La présidente de Lormont Solidarité, une association dotée d’une mission humanitaire de distribution de denrées alimentaires et de vêtements, a été placée en garde à vue par les douaniers du service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF), puis déférée le 24 novembre devant le Parquet, avant d’être placée sous contrôle judiciaire. Dans quelques mois, elle devra répondre des inculpations suivantes : « Abus de confiance », « travail dissimulé » et « infractions à l’hygiène de denrées alimentaires ».
Fondée en 1999 et fermée depuis plus de deux ans, Lormont Solidarité, plus précisément sa présidente, est soupçonnée par les enquêteurs du SEJF d’avoir mis en place une activité de revente des colis de la Banque alimentaire, qu’elle recevait gracieusement au titre d’une convention et devait redistribuer gratuitement aux bénéficiaires. Des colis de « dépannage » auraient été commercialisés aux alentours de 15 euros sans être déclarés, alors que les produits de la banque alimentaire ne peuvent être vendus à plus de 10% de la valeur des biens délivrés.
Des profits utilisés « à des fins personnelles »
Selon les enquêteurs, les recettes perçues en espèces n’auraient pas été versées sur le compte de l’association, dont le chiffre d’affaires mensuel serait estimé à 5.000 euros. « Les profits tirés de cette activité étaient essentiellement utilisés par elle à des fins personnelles », précise le Parquet de Bordeaux.
Durant la perquisition au domicile de la présidente, dont le nom n’a pas été révélé, des milliers d’euros en liquide ont été trouvés. Dans les locaux de l’association, prêtés par la municipalité, les enquêteurs ont mis la main sur un stock important de denrées périmées et non-conformes aux règles d’hygiène (chaîne du froid, recongélation, traces de déjections animales). D’’où le chef d’accusation pour « infractions à l’hygiène de denrées alimentaires ».
Toutefois, selon l’avocat de l’accusée, la présidente aurait pu apporter des pièces bancaires attestant l’origine familiale de cet argent « sans rapport aucun avec l’association », et « l’enquête a exclu tout enrichissement personnel ». S’agissant des manquements aux règles d’hygiène, ce dernier l’assure : « Il y a peut-être eu des manquements, des irrégularités, mais ma cliente était de bonne foi ». Si elle encourt une peine de prison pour délit d’abus de confiance, toujours d’après son avocat, qui plaidera la relaxe lors de l’audience du 13 mai prochain, cette hypothèse « paraît inenvisageable » : « De la prison, même avec sursis, ça me paraît inenvisageable, suite aux éléments qu’on aura donnés ».
De son côté, la Banque alimentaire déclare avoir porté plainte dès qu’elle a été prévenue, il y a de ça plusieurs mois. Pour sa part, la mairie de Lormont préfère garder le silence sur cette affaire et attendre que « la justice passe » : « Nous n’avons eu aucun encadrement de cette association. Nous ne faisions que prêter des locaux municipaux ».
Dans un communiqué de presse, Julie Rechagneux, conseillère municipale de Lormont (RN), qui considère que les bénévoles de l’association devraient également être entendus par la justice de façon à « effacer tout soupçon de complicité », a demandé au ministre de l’Économie Bruno le Maire si Lormont Solidarité percevait des subventions, appelant par ailleurs la commune à exercer « un contrôle accru sur les associations qui, d’une manière ou d’une autre, sont aidées par la collectivité ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.