Un médecin spécialiste des maladies infectieuses de Toronto dirige les essais cliniques sur un médicament antirétroviral utilisé dans le traitement de l’infection par le VIH afin de déterminer si cette thérapie peut être utilisée pour combattre le covid-19.
Il s’agit d’un médicament combiné appelé lopinavir/ritonavir, qui est utilisé pour empêcher le VIH de se transformer en syndrome d’immunodéficience acquise mortel. Le Dr Darrell Tan, un clinicien de l’hôpital St. Michael’s qui traite ses patients atteints du VIH avec ce médicament, est le chercheur en chef de ces essais.
« Le médicament est ce que nous appelons un inhibiteur de protéase, et il agit contre un virus en bloquant l’activité d’une enzyme dont le virus a besoin pour se propager – une partie essentielle du cycle de vie du virus lui-même », a déclaré M. Tan dans une interview.
« Donc en le bloquant, vous empêchez le virus de se répliquer. Le VIH est un exemple de virus qui possède une protéase importante pour son cycle de vie, tout comme ce coronavirus. »
M. Tan a déclaré que des recherches antérieures avaient montré que ce médicament agissait sur les nouveaux coronavirus « en éprouvette et qu’il avait été étudié contre le virus respiratoire du Moyen-Orient, ou MERS, et que certaines données du modèle suggéraient qu’il fonctionnait sur des modèles d’infection MERS chez l’animal ».
Alors qu’un article publié le 18 mars par des médecins chinois dans le New England Journal of Medicine n’a trouvé aucune différence globale entre les patients recevant des soins standard pour le covid-19 et ceux à qui l’on a prescrit du lopinivar/rotinavir, M. Tan précise que cette même recherche montre qu’une prise en charge précoce peut présenter des avantages.
« Si vous pouviez donner ce médicament à des personnes plus tôt dans l’évolution de la maladie, avant qu’elles ne deviennent très malades, c’est en quelque sorte exactement ce que notre essai tente de réaliser », a-t-il déclaré.
« Nous essayons d’examiner la prophylaxie post-exposition et de voir si nous pouvons prévenir une infection et une maladie cliniquement apparente chez les personnes qui viennent d’être exposées, ce qui correspond au stade le plus précoce possible du développement naturel de cette infection. »
En collaboration avec les hôpitaux Sunnybrook et Toronto General de Toronto et l’hôpital St. Paul de Vancouver, M. Tan recherche 200 personnes testées positives pour le coronavirus et destinées aux essais. À partir de là, l’étude devra également porter sur des personnes qui auront été en contact avec les 200 porteurs du virus.
Au total, l’étude va impliquer environ 1 220 personnes et les résultats pourraient être connus dès la mi-juillet.
Essais sur l’hydroxychloroquine
L’étude de M. Tan a reçu l’approbation du ministère de la Santé canadien le 21 mars, cinq jours après le début d’un essai clinique sur l’hydroxychloroquine, un médicament antipaludique, à l’université du Minnesota à Minneapolis.
Les institutions canadiennes qui travaillent en collaboration avec l’université du Minnesota pour tester l’hydroxychloroquine sont l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, l’université de l’Alberta et l’université du Manitoba.
« Nous essayons de voir si l’administration de médicaments peu après la contamination permet d’éviter le développement de l’infection par le covid-19, ce qui serait bien, ou si l’infection qui se développe est moins grave », a déclaré le Dr Matt Pullen, un chercheur de l’université du Minnesota qui travaille sur les essais de l’hydroxychloroquine.
« Et puis l’autre groupe que nous examinons est appelé traitement préventif, les personnes qui ont développé des symptômes après une exposition ou qui ont été testées positives après une exposition […] C’est en quelque sorte modelé sur la prophylaxie post-exposition fournie à une personne qui a été exposée au VIH ou à l’hépatite C. »
La troisième branche de l’étude sur l’hydroxychloroquine de Minneapolis/Canada est la « prophylaxie pré-exposition » pour les professions à haut risque comme les médecins des salles d’urgence, les ambulanciers et les premiers intervenants, a déclaré M. Pullen, et le médicament est fourni « sur une période d’un mois à raison d’une dose par semaine ou sur deux semaines pour déterminer son efficacité dans la prévention de l’infection ».
Les essais sont connus sous le nom de placebo aléatoire contrôlé, ce qui signifie que chaque personne qui s’inscrit a une chance sur deux de recevoir de l’hydroxychloroquine par rapport à un placebo. « Cela nous permet de mieux savoir si cela fonctionne ou non », a déclaré M. Tan.
Une étude publiée le mois dernier qui analyse l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans les hôpitaux américains pour vétérans a révélé que rien ne prouve que ce médicament est efficace contre le covid-19. Le secrétaire américain aux Affaires des vétérans, Robert Wilkie, a déclaré plus tard que l’étude nationale, qui n’a pas fait l’objet d’un examen par des pairs, a été réalisée sur un petit nombre de vétérans dans les dernières étapes de leur vie. Il a cependant noté que le médicament « a fonctionné sur des vétérans d’âge moyen et plus jeunes ».
En Arizona, les médecins de l’Association des médecins et chirurgiens américains ont demandé au gouverneur d’annuler ses décrets interdisant les prescriptions d’hydroxychloroquine destinées à la prévention du covid-19.
Les médecins ont cité des données d’observation jusqu’au 20 avril provenant de plusieurs pays où environ 2 333 patients ont été traités avec de l’hydroxychloroquine, certains en combinaison avec du zinc ou de l’azithromycine. Parmi ceux-ci, 91,6 % ont vu leur état clinique s’améliorer.
Effets secondaires
Les risques pour la santé associés à la prise d’hydroxychloroquine sont les suivants : nausées et vomissements pour certains, et rythme cardiaque anormal lorsqu’elle est administrée avec d’autres médicaments pour le cœur.
Selon le chercheur en chef de l’université du Minnesota, le Dr David Boulware, qui publie régulièrement des articles sur Twitter, 1 290 participants, jusqu’au 3 mai, « n’ont eu aucun effet indésirable grave dû à l’hydroxychloroquine ».
« C’est un médicament largement disponible, mais à condition que vous le preniez en suivant les instructions ou les conseils d’un professionnel de la santé », a-t-il déclaré.
« Au début, il y a eu une ruée, même aux États-Unis, des médecins le prescrivaient pour eux-mêmes et leur famille, sans trop réfléchir aux risques […] car il y a de nombreuses personnes qui pourraient avoir des effets secondaires graves en raison de leurs antécédents médicaux, donc en ce sens, c’est un médicament plus risqué. Mais pour une personne moyenne, surtout si elle en prend pendant une courte période, c’est un médicament particulièrement sûr. »
L’hydroxychloroquine et le lopinavir/ritonavir sont tous deux des médicaments génériques, largement disponibles et très bon marché par rapport aux médicaments de marque testés pour traiter le covid-19 comme le Remdésivir de Gilead. Le Remdésivir n’a pas obtenu de bons résultats lors des tests contre Ebola, mais il est considéré par l’Organisation mondiale de la santé comme le « candidat le plus prometteur » pour le traitement du covid-19.
M. Pullen a déclaré que les essais réalisés par l’université du Minnesota et les essais menés au Canada recherchent toujours des participants et que les personnes intéressées peuvent consulter le site https://covidpep.umn.edu pour savoir si elles remplissent les conditions requises. Le Dr. Tan a également noté que son étude est à la recherche de participants supplémentaires et que les personnes intéressées peuvent le contacter via coriprev@unityhealth.to pour poser leur candidature.
Les essais d’hydroxychloroquine menés en tandem avec les États-Unis représentent une fraction des 23 essais de traitement contre les coronavirus approuvés par le ministère de la Santé du Canada et actuellement en cours au Canada.
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