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Un Africain constate que des bouteilles de plastique usagées obstruent les cours d’eau – il les utilise donc pour fabriquer des bateaux écologiques

janvier 16, 2020 20:49, Last Updated: janvier 16, 2020 20:55
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Pour Ismaël Essome, son parcours pour devenir un activiste environnemental de renommée internationale a commencé un jour de pluie. Sur le chemin du retour de l’université, il a été pris dans les fortes pluies de la mousson tropicale de son Cameroun natal. « J’ai couru chercher un abri pour l’attendre », a-t-il dit au producteur de diffusion Deutsche Welle. « C’est alors que j’ai vu des tas de bouteilles en plastique boucher le pont ; ça m’a beaucoup surpris. »

Prenant conscience de l’énormité du problème des plastiques qui obstruent les voies d’eau de Douala, la plus grande ville et capitale économique du Cameroun, Ismaël se souvient avoir pensé : « On peut sûrement faire quelque chose avec toutes ces bouteilles. »

Photo : avec l’aimable autorisation d’Ismaël Essome

Plutôt que d’attendre que le gouvernement local les retire, Ismaël a dit à la DW : « J’ai vu ça comme un défi. »

Ainsi est né un projet qui allait conduire Ismaël à fonder Madiba & Nature, une ONG dédiée à la lutte contre le problème de la pollution plastique dans les zones côtières du Cameroun et à l’aide aux populations locales, dont beaucoup dépendent de la pêche pour leur subsistance.

Photo : avec l’aimable autorisation d’Ismaël Essome

Après avoir réfléchi à ce que l’on pourrait faire avec toutes les bouteilles en plastique qui flottent dans les rivières et qui se retrouvent sur la plage, Ismaël a réalisé qu’elles pouvaient être utilisées pour fabriquer des bateaux écologiques. Après avoir collecté et nettoyé les bouteilles, lui et ses collègues bénévoles, ainsi que des membres de la communauté locale, se sont mis à les trier en fonction de leur taille et de leur forme.

Une fois qu’ils en avaient accumulé un nombre suffisant, ils les attachaient ensemble avec de la corde ou du fil de fer. Avec entre 600 et 1 000 bouteilles, ils ont créé des pirogues en forme de canot qui peuvent être utilisés par les pêcheurs. En trois jours seulement, Ismaël et son équipe peuvent fabriquer un bateau écologique à moindre coût. Bien que les canots laissent entrer l’eau, ils sont pratiquement insubmersibles grâce au grand nombre de bouteilles en plastique remplies d’air qui les maintiennent à flot.

Photo : avec l’aimable autorisation d’Ismaël Essome

Chaque bateau construit aide non seulement à retirer le plastique des voies d’eau, mais contribue aussi à aider les pêcheurs qui, autrement, dépendent des bateaux en bois, dont la construction et la réparation sont coûteuses. Malgré des dépenses et des frais généraux minimes, Madiba & Nature dépend des dons de l’étranger, car les bénéficiaires des bateaux n’ont pas beaucoup, voire pas du tout, de revenus disponibles.

« Nous avons parfois un problème de trésorerie, ce qui nous rend alors incapables de construire les bateaux », a expliqué Ismaël à DW. « Il y a près de 1 000 pêcheurs ici dans la région, et si nous ne réunissons pas l’argent, nous ne pouvons tout simplement pas le faire. »

Photo : avec l’aimable autorisation d’Ismaël Essome

La popularité des pirogues s’est également étendue loin de Douala. Dans la région de Kribi, au bord de la plage, populaire auprès des touristes, les bateaux ont été utilisés pour emmener les visiteurs pour de courtes excursions en mer. Valéry Christian, qui gère le service de location de bateaux, n’était pas sûr que cela fonctionnerait. « Mais maintenant, les gens le voient et sont vraiment impressionnés », a-t-il dit. « Et tout cela se passe sans aucune publicité à la radio ou à la télévision. Ce n’est que du bouche-à-oreille. »

Valéry attribue la popularité des locations de bateaux à leur indestructibilité et à leur commodité. « C’est vraiment génial. C’est très amusant. Facile à manipuler. » Il ajoute : « C’est un petit coup de pouce pour mon entreprise. »

Alors qu’ils aident les pêcheurs et qu’ils ont amené dans la région un marché d’éco-tourisme pour les visiteurs d’Europe et d’Amérique du Nord, Ismaël Essome et son organisme se sont également lancés dans la fabrication d' »éco-bacs ». Décrit comme un système de gestion des déchets respectueux de l’environnement, le bac utilise des bouteilles de plastique fixées à un cadre métallique pour créer un bac à quatre compartiments pour les déchets qui peuvent ensuite être triés et recyclés.

Ismaël espère que cela permettra non seulement d’utiliser davantage de bouteilles en plastique, en les retirant des cours d’eau, mais aussi d’encourager les habitants à prendre davantage de responsabilités dans la collecte et l’élimination des déchets de manière intelligente.

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