D’après une experte, les dirigeants communistes chinois considèrent la Russie comme leur principal partenaire avec qui ils cherchent à saper conjointement l’ordre international.
Le chef du Parti communiste chinois Xi Jinping cherche donc à renforcer ses liens avec le président russe Vladimir Poutine pour mieux nuire avant tout aux États-Unis – la première puissance de l’Occident – et saper l’ordre international, a déclaré Patricia Kim, membre du groupe d’experts Brookings Institution.
« [La Chine] n’a pas réduit ses liens avec Moscou et n’a même pas fait pression sur Poutine pour qu’il mette un terme à son invasion de l’Ukraine », a-t-elle souligné lors d’une table ronde organisée par ce groupe d’experts le 26 septembre.
« Il est clair que Xi considère Poutine comme son partenaire le plus important dans l’érosion de ce qu’il considère comme un ordre mondial dirigé par l’Occident. »
La Chine et la Russie cherchent à instaurer un nouvel ordre mondial
La détermination Xi Jinping à mettre fin à l’ordre mondial dirigé par l’Occident s’est reflétée dans son choix de voyages internationaux au cours de 2023, a noté Mme Kim.
Il n’a effectué que deux voyages hors de Chine, l’un pour participer au sommet des cinq pays des BRICS (dont la Chine et la Russie font partie) en Afrique du Sud et l’autre pour resserrer les liens avec Poutine à Moscou.
Lors de sa visite à Moscou en mars, Xi Jinping a décrit Poutine comme un « ami très cher ». En quittant le Kremlin le 21 mars, il s’est tourné vers Poutine et lui a dit en souriant : « En ce moment même, il y a des changements comme nul n’en a vu depuis 100 ans. Et c’est nous, ensemble, qui faisons avancer ces changements. »
« Je suis d’accord », lui a répondu Poutine.
Cette déclaration s’accompagnait d’une promesse ouverte des deux dirigeants de remodeler l’ordre international en fonction de leurs intérêts. Poutine a proclamé que la Chine et la Russie créeraient un « ordre mondial multipolaire » plus juste pour remplacer les « règles » de l’ordre international actuel.
Mme Kim a expliqué que le Parti communiste chinois (PCC), loin de prendre ses distances avec la Russie après son invasion de l’Ukraine, a activement œuvré pour développer et approfondir leurs relations.
De même, le régime chinois a collaboré avec la Russie pour renforcer ses liens avec les pays en développement, où il vise à éroder la confiance dans les pays occidentaux et à présenter des alternatives gérées par la Chine aux organisations internationales existantes.
« La distanciation croissante de Pékin de l’Occident (…), l’approfondissement de ses liens avec Moscou et ses efforts pour établir et entretenir des partenaires dans les pays du Sud – ces tendances sont toujours d’actualité et, à bien des égards, elles se sont approfondies », a constaté Mme Kim.
À cette fin, elle a constaté que l’État-parti chinois ne montrait aucun signe de recul par rapport à son comportement expansionniste et, parfois, agressif dans le monde entier. Les dirigeants communistes chinois ne sont tout simplement pas intéressés par une coopération sur les grands défis transnationaux ou par la mise en place de garde-fous dans leurs relations avec les États-Unis et autres pays occidentaux.
« [Ces dirigeants] sont fermement convaincus que c’est aux États-Unis qu’il incombe de modifier leur politique », a noté Mme Kim.
Pourtant, a-t-elle ajouté, un bloc uni dirigé par la Chine ne s’est pas encore matérialisé malgré le fait que la Chine soit « très déterminée » à exploiter les « griefs » du monde en développement pour mieux saper les intérêts des pays occidentaux.
Cela s’explique notamment par le fait que la plupart des pays comprennent maintenant les ambitions hégémoniques de la Chine, peu importe la rhétorique qu’elle utilise.
« De nombreux États du monde en développement ne prennent pas nécessairement au pied de la lettre les affirmations de la Chine [qu’elle ne cherche pas l’hégémonie] qui essaye de cacher ses ambitions », a déclaré Mme Kim.
Une alliance qui se renforce
Le 4 février 2022 à Pékin, le jour de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont annoncé un « partenariat sans limites » dans le cadre duquel il n’y a « aucun domaine de coopération prohibé ». Moins de trois semaines après leur rencontre, juste après la clôture des JO de Pékin, la Russie a lancé son offensive contre l’Ukraine. Depuis lors, les deux hommes se sont engagés à renforcer leur coopération économique et stratégique, et ont signé une déclaration commune approfondissant leur « partenariat stratégique global ».
Ces accords appuient l’alliance de facto entre Pékin et Moscou, qui s’est renforcée depuis que la Russie a commencé son invasion de l’Ukraine. Au cours de cette période, la Chine communiste est devenue le principal partenaire commercial et diplomatique de la Russie, aidant Moscou à résister aux importantes sanctions internationales.
En mars, Poutine a déclaré que Moscou était prête à soutenir les sociétés chinoises qui cherchaient à remplacer les sociétés occidentales ayant quitté la Russie à cause de la guerre en Ukraine, et que les deux pays devraient encourager les entreprises à utiliser leurs propres monnaies.
Le régime chinois a également été condamné par la communauté internationale en raison d’allégations selon lesquelles il aurait secrètement fourni de l’aide militaire à la Russie pour être utilisée en Ukraine.
Les États-Unis ont reconnu que des sociétés privées chinoises ont directement soutenu la guerre de la Russie en Ukraine, mais n’ont pas dit que ce soutien équivalait à une aide létale.
Par exemple, le 24 février dernier, lorsque la Maison-Blanche a mis en place des sanctions à l’encontre de nombreuses entités liées à la guerre russe, elle a également ciblé des entités chinoises accusées de soutenir l’industrie de la défense russe, aidant ainsi le Kremlin à contourner les sanctions.
Selon un rapport publié en février par le magazine allemand Der Spiegel, la Chine a falsifié des documents d’expédition pour déguiser en matériel civil des équipements d’aviation militaire destinés à la Russie et a utilisé des intermédiaires aux Émirats arabes unis pour livrer des drones à double usage à la Russie.
Ce même rapport affirmait que Pékin préparait une livraison de drones suicides à la Russie en vue de leur utilisation en Ukraine.
De même, un rapport de la chaîne japonaise Kyodo News a indiqué que des munitions chinoises ont été trouvées sur des champs de bataille en Ukraine. Le rapport précisait toutefois qu’il n’y avait pas de preuve que Pékin a fourni ces munitions directement à la Russie.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.