Miguel Claro n’a pas le temps de s’attarder sur les pierres monolithiques qui parsèment le paysage intemporel, monuments érigés dans les temps anciens en l’honneur de dieux inconnus. Il a rendez-vous avec un objet bien plus ancien, qui file à toute allure dans l’espace. C’est une course contre la montre.
Il traverse une région de l’est du Portugal, une véritable capsule temporelle. Elle était autrefois considérée comme une ville stratégique où les murs de pierre protégeaient les armées et où les adversaires étaient épiés du haut des tours. La belle ville de Monsaraz, au Portugal, a conservé son aspect médiéval. Aujourd’hui, elle est plus connue pour ses chambres d’hôtes qui accueillent les touristes.
Miguel n’a pas eu le temps de réfléchir à tout cela.
Laissant de côté les sites historiques et les monolithes qui l’entourent, Miguel est à la poursuite d’une comète. A3 Atlas, son nom technique, a récemment atteint le périhélie, s’est enflammée comme une allumette dans le ciel et a commencé à arborer une anti-queue fantaisiste. Le périhélie est la position d’une comète la plus proche du soleil sur son orbite elliptique, où elle s’enflamme. L’anti-queue est un filament spectaculaire qui se détache de la queue de la comète proprement dite, en raison de la proximité de la comète par rapport au soleil.
Il avait fait du mauvais temps toute la semaine, mais les derniers jours de septembre ont enfin offert un ciel dégagé à la campagne. Lui et son épouse, Polonia, ont roulé toute la nuit à la recherche de la comète. Dans les dernières heures avant le lever du soleil, ils se sont arrêtés et l’ont vue à l’œil nu. À l’est dans le ciel rose du crépuscule, la faible lumière de l’A3 Atlas est apparue à l’horizon, tandis qu’ils déballaient leur matériel photographique et se préparaient à prendre la photo sublime.
Ils se sont préparés toute l’année, bien qu’ils aient appris l’existence de la comète peu après sa découverte en janvier 2023. Un observatoire chinois l’avait tout d’abord repérée bien au-delà de notre système solaire, se dirigeant vers le soleil. Les calculs mathématiques ont montré qu’une orbite autour du soleil prendrait 80.000 ans à la comète.
Les calculs ont également permis de déterminer quand et où elle serait visible pour les observateurs terrestres comme Miguel et Polonia, et que son apparence étincelante rivaliserait audacieusement avec la merveilleuse manifestation de la comète Neowise de ces dernières années. Miguel, âgé de 47 ans, qui est un astrophotographe officiel de la Dark Sky Reserve à Alqueva, au Portugal, avait tout cela en tête. Ils avaient repéré les lieux plusieurs semaines à l’avance. Aujourd’hui, toute cette planification est sur le point de porter ses fruits.
« C’était un très beau ciel crépusculaire », a raconté Miguel à Epoch Times. « La comète se dirigeait vers l’est du ciel. Dans cette région, il est très difficile de trouver une comète, la première fois, au crépuscule, la comète n’était pas très brillante, elle était très faible. » Pour les yeux humains, cet état est naturel.
Tout le matériel sophistiqué qu’ils ont emporté avec eux a permis de capturer des images de la comète avec un niveau de détail stupéfiant. En plus d’objectifs puissants et de trépieds multiples, ils ont installé un suiveur d’étoiles pour capturer des points lumineux clairs dans le globe tournant du ciel nocturne. En prenant ces échantillons séparés et en les empilant, on obtient un ensemble cohérent.
« Sur l’écran de la caméra, c’était un objet brillant et évident. C’était incroyable à voir, les conditions étaient parfaites cette nuit-là », a ajouté Miguel. « La lumière était incroyable. »
Ce matin-là, fin septembre, ils ont gagné leur course contre la montre.
Mais un rappel les attend.
Comme toutes les comètes, A3 Atlas a fait un tour autour du soleil pour apparaître une seconde fois lors de sa sortie. Un peu plus de deux semaines après cette première nuit de chance à la fin du mois de septembre, Miguel a de nouveau capturé A3 Atlas le 13 octobre. Cette fois, des améliorations numériques lui ont permis de faire ressortir les teintes bleues de la queue de la comète, causées par la lumière diffuse de la lune.
Le temps jouant en sa faveur, Miguel, qui s’était positionné correctement et avait pris sa photo, s’est penché sur certains des « mystères » de la comète. L’anti-queue, a-t-il expliqué, se produit lorsque les comètes traversent le plan orbital de la Terre. Les distorsions gravitationnelles causées par le soleil attirent la matière hors de la queue de poussière de manière spectaculaire.
Voici un mystère. Qu’est-ce qu’une comète et pourquoi se comporte-t-elle ainsi ?
« En fait, une comète est comme une boule de glace sale », a-t-il expliqué. « La chaleur du soleil commence à en sublimer une partie, et elle commence à avoir une queue parce qu’elle va dans la direction du soleil et commence à refléter la lumière du soleil. »
D’où viennent-elles ?
On pense que l’A3 Atlas provient du nuage de Oort, un vaste anneau théorique de planétésimaux situé bien au-delà des limites du système solaire.
Maintenant que la Terre se trouve suffisamment dans le rétroviseur de la comète qui repart dans l’espace lointain, Miguel envisage son prochain rendez-vous avec l’ancien objet spatial.
Il dit en riant : « Elle reviendra dans 80.000 ans. »
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