Trois aides-soignantes se sont amusées un jour de l’été 2023 en dépit de l’avis d’une résidente de 89 ans à l’Ehpad de Pleuven dans le Finistère. Le tribunal administratif de Nantes a débouté ce vendredi 7 mars 2025 celle qui avait roulé à vive allure en fauteuil roulant avec cette dame sur ces genoux malgré la peur que cette dernière manifestait.
C’est une vidéo de 47 secondes, découverte quelques mois après l’incident par la direction de l’Ehpad de Pleuven (Finistère), qui avait précipité l’éviction de Soizic L., aide-soignante du centre hospitalier de Laval (Mayenne). Cette dernière était à l’époque affectée à l’établissement breton.
Elle « manifeste sa peur et sa désapprobation »
La vidéo est « choquante » et « affligeante », selon la description de la rapporteure publique lors de l’audience. On y entendait des « rires quasi-permanents », indique France 3.
Le jugement du 7 mars 2025 du tribunal administratif de Nantes résume la scène : « Cette vidéo (…) montre une collègue de Mme XXX pousser à vive allure un fauteuil roulant dans lequel la requérante se trouve assise avec une résidente de l’EHPAD installée sur ses genoux, qui manifeste sa peur et sa désapprobation. »
Les trois juges continuent de décrire la scène : « La collègue de Mme XXX ralentit alors, jusqu’à ce qu’elles parviennent dans la chambre de la résidente ».
La dame de 89 ans n’en était pas encore au bout de ses peines lorsqu’elle a regagné sa chambre. « Une fois le fauteuil à l’arrêt, cette collègue prend la résidente dans ses bras, mais, avant de l’installer sur son lit, entreprend de danser avec elle en se balançant vigoureusement d’un pied sur l’autre pendant quelques secondes, suscitant de vives protestations et l’inconfort manifeste de la résidente. »
« C’est trop choquant »
Lorsque la vidéo a été découverte par la directrice de la maison de retraite en mars 2024, la fille de la résidente a été informée de la situation par Roger Le Goff, qui est à la fois maire de Fouesnant et président du Centre intercommunal d’action sociale (CIAS) dont dépend l’Ehpad, rapporte France Bleu.
M. Le Gall a décrit la scène à Corinne, puis celle-ci a demandé à voir les images. « Le maire m’a dit : ‘Je ne peux pas vous la montrer tout de suite, c’est trop choquant' », se souvient-elle. « Quand je l’ai découverte, je suis tombée des nues. »
Suspension et révocation de suspension
Suite à la découverte de la vidéo, les trois aides-soignantes mises en cause ont été rapidement suspendues par la direction de l’établissement. Celle qui a porté l’octogénaire sur ses genoux est également passée au conseil de discipline de l’hôpital de Laval auquel elle était toujours rattachée. Elle a été révoquée le 18 juillet 2024.
En octobre 2024, la révocation de l’hôpital de Laval a été suspendue lors d’un premier jugement du tribunal administratif de Nantes en raison du « caractère disproportionné » de la sanction.
Une « absence évidente de considération »
C’est le 7 mars 2025 que le tribunal administratif de Nantes a débouté Soizic L., arguant une « absence évidente de considération (…) pour les protestations et la détresse » de l’octogénaire.
L’ancienne employée, qui avait des « états de service antérieurs satisfaisants », a jusqu’au 7 avril pour saisir la cour administrative d’appel de Nantes. Un procès est également prévu le 17 septembre prochain afin de juger les trois aides-soignantes devant le tribunal correctionnel de Quimper.
« L’être humain, ce n’est pas un ballon avec lequel on joue »
La victime est décédée le 24 septembre 2024 dans son sommeil à l’Ehpad. Sa fille attend le procès des trois femmes avec impatience. « On ne peut pas revenir en arrière, ce n’est pas possible, car elle est décédée », reconnaît-elle. « Je veux qu’elles comprennent que l’être humain, ce n’est pas un ballon avec lequel on joue ».
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