Selon une nouvelle étude, l’exposition à certains produits chimiques, notamment les aldéhydes, une classe de composés organiques que l’on trouve couramment dans l’alcool, la pollution et la fumée, peut entraîner un vieillissement prématuré.
« Nous avons révélé une partie de la cause du vieillissement génétique prématuré », a déclaré Tomoo Ogi, professeur de génétique à l’université de Nagoya, dans un communiqué de presse.
Les aldéhydes perturbent le fonctionnement des enzymes
Des recherches antérieures ont déjà établi que plusieurs types d’aldéhydes sont préjudiciables à la santé humaine.
Selon l’Agence américaine de protection de l’environnement, l’inhalation d’aldéhydes, dont le formaldéhyde, utilisé comme conservateur alimentaire et dans les cosmétiques, peut restreindre l’ouverture des voies respiratoires et endommager les cellules qui les tapissent, provoquant l’entrée de globules blancs dans les poumons. Les aldéhydes ont également été associés à des lésions organiques, à des douleurs aiguës, à des inflammations, à des cancers et à des maladies cardiovasculaires.
Cependant, l’étude actuelle, publiée dans Nature Cell Biology et menée à l’université de Nagoya au Japon, est la première à établir un lien entre le vieillissement prématuré et l’exposition aux aldéhydes.
« Les dommages à l’ADN sont liés à des phénotypes de vieillissement », a déclaré Yasuyoshi Oka, un chercheur de l’équipe. « Cependant, pour la première fois, nous proposons une relation entre les dommages causés à l’ADN par les aldéhydes et le vieillissement prématuré.
Les aldéhydes sont nocifs car ils peuvent interagir avec l’ADN et les protéines de l’organisme. Lorsque les aldéhydes pénètrent dans l’organisme, ils forment des liaisons transversales ADN-protéines qui empêchent les enzymes essentielles à la prolifération et à l’entretien des cellules de fonctionner correctement. Leur dysfonctionnement peut entraîner un vieillissement prématuré.
Selon l’équipe de recherche, ce phénomène est observé chez les personnes atteintes de troubles du vieillissement prématuré tels que le syndrome AMeD, caractérisé par une insuffisance de la moelle osseuse pendant l’enfance, des défauts de développement (nanisme) et un développement intellectuel altéré. Les personnes atteintes du syndrome AMeD présentent une activité insuffisante des enzymes de maintenance, en particulier celles qui sont responsables de la dégradation des aldéhydes.
Un espoir pour les thérapies contre les maladies du vieillissement prématuré
Les résultats ont des implications pour une meilleure compréhension du processus de vieillissement chez les personnes en bonne santé.
« En élucidant le rôle des aldéhydes dans les lésions de l’ADN et le vieillissement, nous ouvrons la voie à de futures études visant à mettre au point de nouveaux traitements et de nouvelles interventions », a déclaré Yasuyoshi Oka.
La recherche a des implications pour le développement de médicaments thérapeutiques destinés à traiter les maladies qui entraînent un vieillissement prématuré. Comme c’est la première fois que les scientifiques ont pu identifier les mécanismes et la pathologie qui sous-tendent le vieillissement, les fabricants de médicaments peuvent utiliser ces informations pour mettre au point des traitements ciblés, notent les chercheurs.
« Le développement de médicaments thérapeutiques n’a pas progressé parce que nous n’avons pas entièrement compris les causes du syndrome AMeD et du syndrome de Cockayne », a ajouté Yasuyoshi Oka. Le syndrome de Cockayne est une maladie génétique rare caractérisée par une sensibilité à la lumière du soleil, une petite taille et l’apparition d’un vieillissement prématuré chez les personnes touchées.
Les chercheurs affirment que leurs connaissances sur le rôle des aldéhydes et des liaisons croisées ADN-protéines dans le processus de la maladie pourraient ouvrir la voie au développement de traitements ciblés qui éliminent les aldéhydes nocifs, ce qui pourrait aider les patients.
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