« C’est inattendu », estime Jean-René Joandel, en entrant dans un grand cube blanc déplié sur un parking d’une petite commune de la Loire, où se joue cette semaine une pièce coproduite par l’Opéra de Lyon, « Le Sang du glacier ».
Pendant trois jours, Montbrison, une ville de 16.000 habitants, accueille un camion-opéra, unique en son genre, qui promeut l’art lyrique dans les campagnes de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
« C’est la première fois que je vais à l’opéra. On n’en écoute pas à la maison alors quand on a su qu’il y avait ce camion en ville, on est venu », explique à l’AFP Dylan Jacquemond, un entrepreneur de 27 ans, « piqué par la curiosité ».
« Surpris » qu’un opéra puisse venir à Montbrison « sous cette forme », Jean-René Joandel, amateur de musique lyrique de 7O ans, s’est lui aussi déplacé « pour le plaisir de la découverte ».
Deux chanteurs accompagnés de trois musiciennes
Au programme : Le Sang du glacier de la compositrice Claire-Mélanie Sinnhuber. Durant une heure, cette oeuvre contemporaine originale, coproduite par l’Opéra de Lyon et le Théâtre du Point-du-Jour, narre les dangers du réchauffement climatique. Un baryton et une soprano, accompagnés par trois musiciennes (harpe, violoncelle et accordéon), incarnent un frère et une soeur confrontés à la fonte des glaciers.
Contrairement aux tournées classiques, les artistes n’ont pas déballé leurs affaires sur un théâtre existant mais « déplié » leur propre univers.
Après montage, la roulotte du camion, aux allures de cube blanc géant, abrite une scène de près d’une dizaine de mètres de long et de plafond, et compte une centaine de places en gradins. « Ce qui est très agréable pour nous, c’est qu’on retrouve toujours le même lieu », explique le chanteur baryton Mathieu Dubroca, 43 ans, ravi de ne pas avoir à adapter quotidiennement sa voix « à l’acoustique » d’un nouvel endroit.
Avec les instruments, « on n’a pas besoin de forcer », ajoute la violoncelliste Lila Beauchard, 23 ans. « On atteint très facilement les personnes du dernier rang qui sont finalement très proches ».
En ce soir de février, les spectateurs, emmitouflés dans leurs manteaux, écoutent captivés l’aria de la soprano, alors que les musiciennes jouent derrière un voile dans un décor minimaliste. « C’est très immersif d’être aussi près de ces chanteurs », commente Robert Paliard, 74 ans. « On a un peu l’impression d’être carrément sur la scène avec eux », ajoute ce familier d’opéras.
À dix euros en moyenne, les places se sont envolées à Montbrison. Le camion-opéra, qui tourne jusqu’en mars, ira également à Vernaison dans le Rhône (1200 habitants), Beauchastel en Ardèche (1800 habitants), mais aussi dans la Drôme ou les Bouches-du-Rhône.
Une « mission de service public et de proximité »
« Il était évident qu’il fallait se déplacer partout où c’était possible », estime le directeur de l’Opéra de Lyon, Richard Brunel, estimant remplir « une mission de service public et de proximité ».
Le président LR de la Région, Fabrice Pannekoucke, soutient largement le projet. Sur un budget de 400.000 euros, la collectivité en finance les deux tiers. Le reste est assuré par ses partenaires que sont le CIC et la Compagnie nationale du Rhône (CNR). Selon lui, « l’idée, c’est d’avoir une programmation de grande qualité (…), là où on n’a pas les équipements, la salle qui permet de recevoir ».
Le projet fait écho aux vœux de la ministre de la Culture, Rachida Dati, qui souhaite une diffusion renforcée de la culture « dans tous les territoires, surtout auprès de ceux qui en sont les plus éloignés ». Annoncé en juillet, le plan Culture et Ruralité du gouvernement, doté de 98 millions d’euros sur trois ans (2024-2027), prévoit en ce sens une vingtaine de mesures.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.