Un Chinois qui avait été injustement emprisonné pendant 26 ans pour le meurtre de deux enfants a finalement été acquitté et libéré ce mois-ci. Son histoire marquée par la douleur et l’injustice infligées par les autorités est devenue virale sur les médias sociaux chinois.
« Des excuses ne peuvent pas effacer vingt-six ans de douleur et de souffrance… Je ne veux pas d’excuses. J’espère simplement avoir la chance de voir ces animaux se faire mordre par une meute de chiens-loups », a déclaré Zhang Yuhuan, 53 ans, un villageois de Nanchang, de la province de Jiangxi, après sa libération le 4 août.
Zhang Yuhuan avait une vingtaine d’années lorsqu’il a été arrêté par la police. Lorsqu’il est rentré chez lui, il a découvert que sa femme avait été obligée de se remarier et que sa mère ne pouvait plus le reconnaître.
Deux meurtres non résolus
Le 24 octobre 1993, deux garçons de 6 et 4 ans ont disparu de Nanchang, le village où vivaient M. Zhang et sa famille. Les corps des enfants ont été retrouvés le lendemain matin.
Après avoir mené une enquête sur 61 familles du village, la police a identifié M. Zhang comme un suspect. La raison en est que, lorsqu’il a été interrogé par la police, M. Zhang est apparu « nerveux et n’arrêtait pas de se frotter les mains ». Il avait également des blessures sur les mains, et il ne pouvait pas expliquer clairement d’où elles provenaient, selon les archives de la police. Cependant, le rapport précise également que M. Zhang avait affirmé que ses mains avaient été éraflées lors de la récolte des céréales.
Le 27 octobre de la même année, M. Zhang a été placé en détention provisoire pour complément d’enquête.
Au cours des interrogatoires, M. Zhang a fait un total de six déclarations, dont deux sont des aveux de culpabilité. Mais les déclarations relatives à la localisation des meurtres, aux moyens de les commettre et à leur motif variaient. En fin de compte, ses deux aveux sont devenus les principales preuves qui ont permis à la police de conclure à la culpabilité de M. Zhang pour ces deux meurtres.
En janvier 1995, M. Zhang a été condamné à mort avec un sursis de deux ans par le tribunal populaire intermédiaire de la municipalité de Nanchang.
Au mois de mars de la même année, la Haute Cour populaire de la province de Jiangxi a révoqué le jugement de la juridiction de première instance en raison du manque de clarté des faits et de l’insuffisance des preuves, et a ordonné à la juridiction de première instance d’organiser un nouveau procès.
En 2001, le tribunal municipal de Nanchang, dans un jugement final, a confirmé le premier verdict de condamnation à mort.
M. Zhang a de nouveau fait appel, mais son appel a été rejeté par la Haute Cour populaire de la province de Jiangxi, et M. Zhang a ensuite été envoyé à la prison de Nanchang pour y purger sa peine.
Pendant près de 27 ans, M. Zhang et sa famille ont continué à faire appel, demandant que le tribunal l’acquitte. Ces deux aveux sont les principaux éléments de preuve qui ont permis au tribunal de déclarer M. Zhang coupable. Mais M. Zhang a affirmé que les aveux qu’il avait faits à la police lui avaient été extorqués sous la torture et des menaces pour la sécurité de sa famille.
Son frère aîné Zhang Minqiang se rappelle qu’il apportait 100 enveloppes et 100 timbres chaque fois qu’il rendait visite à son frère en prison, afin que celui-ci puisse écrire des lettres à différents services compétents sur son cas. Au fil des années, M. Zhang a envoyé des milliers de lettres.
Finalement, en mars 2019, la Haute Cour a décidé d’un nouveau procès, et le 4 août de cette année, la cour a jugé que les preuves étaient insuffisantes pour déclarer le prévenu coupable.
Zhang Yuhuan a été emprisonné pendant 9 778 jours, le plus long emprisonnement injustifié jamais enregistré en Chine.
Abus de la police
Le 5 août, dans une interview accordée à la chaîne de télévision publique CCTV, M. Zhang a évoqué les aveux forcés et les tortures que les autorités lui avaient infligées pendant six jours et six nuits, notamment le fait d’avoir été battu alors qu’il était pendu par les poignets, d’avoir dû rester accroupi durant une longue période, d’avoir reçu des décharges électriques et d’avoir été agressé par un chien-loup – tout cela pour le forcer à avouer les faits. Il a ajouté qu’il avait toujours des cicatrices sur les mains, là où il avait été mordu par le chien policier.
M. Zhang a déclaré que jusqu’au 3 novembre 1993, alors qu’il était en détention, il a clamé son innocence. C’est alors que la police a amené deux chiens-loups et qu’il a été attaqué par l’un d’entre eux. Son pantalon était tout déchiré et ses jambes saignaient à la suite des morsures.
La police lui a donné un autre pantalon et l’a ridiculisé, en affirmant qu’il était de meilleure qualité que son vieux pantalon.
Dans l’interview télévisée, M. Zhang a nommé certains des policiers impliqués dans les interrogatoires. Il y en avait d’autres dont il ne connaissait pas les noms.
Lorsque le juge a rendu son verdict le 4 août, un représentant du tribunal populaire supérieur de la province de Jiangxi a présenté ses excuses à M. Zhang au nom du tribunal.
Mais Zhang ressentait encore la douleur et la souffrance d’avoir été emprisonné pendant plus de 26 ans, et n’était pas prêt à pardonner et à oublier. « Je ne veux pas d’excuses », a-t-il dit. « J’espère juste que j’aurai la chance de voir ces animaux se faire mordre par une meute de chiens-loups. »
Dans plusieurs autres interviews accordées aux médias chinois, M. Zhang a dit espérer que les fonctionnaires qui l’ont interrogé et torturé soient tenus responsables de leurs crimes.
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