par les forces russes. On peut soupçonner beaucoup de fausses informations dans la propagande russe ; il est cependant difficile d’imaginer que l’armée russe se bombarde elle‑même dans une centrale nucléaire. Malgré cela, toute la presse française a effacé dans la citation de Vladimir Poutine le « par les militaires ukrainiens », pudiquement remplacé par un « (…) ».
C’est la plus récente illustration d’un biais quasi‑systématique, même si probablement bien intentionné : les Russes étant les envahisseurs sont dans le camp du mal. Les Ukrainiens étant envahis sont dans le camp du bien. Quoi de plus compréhensible ? Des milliers de civils ukrainiens sont morts, les viols et exécutions sommaires par des soldats russes sont rapportés par de très nombreux témoignages et personne ne se sent beaucoup de goût pour aller défendre le camp de l’agresseur.
Un pas de subjectivité en trop est cependant peut‑être fait dans le métier de l’information quand il est demandé de détourner le regard quand les militaires ukrainiens se rendent coupables de crimes de guerre. L’association Amnesty International a été clouée au pilori pour avoir publié le 4 août un rapport dans lequel elle accuse « les tactiques de combats ukrainiennes de mettre en danger la population civile ». Car cette réalité documentée grise la ligne de démarcation entre un camp assumé comme étant celui « du bien », et un camp dit « du mal ».
Pour faire partie des gens de bien en 2022, il faudrait avoir sur la joue gauche dessiné le drapeau ukrainien, et sur la droite celui des fiertés LGBTQ+. Le problème ? Ceci relève plus d’injonctions de la psychologie sociale, du besoin d’appartenance au groupe dominant, que d’une pensée individuelle structurée. Dans le cas de l’Ukraine, cette prise de position demande en particulier de refuser de voir que les militaires ukrainiens se sont réellement rendus coupables de massacres de civils dans la région du Donbass depuis le milieu des années 2010, que les membres du bataillon dit Azov sont réellement comparables à des nazis et ne valent probablement pas mieux que les mercenaires tchétchènes qui, dans l’autre camp, soutiennent l’armée russe. Human Rights Watch, dans un rapport du 22 juillet, documente les crimes de guerre russes : tortures de prisonniers, exécutions de civils dans les zones occupées de Kherson et de Zaporija. Mais le Kyiiv Independant a révélé mi‑août les extorsions de fonds, viols aussi commis en Ukraine par des commandants de la légion étrangère ukrainienne.
Telle est la difficulté d’une réalité complète. Bien qu’en Europe la balance du jugement public penche aujourd’hui nettement en faveur des Ukrainiens, il semble cependant y avoir suffisamment de sales types pour qu’ils ne se retrouvent pas concentrés dans un seul des deux camps. Les populations civiles, pendant ce temps, subissent.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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