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Industrie des avions de chasse chinois : la propagande rate son tir

octobre 8, 2015 9:42, Last Updated: octobre 8, 2015 21:30
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On a coutume de dire que certaines fabrications sont bien meilleures quant elles sont « faites à la main ». Mais dans le cas de l’équipement utilisé dans les avions de combat modernes, les choses sont un peu différentes. Une vidéo de propagande diffusée par le porte-parole officiel du régime chinois montre que les composants clés de l’avion de chasse J-15, fabriqués pour les porte-avions, sont polis manuellement par l’entreprise Shenyang Aircraft Corp.

En glorifiant le « travail héroïque » des ouvriers de Shenyang Aircraft Corp., le reportage du 2 octobre dernier de la Télévision centrale de Chine (CCTV) a rapidement provoqué les critiques des internautes chinois en pointant les lacunes importantes de l’industrie militaire de la Chine.

Au cours des dernières années, la Chine a investi massivement dans la modernisation de ses forces armées, mais son industrie d’armements a souffert de la corruption et de l’incompétence. À cela s’ajoute la nécessité de redorer la puissance des forces armées devant les Chinois, à travers une propagande.

Le chasseur J-15 et ses prédécesseurs est un dérivé de l’avion de chasse soviétique Sukhoi, connu sous le nom de « Flanker » par des militaires de l’OTAN.

Selon CCTV, les composants du chasseur fabriqués par les techniciens sont contrôlés avec une précision allant jusqu’à trois microns. C’est à dire 0,00025 cm ou à 1/25 d’un cheveu humain. CCTV a confié que ces éléments qui ont besoin d’une touche humaine (car ils sont trop compliqués pour être produits par des machines) doivent être remplacés plus de 200 fois par an.

Les internautes chinois ont remis en doute la présentation vidéo des compétences des techniciens.

« Aujourd’hui la commande numérique [par ordinateur] avancée peut assurer une précision de deux microns. Le technicien dans le reportage devrait être un surhomme pour atteindre une précision de 3 microns », a écrit un internaute.

« Comment un engin pareil peut-il produire des avions de chasse ? », a questionné un autre. « La précision de la machine à la commande numérique est complètement rétrogradée. CCTV doit avoir honte d’avoir fait tant de battage sur une telle humiliation ».

Un internaute a trouvé que l’affirmation de la CCTV que «  les chasseurs chinois donnent la priorité au confort d’utilisation alors que ceux américains à l’aspect pratique », était « trop difficile à croire ».

Arrondir les angles

Basé sur l’avion Su-27 « Flanker », le modèle du chasseur Su-33 remonte à la fin des années 1980, lorsque l’Union soviétique investissait encore d’énormes quantités d’argent pour produire des armes restant au même niveau que ceux de ses adversaires occidentaux. Même si son design n’est pas nouveau, le Flanker reste un avion polyvalent et avancé, en particulier ses versions actuelles.

La récente modernisation des forces armées chinoises met l’accent sur la puissance aérienne et navale. En exportant massivement la technologie militaire, l’ancienne Union soviétique, principalement la Russie et l’Ukraine, ont joué un rôle important dans le développement des forces armées chinoises.

Au début des années 1990, la Chine a acquis le Su-27, qui est construit sous licence en tant que chasseur J-11 par la Shenyang Aircraft Corp. En étant le principal fabriquant des avions de chasse en Chine, cette entreprise d’État a été au centre des grands scandales de corruption, y compris des allégations que la quasi-totalité de ses projets avaient été surfinancés.

Un chasseur chinois J-11 avec munitions vole à proximité d’un avion de patrouille américain dans l’espace aérien international au-dessus de la mer de Chine méridionale, le 19 août 2014. (Photo de la marine américaine/US Navy)

Plus tard, les plans du J-11 avaient été soumis à l’ingénierie inverse, et la Chine a commencé à produire ses propres dérivés de cet avion. En 2003, un prototype ukrainien du Su-33 a été vendu à la Chine. On pense qu’il a servi de base pour l’avion J-15, dont certains sont soumis actuellement à des essais pour être ensuite utilisés sur le porte-avion chinois – le Liaoning. Ce porte-avion lui-même est une version modernisé du Varyag, un « cruiser d’aviation » soviétique, qui appartenait également à l’Ukraine avant d’être vendu à la Chine.

Mais en dépit de ces achats et mises à jour, l’industrie chinoise elle-même semble rendre difficile la réalisation des rêves militaires du régime communiste. Les avions de combat chinois utilisent soit les vieillissants moteurs russes des années 1980, soit ceux de fabrication locale, faisant ainsi face aux problèmes de qualité et de compatibilité.

Ce manque de qualité provient en partie de la corruption et de l’utilisation de raccourcis, des pratiques bien répandus dans le complexe industriel de l’État chinois.

Un responsable de Shenyang Aircraft Corp., qui a préfère rester anonyme, a confié à Epoch Times que « quatre cadres supérieurs de l’entreprise ont créé des partenariats et détournaient chaque année environ 100 millions de yuans (14 millions d’euros). La corruption était tellement avancée que l’argent était volé avant que les composants d’avion n’entrent en production ».

Les cadres corrompus ont remplacé certains composants clés dans des avions de combat, et les chefs d’entreprises privées ont payé les gens pour régler la question. Selon ce responsable, en raison des dangers cachés dans ses avions de combat, la société Shenyang est obligée de garder en état d’alerte des équipes de réparation spécialisées à tous moments lors des opérations des avions de l’armée de l’air chinoise.

Reportage de Li Jing.

Version anglaise : Television Report Raises Doubts About China’s Fighter Jet Industry

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