Un monde plus grand – au-delà du visible

Un monde plus grand est l’histoire du deuil et d’un voyage initiatique parmi les chamanes de Mongolie.

Partie en Mongolie chez des éleveurs de rennes pour enregistrer des chants traditionnels, Corine pensait pouvoir surmonter la mort de Paul, son grand amour. Mais sa rencontre avec la chamane Oyun bouleverse son voyage, een effet celle-ci lui annonce qu’elle a reçu un don rare et doit être formée aux traditions chamaniques.

Après Frankie (2005) Pieds nus sur les limaces (2009) et Sky (2015) Fabienne Berthaud réalise un film entre documentaire et fiction basé sur le livre Mon initiation chez les Chamanes de Corine Sombrun. Il s’agit donc de l’expérience réelle de Corine Sombrun qui est repartie dans les steppes de Mongolie pour pouvoir surmonter le deuil de son mari défunt.

Cécile de France avec son allure fragile, incarne superbement cette veuve qui n’arrive pas à faire son deuil, et qui retrouve une deuxième vie parmi les nomades près de la nature sauvage. Corinne qui sombre dans la dépression reprend des forces en découvrant un monde plus grand, un monde bien réel qui ne se limite pas au visible.

Corinne arrive chez une des tribus les plus reculées de la Mongolie à la frontière de la Sibérie, les Tsaatans, surnommées «peuple des rennes».

Mais le chemin vers le chamanisme n’est pas facile. Au début Corinne refuse de prendre cette voie que lui propose la vieille chamane. Elle retourne à sa vie en occident. Mais en écoutant les bandes son qu’elle avait enregistrés là-bas, elle se trouve de nouveau en transe. Elle ressent comme un appel de ce monde.

Hésitante par rapport à son nouveau talent de chamane, elle décide finalement d’aller à la rencontre de ce nouveau monde qui ne s’ouvre qu’à quelques privilégiés.

Elle part d’abord pour rencontrer juste une fois de plus son grand amour qui est décédé d’une maladie. Le couple se promet de se revoir après la mort. Corinne est prête à tout pour saisir cette chance.

Sa famille et ses amis croient que son chagrin l’a accaparée et qu’elle devient folle. Les médecins ne pensent pas autrement. Ils lui prescrivent un traitement.

Corinne décide à l’encontre de toutes ces pressions de retourner à la nature, de retrouver ce campement de nomades dont l’accès n’est possible qu’à cheval, se trouvant à distance de deux jours du dernier village.

Une fois parmi les nomades, elle redécouvre la vie proche de la nature. Ce n’est qu’en faisant partie de cette nature, en la respectant et en acceptant de vivre en harmonie avec elle qu’un monde plus grand peut s’ouvrir devant elle. C’est un monde où tout est vivant, animaux, plantes et esprits.

Une fois que Corinne aura « revu » son mari et aura pu lui faire ses adieux, sa nouvelle mission sera de prouver scientifiquement l’existence de ce vaste monde et de comprendre le fonctionnement du cerveau en état de transe. Avec des scientifiques, elle met en place un programme de recherche pour étudier l’état de transe et tenter de l’induire par la seule volonté. Cette recherche permet de tester les applications thérapeutiques liées à ce potentiel, désormais appelé « Transe cognitive».

Pour offrir aux spectateurs les majestueuses images de la Mongolie, la réalisatrice et son équipe ont vécu parmi les membres des Tsaatans, dans la nature. Ils ont dû faire face à un monde sans électricité et sans internet, sans protection et où l’on mesure le temps autrement.

Comme le monde des esprits reste invisible, le son prend une place prépondérante dans le film de Fabienne Berthaud. Les vibrations sonores des tambours chamaniques, le souffle des animaux, leurs pas, les cris, la respiration, les battements de cœur, tous ces bruits se mélangent pour donner le sentiment de pénétrer un ailleurs, offrant au spectateur la chance d’expérimenter la transe avec l’héroïne.

Un monde plus grand permettra aux non-initiés de découvrir de nouveaux horizons en changeant le regard du spectateur sur le monde dans lequel il vit.