OPINIONS

Voilà pourquoi personne ne veut parler de la Suède

mai 2, 2022 19:41, Last Updated: mai 5, 2022 8:19
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Lorsque, durant l’été 2020, les victimes de la première vague de Covid ont commencé à être dénombrer dans les médias, il y avait différentes façons de mesurer les dommages. La première consistait à comptabiliser le nombre de morts – plus d’un demi-million dans le monde fin juin 2020. La deuxième consistait à essayer d’évaluer les impacts complexes des différentes mesures prises pour combattre le virus, car de nombreux secteurs de la société avaient été gelés et certaines populations avaient connu de grandes difficultés.

Pour ceux qui préféraient la première option, il y avait beaucoup de données sur lesquelles s’appuyer. Des registres méticuleux du nombre de décès étaient tenus dans la plupart des pays, notamment les plus riches, et présentés sous forme de graphiques élégants sur divers sites.

Il était beaucoup plus difficile de mesurer les conséquences des confinements. Certaines informations apparaissaient ici et là sous des formes anecdotiques ou des chiffres épars.

Le comportement international face aux nombres de décès liés au Covid ne manque pas d’être révélateur. Au début de l’été 2020, le New York Times publiait une première page totalement dépourvue d’images. À la place d’un gros titre avec une photo choc, une longue liste de personnes décédées : un millier de noms, suivis de leur âge, de leur lieu de résidence et d’une brève description. Alan Lund, 81 ans, Washington, chef d’orchestre à « l’oreille la plus étonnante » ; Harvey Bayard, 88 ans, New York, « a grandi juste en face de l’ancien Yankee Stadium », et ainsi de suite.

Le rédacteur en chef du New York Times avait constaté que le nombre de victimes du Covid aux États-Unis était en passe de dépasser les 100 000, et avait donc décidé marquer le coup – une page qui frapperait les esprits, même dans 100 ans pour comprendre l’ampleur de l’épidémie ce que nous avions vécu. La première page rappelait ce à quoi un journal pouvait ressembler pendant une guerre sanglante. Elle faisait penser à la façon dont les chaînes de télévision américaines rapportaient quotidiennement le nom des soldats tombés au combat pendant la guerre du Vietnam.

L’idée s’est rapidement répandue de par le monde. Quelques semaines plus tard, en Suède, la première page du Dagens Nyheter était couverte de 49 photographies en couleur et titrait : « Un jour, 118 vies ». Ces 118 personnes étaient décédées le 15 avril 2020. Il s’agissait du bilan quotidien le plus élevé de tout le printemps. Depuis lors, il n’a cessé de baisser.

Lorsque l’épidémiologiste Johan Giesecke a lu le journal, il s’est senti un peu perplexe. En moyenne, il y a 275 morts par jour en Suède, a-t-il pensé. Il avait passé une grande partie de sa vie à étudier ce phénomène : où, quand et comment les gens meurent. La façon dont le monde actuel envisage la mort lui était totalement étrangère. Lors d’une conférence en ligne à Johannesburg quelque temps auparavant, il se souvenait d’un participant qui avait fait remarquer que, pour cette seule année, plus de 2 millions de personnes étaient mortes de faim dans le monde. Tandis que le Covid, pendant la même période, avait fait entre 200 000 et 300 000 victimes.

M. Giesecke avait l’impression que le monde s’infligeait arbitrairement une catastrophe mondiale. Si on avait simplement laissé les choses suivre leur cours, tout serait déjà terminé. Au lieu de cela, des millions d’enfants étaient privés d’éducation. Dans certains pays, ils n’étaient pas même autorisés à aller sur les terrains de jeux. En Espagne, on racontait que des parents se faufilaient dans des parkings avec leurs enfants pour les laisser courir.

Des dizaines de milliers d’opérations chirurgicales étaient reportées par les services de santé. Des dépistages pour tout, du cancer du col de l’utérus au cancer de la prostate, étaient mis en attente. Cela ne se passait pas seulement dans d’autres pays. La Suède également connaissait sa part de décisions absurdes. Par peur du virus, la police suédoise ne faisait plus passer de tests d’alcoolémie aux conducteurs depuis des mois. Cette année, il semblait qu’être percuté par un conducteur ivre n’avait pas d’importance.

Cette année-là, pour M. Giesecke, il est devenu évident que les médias, les responsables politiques et le public surévaluaient les risques du nouveau virus. La plupart des gens ne consultaient pas les chiffres mais ils entendaient parler des services de santé débordés dans plusieurs pays, ils entendaient les témoignages des infirmières et des médecins.

Finalement, cette même année, ici et là dans le monde – en Allemagne, au Royaume-Uni, en Équateur – biens des personnes sont descendues dans la rue pour protester contre les mesures, les lois et les décrets. Dans certains pays, les gens ont tout simplement commencé à ignorer les mandats. Mais la résistance est restée faible, bien plus faible que ce que M. Giesecke aurait imaginé. Il n’y a pas eu de « Révolution française », pas de véritable réaction mondiale.

La passivité des citoyens s’explique peut-être par la façon dont les médias ont couvert la mortalité du virus.

Au cours du printemps et de l’été 2020, la société de conseil internationale Kekst CNC a interrogé les habitants de cinq grandes démocraties – le Royaume‑Uni, l’Allemagne, la France, les États‑Unis et le Japon – sur toutes sortes de sujets liés au virus et à la société. Le sixième pays du sondage était la Suède. La Suède est beaucoup plus petite que les autres pays de l’enquête, mais elle a été incluse en raison de son parcours unique dans la pandémie.

Les questions portaient sur tous les sujets, allant de l’opinion des sondés sur les mesures prises par les autorités à l’état du marché de l’emploi, en passant par la question de savoir si les gouvernements avaient apporté un soutien suffisant au commerce et à l’industrie. Le douzième et dernier thème de l’enquête comportait deux questions : « Combien de personnes dans votre pays ont eu le coronavirus ? Combien de personnes sont mortes dans votre pays ? » Parallèlement aux chiffres toujours plus fiables concernant la mortalité réelle du Covid-19, il y avait désormais une étude sur ce que les gens savaient réellement du nombre de morts.

Aux États-Unis, la moyenne des estimations à la mi-juillet était que 9 % de la population était morte. Si cela avait été vrai, cela aurait correspondu à près de 30 millions de morts. Le nombre de morts a donc été surestimé de 22 500 % (soit 225 fois). Au Royaume-Uni, ainsi qu’en France et en Suède, le nombre de décès a été exagéré au centuple. Les Suédois ont estimé que 6 % de la population était morte, ce qui aurait correspondu à 600 000 décès dans le pays ! À l’époque, le bilan officiel dépassait les 5 000 morts et se rapprochait des 6 000.

Le fait d’indiquer des moyennes donne une vision biaisée de la façon dont les gens percevaient la situation réelle, car certains ont répondu par des chiffres extrêmement élevés et d’autres non. Au Royaume-Uni, la réponse la plus courante était qu’environ 1 % de la population était morte – en d’autres termes, beaucoup moins que la moyenne des 7 %. Mais il s’agissait tout de même d’un chiffre qui surestimait plus de dix fois le nombre de décès. À ce stade, 44 000 Britanniques avaient été enregistrés comme morts, soit environ 0,07 % de la population.

La ventilation des chiffres montre en outre que plus d’un tiers des Britanniques ont répondu avec un chiffre supérieur à 5 % de la population. L’équivalent de la population entière du Pays de Galles. Cela aurait signifié un nombre de victimes britanniques du Covid-19 dépassant de loin celle des la Seconde Guerre mondiale – pertes civiles et militaires comprises.

La rhétorique alarmiste de la classe dirigeante mondiale a donc eu un impact. Bien des gens ont vraiment cru qu’ils vivaient l’équivalent d’une guerre mondiale. Puis, deux ans après le début de la pandémie, la guerre a pris fin. L’Agence suédoise de santé publique ne faisait plus office de mauvais élève, n’attirait plus les journalistes étrangers lors de ses conférences de presse. Plus aucun Américain, Britannique, Allemand ou Danois ne demandait pourquoi les écoles restaient ouvertes ou pourquoi le pays n’était pas confiné.

Le monde commençait enfin à vivre avec le virus. Les responsables politiques du monde avaient enfin abandonné tout espoir de pouvoir réitérer encore et encore des confinements et des fermetures d’écoles. Et pourtant, compte tenu de tous ces articles et reportages télévisés qui dénonçaient l’attitude bêtement libertaire de la Suède face à la pandémie, compte tenu de la façon dont certains chiffres étaient relayés quotidiennement par les médias du monde entier, ce soudain manque d’intérêt…était étrange.

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