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100 millions de migrants en 2022 : « Un record qui n’aurait jamais dû exister »

janvier 14, 2023 12:07, Last Updated: janvier 14, 2023 17:46
By ONU Info

Cent millions de personnes ont été forcées de quitter leur foyer en 2022. L’ONU a continué d’aider les personnes dans le besoin de multiples façons et de faire pression pour doter les migrants de moyens plus légaux et plus sûrs de chercher refuge hors de leurs pays.

Le chiffre de 100 millions, qui inclut les personnes fuyant les conflits, la violence, les violations des droits de l’homme et les persécutions, a été annoncé par l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en mai et décrit par Filippo Grandi, le chef de l’agence, comme « un record qui n’aurait jamais dû exister».

Ce chiffre est en hausse par rapport aux quelque 90 millions de 2021. Les flambées de violence et les conflits prolongés ont été des facteurs migratoires déterminants dans de nombreuses régions du monde, notamment en Ukraine, en Éthiopie, au Burkina Faso, en Syrie et au Myanmar.

Des milliers de migrants désespérés se sont dirigés principalement vers l’Europe, confiant leur vie à des  trafiquants d’êtres humains et entreprenant des voyages périlleux à travers la Méditerranée, qui, trop souvent, se sont achevés tragiquement.

Un employé de l’OIM distribue des kits d’aide aux communautés nouvellement déplacées à Ma’rib, au Yémen. (photo OIM/Rami Ibrahim)

Détérioration des conditions de vie des migrants au Yémen

Voilà maintenant plus de sept ans qu’un long conflit a commencé au Yémen, entre une coalition pro-gouvernementale dirigée par l’Arabie saoudite et les rebelles houthis, ainsi que leurs alliés, provoquant une catastrophe humanitaire et contraignant plus de 4,3 millions de personnes à quitter leur foyer.

En mai, l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, et la branche aide humanitaire de l’Union européenne (ECHO) ont annoncé qu’elles intensifiaient leurs efforts pour répondre aux besoins de plus de 325 000 personnes déplacées par le conflit, y compris les migrants et les communautés qui les accueillent.

« La situation s’aggrave également pour les migrants au Yémen, en particulier les femmes, qui vivent dans des conditions désastreuses avec peu de contrôle sur leur destins », a déclaré Christa Rottensteiner, chef de la mission de l’OIM dans le pays.

Malgré la situation désastreuse au Yémen, ce pays reste une destination et un point de transit pour les migrants en provenance de la Corne de l’Afrique.

À leur arrivée, les voyageurs sont confrontés à des voyages périlleux, beaucoup se dirigeant vers le nord et les pays du Golfe à la recherche de travail.

Ils sont souvent contraints de traverser les lignes de front locales, au risque de subir de graves violations des droits humains, telles que la détention, des conditions inhumaines, l’exploitation et les transferts forcés.

Une famille vivant dans un campement informel dans la ville de Raqqa, au nord-est de la Syrie. (photo UNICEF/Delil Souleiman)

Peu de chances d’un retour en toute sécurité en Syrie

En Syrie, la guerre bouleverse la vie des populations depuis maintenant 11 ans : près de cinq millions d’enfants nés en Syrie n’ont jamais connu le pays en paix.

Plus de 80 000 Syriens ont trouvé refuge dans l’immense camp de Za’atari, en Jordanie : beaucoup d’entre eux devront peut-être rester hors de leur pays pour longtemps.

« Les perspectives de retour pour le moment ne semblent pas prometteuses », a déclaré Dominik Bartsch, Représentant du HCR à Amman, la capitale jordanienne, en juillet. « Nous ne voyons pas en Syrie un environnement propice aux retours. »

Au total, la Jordanie accueille environ 675 000 réfugiés syriens enregistrés, et la plupart d’entre eux vivent dans ses villes et villages au milieu des communautés locales : seuls 17 pour cent d’entre eux vivent dans les deux principaux camps de réfugiés, Za’atari et Azraq.

Des réfugiés rohingyas font la queue pour obtenir de la nourriture et d’autres fournitures dans un camp de réfugiés au Bangladesh. (photo d’archive UNICEF/Roger LeMoyne)

Les Rohingyas continuent de fuir le Myanmar

Il y a plus de cinq ans, des centaines de milliers de Rohingyas ont fui leur foyer au Myanmar, suite à une campagne de persécution menée par les forces militaires. Près d’un million de personnes vivent aujourd’hui dans le vaste camp de Cox’s Bazar, de l’autre côté de la frontière, au Bangladesh voisin.

En mars, l’ONU a lancé son dernier plan d’intervention, appelant à verser plus de 881 millions de dollars pour les réfugiés et les communautés voisines (plus d’un demi-million de Bangladais), qui dépendent également fortement de l’aide.

Cette année, les Rohingyas ont continué de quitter le Myanmar, beaucoup tentant de traverser la mer d’Andaman, l’une des traversées maritimes les plus meurtrières au monde.

Après la mort en mer d’une douzaine de migrants, dont des enfants, au large des côtes du Myanmar en mai, Indrika Ratwatte, directrice de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés pour l’Asie et le Pacifique, a déclaré que la tragédie démontrait le sentiment de désespoir ressenti par les Rohingyas qui vivent toujours dans le pays.

A Kharkiv, en Ukraine, un homme place sa main sur la fenêtre d’un train pour dire au revoir à sa famille qui est évacuée. (photo UNICEF/Ashley Gilbertson)

« Deux poids, deux mesures » dans le traitement des réfugiés ukrainiens

10 mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a débuté le 24 février et devrait vraisemblablement se poursuivre en 2023, les chiffres de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés confirment qu’en décembre, plus de 7,8 millions de réfugiés ukrainiens avaient été enregistrés en Europe.

Peu après le début du conflit, les agences des Nations Unies se sont mobilisées pour apporter leur soutien. Le HCR a coordonné la réponse aux réfugiés avec d’autres agences des Nations Unies et ses partenaires, à l’appui des autorités nationales.

En Pologne voisine, par exemple, le personnel onusien a aidé les autorités à enregistrer les réfugiés et à leur fournir logements et assistance.

Filippo Grandi a félicité les pays européens pour leur volonté d’accueillir des Ukrainiens, dont la majorité a cherché refuge dans les pays voisins de l’Ukraine, mais a exprimé sa tristesse pour cette nation et ses citoyens.

« Des familles déchirées »

« Des familles ont été déchirées de manière insensée. Tragiquement, à moins que la guerre ne soit arrêtée, beaucoup d’autres subiront le même sort », a-t-il déclaré.

Cependant, beaucoup de membres de communautés minoritaires n’ont pas bénéficié des mêmes élans de générosité. En mars, Filippo Grandi a dénoncé la discrimination, le racisme et la violence auxquels ils étaient confrontés.

A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, Filippo Grandi a déclaré que l’agence des Nations Unies pour les réfugiés avait été témoin « de l’horrible réalité, à savoir que certaines personnes noires et brunes fuyant l’Ukraine – et d’autres guerres et conflits dans le monde – n’ont pas reçu le même traitement que les réfugiés ukrainiens ».

Les inquiétudes de M. Grandi ont été réitérées en juillet par González Morales, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme des migrants. Celui-ci a vu « deux poids, deux mesures » dans la façon dont les réfugiés sont traités en Pologne et au Bélarus, en particulier lorsqu’il s’agit de personnes d’ascendance africaine et d’autres minorités raciales et ethniques.

Des réfugiés érythréens de la région d’Afar, en Éthiopie, reçoivent une aide d’urgence. (photo HCR/Laurence Bron)

« Situation désespérée » dans les camps éthiopiens

En Éthiopie, des millions de personnes restent déplacées en raison du conflit armé dans la région du Tigré, qui a débuté le 3 novembre 2020 entre, d’un côté, les forces nationales éthiopiennes, les troupes érythréennes, les forces amhara et d’autres milices, de l’autre les forces loyales au Front de libération du peuple tigréen.

À la fin de l’année, une trêve fragile négociée par la communauté internationale semblait se maintenir, alors que l’aide parvenait à nouveau aux régions du nord assiégées et inaccessibles depuis des mois, et que de nombreuses familles rentraient chez eux reconstruire leur existence.

En janvier dernier, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, dans une sévère mise en garde, a annoncé que vu la détérioration des conditions, les réfugiés de la région, à court de nourriture, de médicaments et d’eau potable, risquaient la mort si rien n’était fait pour améliorer leur situation.

« La situation désespérée dans ces camps est un exemple frappant de l’impact du manque d’accès et de fournitures sur des millions de personnes déplacées et d’autres civils dans toute la région », a déclaré Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR.

Les réfugiés ont également subi des attaques directes : en février, par exemple, des milliers d’Érythréens ont été contraints de fuir un camp dans la région Afar, après que des hommes armés y ont fait irruption, volant des biens et tuant des habitants.

En août, les agences des Nations Unies ont lancé un appel de fonds urgent pour secourir plus de 750 000 personnes cherchant refuge en Éthiopie. Le Programme alimentaire mondial a averti que, s’il ne recevait pas ce financement, de nombreux réfugiés n’auraient plus rien pour se nourrir.

Sur cette photo d’archives, des réfugiés et migrants africains attendent d’être secourus par un navire au large de la Libye. (photo UNHCR/Hereward Holland)

Des milliers de personnes meurent en tentant d’atteindre l’Europe par bateau

Le nombre de personnes décédées ou disparues en tentant de rejoindre l’Europe par bateau a doublé entre 2022 et 2021, pour atteindre plus de 3000, selon les tristes statistiques publiées par le HCR en avril.

« La plupart des traversées maritimes ont été effectuées dans des embarcations pneumatiques bondées, impropres à la navigation – dont beaucoup ont chaviré ou se sont dégonflées, entraînant des pertes de vies humaines », a déclaré Shabia Mantoo, porte-parole du HCR, lors d’une conférence de presse à Genève.

Cela n’a pas suffi à dissuader de nombreux migrants de s’exposer à des risques considérables en tentant une traversée maritime. En une seule tentative, en mars, au moins 70 migrants ont été déclarés morts ou disparus au large des côtes libyennes, point de départ de nombreuses traversées.

En août, lorsqu’un bateau a sombré au large de l’île grecque de Karpathos, des dizaines de morts ont été dénombrés et, en septembre, plus de 70 corps ont été repêchés à la suite d’un naufrage au large des côtes syriennes.

L’espoir d’un avenir meilleur ?

Au milieu de la tragédie et des difficultés que rencontrent tant de personnes, une lueur d’espoir est apparue en décembre quand le HCR a annoncé que la communauté internationale avaient promis quelque 1,13 milliard de dollars, un montant record, pour apporter un soutien aux personnes déplacées par la guerre, la violence et les violations des droits de l’homme.

Communiqué ONU Info

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