Le Président russe Vladimir Poutine a mis en garde mardi contre l’usage d’armes occidentales visant le territoire russe, évoquant le risque de « conséquences graves », au moment où le débat ressurgit dans les chancelleries alliées de l’Ukraine qui n’arrivent pas à adopter une position commune.
« En Europe, en particulier dans les petits pays, ils doivent réfléchir à ce avec quoi ils jouent. Ils doivent se souvenir qu’ils sont bien souvent des États ayant un petit territoire et une population très dense », a prévenu M. Poutine lors d’un point presse à Tachkent en Ouzbékistan. « Ce facteur est une chose sérieuse qu’ils doivent avoir à l’esprit avant de parler de frapper en profondeur le territoire russe », a-t-il poursuivi. « Cette escalade permanente peu avoir des conséquences graves. »
Les alliés de Kiev divisés
L’Ukraine réclame de pouvoir utiliser les armes livrées par l’Occident contre des cibles militaires en territoire russe, mais le sujet divise profondément les soutiens de Kiev.
Parmi les plus réticents, l’Italie et l’Allemagne brandissent le risque d’escalade, avec en filigrane la crainte de l’utilisation de l’arme nucléaire par Vladimir Poutine, tandis que le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, estime que les restrictions actuelles « lient les mains dans le dos des Ukrainiens », sur fond d’avancée russe dans l’Est de l’Ukraine.
Réaffirmant l’opposition catégorique de Berlin, la secrétaire d’État allemande à la Défense Siemtje Möller a indiqué qu’il s’agissait d’une « décision souveraine » de son pays.
« Le fait d’envoyer du matériel en Ukraine n’implique pas l’Otan dans le conflit. Nous avons le droit d’aider l’Ukraine sans devenir partie au conflit, parce que nous aidons l’Ukraine à maintenir son droit à se défendre », a répondu M. Stoltenberg à son arrivée à la réunion des ministres de la Défense de l’UE.
Plusieurs pays européens, dont l’Estonie ou les Pays-bas, se sont montrés favorables à cette option. « Je ne l’ai jamais exclu (…) et j’espère que d’autres pays qui ont une position différente en changeront », a déclaré la ministre néerlandaise de la Défense Kajsa Ollongren, à son arrivée à Bruxelles.
« Tellement autodissuadés par la Russie »
Avec l’insistance de Kiev, des pays deviennent favorables à frapper la Russie sur son sol. « Rétrospectivement, on se dit que s’ils avaient lâché dès le départ, cela aurait été plus efficace », souligne l’ex-colonel français Michel Goya dans Sud-Ouest, pointant que « le droit international autorise le pays agressé à frapper le pays agresseur à condition de respecter le droit humanitaire ».
Le général à la retraite britannique James Everard, ex-commandant suprême adjoint de l’Otan en Europe déplore dans Sud-Ouest la réticence des occidentaux au risque, les contraintes financières et qu’ils soient « tellement autodissuadés par la Russie ». Par ailleurs, la situation est rendue complexe car la décision n’appartient pas à l’Otan mais à chaque pays via des accords bilatéraux. « Cela produit un ensemble hétérogène de libertés et de contraintes difficiles à interpréter. »
Selon Vladimir Poutine, il s’agirait d’une escalade car même si ce sont les militaires ukrainiens qui mèneraient les frappes, elles seraient préparés par les Occidentaux qui fournissent les armes. « La tâche n’est pas préparée par l’armée ukrainienne, mais par les représentants des pays de l’Otan », a-t-il dit, accusant en outre les Occidentaux de vouloir « un conflit mondial ».
Moscou « avait affirmé que la Crimée (annexée en 2014, NDLR) était intouchable. Les Ukrainiens l’ont frappée avec des armes américaines et il ne s’est rien passé », souligne l’ex-colonel français Michel Goya dans Sud-Ouest.
Autre ligne rouge qui fait l’objet d’intenses discussions parmi les alliés de Kiev : l’envoi officiel sur le sol ukrainien d’instructeurs militaires pour aider l’armée ukrainienne, en difficulté face à la poussée, lente mais continue, des forces russes.
Lundi, Kiev a annoncé que des instructeurs français allaient se rendre « prochainement » en Ukraine afin de former les troupes ukrainiennes, avant de rétropédaler et indiquer être toujours « en discussions avec la France et d’autres pays sur cette question ».
Contacté par l’AFP, le ministère français de la Défense s’est borné à évoqué « un chantier » en cours, sans confirmer l’envoi d’instructeurs français en Ukraine.
Interrogé sur le sujet mardi, Vladimir Poutine a assuré que ces instructeurs « sont là », en Ukraine, « sous l’apparence de mercenaires ». « Nous le savons bien. Il n’y a rien de nouveau », a-t-il affirmé à des journalistes.
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